FIL INFO – L’annonce de la venue d’Alain Soral à Grenoble, le 23 mars 2019, pour une conférence dans un lieu tenu secret, fait réagir. Le président de la Licra Dauphiné n’a pas manqué de dire tout le mal qu’il pensait du rendez-vous, rapidement suivi par Isère Antifascisme et des élus locaux de tous bords.
« Le néonazi Soral n’est absolument pas le bienvenu à Grenoble ! », clame Vigilances Isère Antifascisme, visiblement peu sensible au risque de poursuite pour diffamation. L’annonce de la venue d’Alain Soral dans la capitale des Alpes pour une conférence, le samedi 23 mars 2019, a déclenché les foudres du « réseau de lutte contre le fascisme » grenoblois.
Ce dernier ne manque d’ailleurs pas de rappeler les nombreuses déclarations polémique du personnage. Comme de son mouvement, et de son site Internet, baptisé Égalité & Réconciliation (E&R).
C’est précisément E&R qui a annoncé la tenue à Grenoble d’une conférence de son fondateur, accompagné pour l’occasion de Youssef Hindi. Objet de la conférence ? « Brexit, Trump, Gilets jaunes : la révolte des nations ? », annonce l’affiche.
Un rendez-vous programmé à 14 heures dans un lieu pour le moment tenu secret, avec un tarif d’entrée à 10 euros. La réservation est obligatoire, avec nom, prénom, téléphone… et contrôle d’identité à l’entrée.
Les antifas grenoblois préviennent : « Nous mettons en garde les propriétaires de salles de l’agglomération. » Pour eux, aucun doute : une personne a « très probablement » été abusée en louant sa salle à une association « servant de paravent à ce groupe néonazi », réitèrent-t-ils.
Sans oublier de moquer au passage un mouvement « courageux mais pas téméraire », qui préfère garder secret son lieu de réunion jusqu’au dernier moment. Rien de surprenant du reste, si l’on se souvient par exemple des heurts violents devant l’office de tourisme de Grenoble, où la fédération FN de l’Isère recevait Louis Aliot en soutien à la campagne de Marie de Kervéréguin, le 20 mai 2017.
La Licra dénonce la venue du polémiste
Vigilances Isère Antifascisme n’est pas seul à réagir à la venue du polémiste. « Alain Soral n’est pas le bienvenu sur Grenoble et il doit le savoir ! », déclarait ainsi le 12 mars au Dauphiné Libéré Mohamed Djerbi, le président de la Ligue contre le racisme et l’antisémitisme (Licra) Dauphiné. Celui qui est également l’avocat de la Licra nationale dénonçait alors les « pensées et théories racistes et conspirationnistes », développées par Alain Soral « sous couvert de débats de société ».
Autant dire que la déclaration n’a pas plu aux rédacteurs d’Égalité & réconciliation. « Le jeune franco-tunisien a décidé d’en faire des tonnes pour se faire bien voir par ses maîtres de la Licra, cette association “internationale” de répression de la liberté d’expression subventionnée par l’État français », écrivent-ils en déroulant le champ lexical habituel du mouvement. À noter le mot « international » souligné entre guillemets, synonyme chez les “soraliens” de « juif ».
Unanimité dans les premières réactions politiques
Sans surprise, la parution de l’article du Dauphiné Libéré a fait réagir d’autres figures politiques locales. Sur les réseaux sociaux, Matthieu Chamussy appelle ainsi le maire Éric Piolle à « interdire cette manifestation ». « Alain Soral est d’abord et avant tout un propagandiste de haine, plusieurs fois condamné. […] Sa venue à Grenoble pour une conférence est à elle seule un trouble à l’ordre public », estime ainsi l’élu d’opposition.
Même tonalité du côté de la majorité. « Grenoble est une ville d’accueil, de solidarité et de partage. Le fasciste Soral n’a rien à y faire et n’y est pas le bienvenu », estime sur Twitter le conseiller municipal Alan Confesson. Une opinion que partage, une fois n’est pas coutume, la députée En marche de l’Isère Émilie Chalas, pour qui « la venue à Grenoble d’un homme condamné pour négationnisme et incitation à la haine n’est pas une bonne nouvelle ».
FM