FOCUS – Document de référence qui va déterminer l’aménagement du territoire pour les prochaines décennies, le Plan local d’urbanisme intercommunal devrait être adopté fin 2019 par les conseillers métropolitains. D’ici là, il doit encore passer l’épreuve de l’enquête publique. Dans l’espoir de bien faire comprendre ses intentions et de convaincre, la Métropole a concocté une exposition pédagogique et ludique. Propriétaires et promoteurs devraient, quant à eux, trouver fort instructif le nouvel outil de cartographie sur la réglementation du PLUI.
Du 1er avril au 24 mai prochains, les habitants des 49 communes de Grenoble-Alpes Métropole vont pouvoir apporter leurs remarques, observations et critiques sur le Plan local d’urbanisme intercommunal (PLUI) de la Métropole de Grenoble. Reste à s’y plonger, et au plus vite…
Au fait, le PLUI, qu’est-ce que c’est ? Un document de planification de l’urbanisme aux implications nombreuses, tant du point de vue du logement que de la pollution de l’air, des déplacements, du commerce, de l’agriculture… Ce qui explique la taille monstrueuse de ce document, qui se déploie sur 5 mètres de long de feuilles A4, auxquelles il faut adjoindre plusieurs centaines d’immenses cartes.
La consultation de toutes les pièces du PLUI est, bien entendu, possible sur le site de la Métropole. Durant l’enquête publique, la version papier du document sera également consultable dans cinquante-deux sites. Vingt-six lieux d’enquête dits « principaux » disposeront de l’intégralité de la version. L’autre moitié des sites dits « complémentaires » aura droit à une version papier allégée. Sinon, pour ceux qui cherchent une formule encore plus digeste du PLUI, ou à se familiariser avec cette masse d’informations, il y a l’exposition « PLUI. Le défi : prenons les cartes en main ! »
Textes concis, chiffres percutants et jeu de piste
Il ne faut toutefois pas traîner pour se rendre à cette exposition sur le plan local d’urbanisme : elle sera seulement visible jusqu’au 5 avril à la Plateforme, place Verdun à Grenoble. Une version mobile se déplace, quant à elle, un peu plus longtemps jusqu’au 27 avril, dans les territoires.
Concoctée par la Métropole de Grenoble, l’agence Oxalis et l’escape game Challenge Room, l’exposition installée dans l’une des pièces de l’ancien musée-bibliothèque se veut pédagogique et ludique, pimentée en l’occurrence par un jeu d’énigmes. En quatre espaces « habiter », « rebondir », « cultiver », et « tisser », le visiteur s’approprie au travers de textes synthétiques et de chiffres percutants les principaux enjeux du PLUI.
Chacun est invité, s’il le souhaite, à répondre à quelques questions pour déterminer son profil d’urbaniste : bâtisseur, géographe, sociologue, archéologue ou investisseur. Pour compléter la visite, des tables rondes, des ateliers et autres animations sont organisées.
Un nouvel outil cartographique, du pain béni pour les promoteurs
La Métropole annonce également la mise en ligne d’un outil de cartographie, accessible à tous sur Internet, pour visualiser l’ensemble de la nouvelle réglementation du PLUI, appliquée sur chaque parcelle des 49 communes.
« On nous a fait le reproche qu’on ne comprenait rien au PLUI », relate Yannick Ollivier, vice-président à la Métropole délégué à l’aménagement du territoire, chagriné par ce reproche. « On a fait en sorte que chacun puisse découvrir les caractéristiques de son terrain sur une carte », lance-t-il, estimant tenir sa revanche.
Sauf que non. Aussi performant que soit le site de cartographie, il ne délivre pas de vision d’ensemble du territoire, car telle n’est pas, on l’aura compris, sa vocation.
Le site devrait en effet surtout susciter l’intérêt des propriétaires de foncier et des promoteurs. Les informations délivrées n’ont toutefois pas de valeur juridique, tient à préciser Yannick Ollivier.
Séverine Cattiaux
« ON AURA DES RECOURS »
Le premier Plan local d’urbanisme intercommunal de la Métropole de Grenoble entrera en vigueur fin 2019. L’affaire est quasi dans le sac, les deux tiers des conseillers ayant déjà approuvé le document. Il ne faut toutefois pas crier victoire trop vite.
Les habitants et les associations vont à leur tour se prononcer sur le PLUI dans le cadre de l’enquête publique, moment fort du processus de décision.
À l’issue de l’enquête, et suivant les remarques et contre-propositions recueillies, la commission d’enquête émettra un avis favorable ou défavorable, souvent assorti de réserves et de recommandations.
Ensuite le plan local d’urbanisme sera modifié en conséquence, et selon le bon vouloir de la collectivité. Une fois voté, il pourra toujours être attaqué. Et il le sera sans doute, par la nature même du document, indique Bruno Magnier, directeur de l’urbanisme et de l’aménagement de la Métropole de Grenoble : « Le PLUI est un document qui fait grief. Ce PLUI rend par exemple des terrains à l’agriculture. Ce qui ne fait pas plaisir à tout le monde. Il se peut qu’on ait donc des recours ».