Les actions pour lutter contre la pollution de l'air à Grenoble sont jugées en bonne voie mais pas pas toujours suffisantes.

Pollution de l’air en Rhône-Alpes : une amé­lio­ra­tion qui cache les lacunes de la sur­veillance et de la réglementation

Pollution de l’air en Rhône-Alpes : une amé­lio­ra­tion qui cache les lacunes de la sur­veillance et de la réglementation

EN BREF – La qua­lité de l’air s’a­mé­liore dou­ce­ment en Auvergne Rhône-Alpes et en Isère. Mais les taux de par­ti­cules fines et sur­tout de dioxyde d’a­zote res­tent encore trop hauts, notam­ment à Grenoble, relève Atmo Auvergne Rhône-Alpes, l’as­so­cia­tion char­gée de mesu­rer la qua­lité de l’air dans la région. Qui plus est, une frange de pol­luants reste mal ou pas sur­veillée et pas régle­men­tée. Certains feraient pour­tant de meilleurs indi­ca­teurs de la pol­lu­tion atmosphérique…

Une trentaine de Grenoblois avaient expérimenté l'usage de micro-capteurs dans le cadre de l'opération Mobicit'air. © DR Atmo Auvergne Rhône-Alpes

Une tren­taine de Grenoblois ont expé­ri­menté l’u­sage de micro-cap­teurs dans le cadre de l’o­pé­ra­tion Mobicit’air. © DR Atmo Auvergne Rhône-Alpes

La ten­dance à l’a­mé­lio­ra­tion de la qua­lité de l’air se pour­suit. C’est ce qui res­sort du bilan de l’an­née 2018 réa­lisé par Atmo Auvergne Rhône-Alpes, l’as­so­cia­tion mis­sion­née par les pou­voirs publics pour mesu­rer la qua­lité de l’air dans la région.

Mais si les niveaux des par­ti­cules PM 2,5 et PM 10 – pol­luants essen­tiel­le­ment issus de la com­bus­tion au bois mal maî­tri­sée et du tra­fic rou­tier – sont à la baisse et res­pectent pour la deuxième année consé­cu­tive les valeurs régle­men­taires euro­péennes, ils sont loin d’être inof­fen­sifs pour la santé. Et res­tent ainsi encore bien supé­rieurs aux valeurs pré­co­ni­sées par l’Organisation mon­diale de la santé (OMS).

« Près de la moi­tié de la popu­la­tion régio­nale demeure trop expo­sée aux par­ti­cules PM 2,5 au regard des seuils sani­taires pré­co­ni­sés par l’OMS, soit plus de 3 mil­lions d’habitants », relève ainsi Atmo. Et, dans les grandes agglo­mé­ra­tions comme Grenoble, l’ex­po­si­tion est encore plus marquée.

Le dioxyde d’a­zote dépasse tou­jours les seuils aux abords des axes rou­tiers en Isère

En Isère, ce n’est pas une sur­prise, la pol­lu­tion touche en pre­mier les fonds de val­lée, les cœurs d’ag­glo­mé­ra­tion et les abords des grands axes rou­tiers. Et si la situa­tion s’a­mé­liore depuis une dizaine d’an­nées, Atmo estime que mille per­sonnes sont encore expo­sées à des concen­tra­tions de dioxyde d’a­zote – prin­ci­pa­le­ment émis par le tra­fic rou­tier – supé­rieures aux valeurs réglementaires.

La qualité de l'air s'améliore doucement en Isère. Une tendance qui masque mal les lacunes de la réglementation. De nombreux polluants restent sur le banc.Crédit Patricia Cerinsek

© Patricia Cerinsek

En alti­tude et dans les ter­ri­toires péri­ur­bains et ruraux, ce n’est guère mieux. Là, les popu­la­tions sont expo­sées à un autre pol­luant : l’o­zone. Atmo a cal­culé que plus de 72 % des Isérois étaient ainsi expo­sés à des valeurs de ce pol­luant secon­daire néfastes pour la santé. En cause cette fois ? La hausse des températures.

De nom­breux pol­luants res­tent encore mal sur­veillés et pas réglementés

Voilà pour ce que l’on sait. Car, en matière de pous­sières inha­lées, on est loin d’a­voir fait le tour. Les PM1, par exemple, sont encore très mal sur­veillés. Sans par­ler des Puf, les par­ti­cules ultra-fines, ou du car­bone suie – à la fois pol­luant de l’air et contri­bu­teur au chan­ge­ment cli­ma­tique – qui échappent encore à toute réglementation.

