EN BREF – Demain, une seule et unique autorité organisatrice des mobilités présidera aux transports en commun dans la grande région grenobloise. La Région, le Grésivaudan, le Voironnais et le syndicat mixte des transports en commun de l’agglomération grenobloise viennent ainsi de signer une charte qui en pose les jalons. Mais avec encore beaucoup d’interrogations.
Il n’est pas encore là mais commence à prendre forme… Le Grésivaudan, le Pays voironnais puis le syndicat mixte des transports en commun de l’agglomération grenobloise (SMTC) viennent tour à tour d’adopter la charte présidant au futur réseau unique de transports en commun de la grande région grenobloise.
Ce réseau, qui se substituera aux différentes autorités organisatrices de transports sur le territoire, a pour objectif de « gagner en efficacité et lisibilité » et d”« enrichir l’offre de services ».
Début avril, ce sera au tour de la Métropole de Grenoble de valider le document. Mais tous ne l’ont pas voté sans réticence. Au Pays voironnais mardi 26 mars, les “pour” (29) l’ont d’une courte tête emporté sur les abstentions (28). Et les interrogations, comme les inquiétudes, sont légion.
Une charte qui ne fait pas l’unanimité
Au Grésivaudan – où les élus avaient déjà voté pour une autorité organisatrice des mobilités unique en janvier 2018 – la délibération a tout autant fait débat sur les bancs de la droite. La charte a finalement été votée par 37 voix pour, 16 contre et 14 abstentions. Au SMTC, jeudi, le représentant du Département de l’Isère Jean-Claude Peyrin (Les Républicains) a, de même, quelque peu freiné les ardeurs.
Ce n’est pas tant le fond qui gêne aux entournures que la forme. Soit l’adoption en vitesse accélérée – avant le 1er avril – de la charte. Objectif : lancer à toute berzingue ce projet de réseau unifié, dans les cartons depuis des années.
Le nouveau syndicat unique sur les rails en 2019 ?
Car pour le vice-président du Département de l’Isère, il y a encore beaucoup à faire. Réaliser un inventaire du réseau existant, essentiellement maillé par les offres du SMTC (Grenoble), TouGo (Grésivaudan), du Pays voironnais et de TransIsère (Département). Définir l’offre de service, en améliorer la lisibilité et en simplifier l’accès. Se pencher sur le ferroviaire aussi.
« D’ailleurs, quel projet met-on dans le ferroviaire ? s’est interrogé Jean-Claude Peyrin. On ne sait pas encore… » Il reste à étudier les modalités de financement de ce syndicat en arbitrant entre les recettes fiscales, la contribution des entreprises au travers du versement transport, la tarification… Et ce à l’aulne de la dette du SMTC, carabinée : 626 millions d’euros pour 138 millions d’euros de recettes.
Une fois ces bases posées, il s’agira de définir les modalités juridiques de ce mariage hétéroclite quand certains partenaires, comme le Trièves, n’ont pas la compétence transports. Quand d’autres, et notamment en zones rurales, ne sont pas encore connus. Tout juste sait-on que ce syndicat, soutenu par la Région Auvergne Rhône-Alpes, sera ouvert à tous les établissements publics de coopération intercommunale (EPCI).
Puis, il faudra arrêter la gouvernance de ce futur grand syndicat, actuellement présidé par l’ex-écologiste devenu hamoniste Yann Mongaburu. Adopter de nouveaux statuts, transférer des lignes de transport et des marchés publics, mutualiser du personnel, la billettique aussi… « La validation de l’ensemble de ces étapes n’est pas réaliste à l’échelle d’une année, a pointé Jean-Claude Peyrin pour justifier son amendement réclamant la suppression de l’engagement calendaire.
« Nous ne sommes pas prêts »
« Vouloir précipiter les étapes et se contenter du cercle restreint des autorités organisatrices de mobilité existantes nous conduirait à l’échec. Nous ne sommes pas prêts. Autant les intentions, nous les partageons, autant créer ces échéances temporelles n’est pas souhaitable. On va construire une coquille vide ! »
Ce n’est pas l’avis de la majorité du conseil syndical du SMTC, qui a rejeté l’amendement et voté la charte (à 13 pour, 2 contre). « La charte n’est pas le projet, ce n’est qu’un engagement », a rappelé Yann Mongaburu. « L’enjeu est d’apporter de nouveaux services à des publics qui aujourd’hui dépendent de la voiture individuelle parce qu’il n’y a pas d’offre de services pour leur permettre de faire autrement. »
Patricia Cerinsek