L’association Vivre à Grenoble accuse la Ville de vou­loir faire taire toute « oppo­si­tion citoyenne »

L’association Vivre à Grenoble accuse la Ville de vou­loir faire taire toute « oppo­si­tion citoyenne »

EN BREF – L’association Vivre à Grenoble crie son ras-le-bol face à ce qu’elle consi­dère comme des pres­sions, voire des inti­mi­da­tions juri­diques et finan­cières, de la Ville de Grenoble à son encontre ou à l’en­contre des citoyens qu’elle accom­pagne. Prônant « une véri­table démo­cra­tie urbaine pour une ville à taille humaine », elle adresse au maire de Grenoble une lettre ouverte.

« Ça com­mence à bien faire ! » Le conseil d’administration de l’as­so­cia­tion Vivre à Grenoble pousse un coup de gueule contre la muni­ci­pa­lité gre­no­bloise, en même temps qu’il adresse très offi­ciel­le­ment une lettre ouverte au maire Éric Piolle. Motif de sa colère ? Des « méthodes inac­cep­tables » de la Ville « pour faire taire l’as­so­cia­tion », dénonce Vivre à Grenoble, et pour dis­sua­der les citoyens de for­mu­ler des recours contre les pro­jets urbains municipaux.

De gauche à droite : Jean-Marc Cantele, Louis Cipri, Michel Doucet et Bruno de Lescure, membres de Vivre à Grenoble. © Florent Mathieu - Place Gre'net

De gauche à droite : Jean-Marc Cantele, Louis Cipri, Michel Doucet et Bruno de Lescure, membres de Vivre à Grenoble. © Florent Mathieu – Place Gre’net

C’est un cour­rier du Centre des finances publiques qui a fait débor­der le vase, explique Bruno de Lescure, pré­sident de l’as­so­cia­tion. Contrainte de s’ac­quit­ter de frais de jus­tice, suite à un recours perdu contre le pro­jet Araymond, l’as­so­cia­tion a demandé un éche­lon­ne­ment des paie­ments. Réponse de la Ville : une assi­gna­tion pour faire pré­le­ver sur son compte… les 167 euros res­tants dus.

« Faire taire les oppo­si­tions citoyennes »

L’assignation agace d’au­tant plus Bruno de Lescure que « l’ac­tion judi­ciaire n’est pas tota­le­ment éteinte », une pro­cé­dure devant le Conseil d’État ayant été enga­gée. Procédure qui, léga­le­ment, n’empêche pas la Ville de récla­mer les frais de jus­tice. « Le Droit le per­met, on ne peut pas le contes­ter, mais il y a la pra­tique », estime Éric le Gulludec, avo­cat de l’as­so­cia­tion dans le cadre d’une autre pro­cé­dure, celle du ter­rain Galtier.

Grenoble Habitat réclame 2,3 millions d'euros aux riverains déposants d'un recours contre le projet de construction sur le terrain Galtier © Florent Mathieu - Place Gre'net

Grenoble Habitat réclame 2,3 mil­lions d’eu­ros aux rive­rains ayant déposé un recours contre le pro­jet de construc­tion sur le ter­rain Galtier. © Florent Mathieu – Place Gre’net

Cette « pra­tique » du Droit « s’ins­crit dans une démarche de faire taire les oppo­si­tions citoyennes, d’es­sayer de dis­sua­der les gens », estime l’a­vo­cat. Dans le cadre du recours contre le pro­jet du ter­rain Galtier, ce ne sont pas quelques cen­taines, mais quelques mil­lions d’eu­ros que Grenoble Habitat* réclame aux rive­rains plai­gnants, accom­pa­gnés par l’as­so­cia­tion. Au motif d’un « pré­ju­dice moral » ou de la perte pos­sible d’une sub­ven­tion en cas de retard sur les travaux.

La Ville est moins prompte à appli­quer les déci­sions de jus­tice qui lui sont défa­vo­rables, juge encore l’as­so­cia­tion. La cour admi­nis­tra­tive d’ap­pel a ainsi annulé le per­mis de construire d’un pro­jet de construc­tion rue Raspail. Problème : le bâti­ment a été construit entre­temps et une modi­fi­ca­tion de sa façade, le point liti­gieux sou­li­gné, est bien impro­bable. De plus, la muni­ci­pa­lité a attendu deux ans pour s’ac­quit­ter des 2 000 euros de fais de jus­tice… qu’elle devait à Vivre à Grenoble.

Une équipe muni­ci­pale autre­fois proche de Vivre à Grenoble

Dans leur cour­rier comme face à la presse, les membres de l’as­so­cia­tion s’a­musent sur­tout du chan­ge­ment de ton de l’é­quipe muni­ci­pale en place, bien dif­fé­rent lorsque celle-ci était dans l’op­po­si­tion. Des élus actuels de la Ville de Grenoble tels Christine Garnier, Hakim Sabri et même l’ad­joint à la Démocratie locale Pascal Clouaire auraient été adhé­rents. De même que Vincent Comparat, pré­sident de l’Ades**, mou­ve­ment éco­lo­giste qui sou­tient la municipalité.

Vivre à Grenoble s'est également engagée sur le projet de la ZAC de Flaubert © Séverine Cattiaux - Place Gre'net

Vivre à Grenoble s’est éga­le­ment enga­gée sur le pro­jet de la Zac de Flaubert. © Séverine Cattiaux – Place Gre’net

Une simple recherche par mot-clé sur le site de l’Ades per­met en effet de consta­ter que le mou­ve­ment ne man­quait pas de relayer l’ac­tua­lité de Vivre à Grenoble.

« La poli­tique de la majo­rité a changé en 2015. Nous, nous avons conti­nué à agir en fonc­tion de la phi­lo­so­phie qui est la nôtre, et qui fut la leur », assène Bruno de Lescure.

Quelle phi­lo­so­phie ? « Une véri­table démo­cra­tie urbaine pour une ville à taille humaine », prône la lettre ouverte. « Nous sommes pour que l’on implique les gens dans la construc­tion de leur ville, le plus en amont pos­sible des per­mis de construire », com­plète Louis Cipri, membre de l’association.

« La muni­ci­pa­lité a décidé d’u­ti­li­ser vrai­ment le Droit pour asphyxier l’as­so­cia­tion et faire peur à tous les requé­rants : sous Destot, on n’a­vait jamais osé faire comme cela ! », pour­suit Bruno de Lescure. Et de conclure : « C’est un peu fort de café de la part de gens qui ont fait des recours pen­dant vingt ans, et qui ont été taxés de malades du recours par la majo­rité socia­liste de l’é­poque ! » Sollicitée par Place Gre’net, la Ville n’a pas réagi au cour­rier de l’association.

Florent Mathieu

* La Ville de Grenoble est action­naire à 51 % de la Société d’é­co­no­mie mixte (Sem) Grenoble Habitat, et compte six admi­nis­tra­teurs au sein de son conseil d’ad­mi­nis­tra­tion. Sa pré­si­dente, Maryvonne Boileau, est éga­le­ment conseillère muni­ci­pale de Grenoble.

** Association démo­cra­tie éco­lo­gie solidarité.

Florent Mathieu

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