Ce sont là quelques-uns des pol­luants émer­gents pour les­quels il n’existe, relève l’as­so­cia­tion, aucune valeur toxi­co­lo­gique de réfé­rence. Or, ceux-ci pré­sentent des effets sani­taires attes­tés par diverses études épidémiologiques.

90 % des pesticides sont utilisés en agriculture. DR

90 % des pes­ti­cides sont uti­li­sés en agri­cul­ture. DR

Il y a d’au­tant plus urgence à les prendre en compte, relève Atmo, que cer­tains comme les Puf feraient de très bons indi­ca­teurs de la pol­lu­tion ambiante. « Plus per­ti­nents que les PM 10 », note l’as­so­cia­tion qui, depuis 2011, a pris les devants et mesure les concen­tra­tions de par­ti­cules ultra-fines à Lyon et Grenoble.

Ces pous­sières micro­sco­piques ne sont pas les seules à échap­per à la règle­men­ta­tion. En 2018, l’Agence natio­nale de sécu­rité sani­taire (Anses) recom­man­dait de sur­veiller treize autres pol­luants atmo­sphé­riques, en rai­son des enjeux sani­taires qu’ils représentent.

En 2017, l’Anses poin­tait notam­ment la néces­sité de sur­veiller les pes­ti­cides. Ce alors qu’un rap­port de l’Observatoire des rési­dus de pes­ti­cides avait recom­mandé dès 2010 de mettre en place une sur­veillance natio­nale de la conta­mi­na­tion de l’air par les pes­ti­cides, afin d’a­mé­lio­rer la connais­sance de l’ex­po­si­tion des populations.

On devrait bien­tôt en savoir plus. En juin 2018, Atmo France et l’Anses ont en effet lancé une cam­pagne natio­nale explo­ra­toire sur la pré­sence des pes­ti­cides dans l’air ambiant. Quatre-vingt sub­stances sont mesu­rées pen­dant un an sur cin­quante points du ter­ri­toire, dont quatre en Auvergne Rhône-Alpes, tou­chant à la viti­cul­ture, les cultures de céréales, l’arboriculture et l’élevage.

Patricia Cerinsek

Patricia Cerinsek

Auteur

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

A lire aussi sur Place Gre'net

Le PCF André Chassaigne et le RN Jordan Bardella s'invitent à la Foire de printemps de Beaucroissant 2024
Beaucroissant : Marc Fesneau, le PCF André Chassaigne et le RN Jordan Bardella s’in­vitent à la Foire de prin­temps 2024

FLASH INFO - La Foire de printemps de Beaucroissant est de retour pour sa 53e édition, les samedi 20 et dimanche 21 avril 2024. Version Lire plus

M’Hamed Benharouga, Nathalie Levrat, Michel Vendra et Antoine Aufragne (Just). © Florent Mathieu - Place Gre'net
La Ville de Sassenage s’al­lie à Just pour mettre en place une mutuelle communale

FOCUS - La Ville de Sassenage a signé une convention avec la mutuelle Just pour la mise en place d'une mutuelle communale, afin de permettre Lire plus

Grenoble en sixième position des villes "où il fait bon vivre avec son chien", selon 30 millions d'amis
Grenoble, sixième ville « où il fait bon vivre avec son chien », selon 30 mil­lions d’amis

FLASH INFO - La Ville de Grenoble arrive 6e parmi les villes de plus de 100 000 habitants "où il fait bon vivre avec son chien". Créé Lire plus

La Métropole alerte sur les risques du protoxyde d'azote, de plus en plus populaire chez les jeunes
La Métropole alerte sur les risques du pro­toxyde d’a­zote, de plus en plus popu­laire chez les jeunes

FLASH INFO - Christophe Ferrari, président de la Métropole de Grenoble, et Pierre Bejjaji, conseiller métropolitain délégué à la Prévention spécialisée, se sont rendus au Lire plus

Le Smmag inaugure le lancement du service M Vélo + sur le Pays Voironnais avec une première agence à Voiron
Le Smmag lance le ser­vice M Vélo + sur le Pays voi­ron­nais avec une pre­mière agence à Voiron

FLASH INFO - Une cérémonie en grandes pompes a été organisée à Voiron pour inaugurer le déploiement du service M Vélo + sur le Pays Lire plus

La biblio­thèque Saint-Bruno fer­mée jus­qu’en novembre 2024 pour des tra­vaux de « réno­va­tion complète »

FLASH INFO - La Ville de Grenoble annonce des travaux pour la rénovation complète de la bibliothèque Saint-Bruno, dans le cadre de son programme Bienvenue Lire plus

Flash Info

Les plus lus

Agenda

Je partage !