Exposition Albert Roche au Musée des Troupes de montagne © Charles Thiebaud - placegrenet.fr

« Un héros oublié » : une expo­si­tion sur Albert Roche au Musée des troupes de montagne

« Un héros oublié » : une expo­si­tion sur Albert Roche au Musée des troupes de montagne

FOCUS – Le Musée des troupes de mon­tagne au fort de la Bastille consacre une expo­si­tion à « Albert Roche, un héros oublié » jusqu’au 30 avril 2019. L’exposition retrace les exploits de ce poilu de la pre­mière guerre mon­diale, tombé dans l’ou­bli bien que dési­gné « pre­mier sol­dat de France » par le géné­ra­lis­sime Foch.

Exposition Albert Roche au Musée des Troupes de Montagne © Charles Thiebaud - placegrenet.fr

Exposition sur Albert Roche au Musée des troupes de mon­tagne. © Charles Thiebaud – pla​ce​gre​net​.fr

Une année après le cen­te­naire de la pre­mière guerre mon­diale, le Musée des troupes de mon­tagne de Grenoble honore un poilu, à tra­vers une expo­si­tion qui dure jus­qu’au 30 avril 2019 : « Albert Roche : un héros oublié ».

« Mais qui est exac­te­ment Albert Roche pour que nous lui consa­crions une expo­si­tion ? », a fait mine d’in­ter­ro­ger le géné­ral Pierre-Joseph Givre, com­man­dant de la 27e bri­gade d’in­fan­te­rie de mon­tagne, lors de l’i­nau­gu­ra­tion, le 22 février der­nier. « C’est un chas­seur du 27e Bataillon de chas­seurs alpins, issu de nos rangs. Nous avons à faire à un véri­table héros, un homme exem­plaire dont les hauts-faits méritent d’être por­tés à la connais­sance du plus grand nombre. »

Humble, tou­jours volon­taire, courageux

« Son his­toire est por­teuse de sens et d’es­poir pour cha­cun », a sou­li­gné le géné­ral. Car « rien au départ ne prédestin[ait] Albert Roche à deve­nir un héros. » Ses pre­mières expé­riences dans l’ar­mée en 1914 sont déce­vantes. Initialement rejeté par le conseil de révi­sion, jugé « trop ché­tif », il tente sa chance au 30Bataillon de chas­seurs et échoue.

Général Givre lors de l'inauguration © Charles Thiebaud - placegrenet.fr

Général Givre lors de l’i­nau­gu­ra­tion © Charles Thiebaud – pla​ce​gre​net​.fr

C’est fina­le­ment au 27e Bataillon de chas­seurs alpins (BCA) qu’il réus­sit à faire ses preuves. « Il y sauve son capi­taine blessé en le rame­nant dans les lignes amies. Il se retrouve six heures sous le feu ennemi à tirer son capi­taine. Il s’en­dort, épuisé, dans un trou de guet­teurs, où il est réveillé par une patrouille qui le prend pour un déser­teur. Alors qu’il doit être fusillé sous vingt-quatre heures, son capi­taine sort mira­cu­leu­se­ment du coma et vient le dis­cul­per », relate Pierre-Joseph Givre. Un exploit parmi bien d’autres.

Blessé neuf fois, Albert Roche a fait, à lui seul, 1 180 pri­son­niers alle­mands pen­dant la pre­mière guerre mon­diale. Il est le sol­dat le plus décoré de France, offi­cier de la Légion d’hon­neur. « Humble, tou­jours volon­taire, cou­ra­geux », ainsi le décrit le géné­ral Givre.

C’était aussi un homme « frêle, sup­por­tant dif­fi­ci­le­ment l’autorité et la dis­ci­pline. Finalement comme pas mal de jeunes aujourd’hui, rien de nou­veau… Lui, il n’a pas fait Saint-Cyr, ni Polytechnique ou l’Ena. C’est un pay­san. Et pour­tant, les cir­cons­tances de la guerre ont révélé un homme excep­tion­nel, admi­rable. »

Malgré le grand nombre de pri­son­niers qu’il a faits, « il n’a jamais haï l’Allemand. Il a fait la guerre, il a fait son devoir et il l’a fait avec modes­tie et cou­rage », tient à pré­ci­ser la com­man­dant Aude Piernas, conser­va­trice du musée, qui a éga­le­ment loué les exploits et qua­li­tés du « pre­mier sol­dat de France ».

« Il ne faut jamais se fier aux apparences »

« La guerre est inhu­maine par nature, mais elle a aussi per­mis de révé­ler des qua­li­tés humaines extra­or­di­naires chez un homme que rien, en vertu des normes de l’époque, ne pré­des­ti­nait à un tel des­tin », sou­ligne Pierre-Joseph Givre. « Si nous devions fina­le­ment ne rete­nir qu’une chose de cet homme au des­tin hors norme, c’est qu’il ne faut jamais se fier aux appa­rences ni aux préjugés. » 

Diplômes d'Albert Roche © Charles Thiebaud - placegrenet.fr

Décorations d’Albert Roche. © Charles Thiebaud – pla​ce​gre​net​.fr

Et de pour­suivre : « En tout homme, il y a des qua­li­tés par­fois enfouies que seules les cir­cons­tances per­mettent de révé­ler. Et nous, mili­taires, pour ce qui concerne nos jeunes sol­dats – et ce que je dis là est éga­le­ment valable pour les autres ins­ti­tu­tions civiles en charge de la jeu­nesse – nous avons le devoir de faire émer­ger ces qua­li­tés qui sont en tout homme, toute femme. »

« Une expo­si­tion char­gée d’émotions »

Pour la com­man­dant Aude Piernas, il s’a­git d”« une expo­si­tion extra­or­di­naire, sur­tout très rétros­pec­tive et char­gée d’émotions ». Son atout majeur : le prêt excep­tion­nel des objets per­son­nels d’Albert Roche, grâce aux inter­ven­tions du 27e BCA et de Mme Soupre, maire de Réauville, ville natale d’Albert Roche. Parmi les objets émou­vants, un porte-cigare trans­percé par un pro­jec­tile, qui aurait sauvé la vie du héros.

Porte Cigare d'Albert Roche © Charles Thiebaud - placegrenet.fr

Porte cigare d’Albert Roche © Charles Thiebaud – pla​ce​gre​net​.fr

« L’ensemble de ces objets d’Albert Roche ont été res­ca­pés du bom­bar­de­ment qui a eu lieu sur l’appartement des Roche pen­dant la seconde guerre mon­diale », signale Aude Piernas. Contrairement à d’autres objets, comme le porte-ciga­rettes en argent offert par Clémenceau qui n’a pas sur­vécu au bombardement.

Fauché par une voi­ture en 1939

Ce sont avant tout les dif­fé­rents objets qui font la richesse de l’ex­po­si­tion : recons­ti­tu­tion de la tenue que por­tait Albert Roche, sa bous­sole per­son­nelle, les diplômes de la Légion d’hon­neur, des pho­tos du fond de la famille Roche et… un cer­ti­fi­cat médical.

Certificat Médical d'Albert Roche © Charles Thiebaud - placegrenet.fr

Certificat médi­cal d’Albert Roche. © Charles Thiebaud – pla​ce​gre​net​.fr

Ce cer­ti­fi­cat atteste de la “triste fin” réser­vée au héros, « fau­ché par une voi­ture » en avril 1939. Le len­de­main de sa mort, « tous les jour­naux en parlent ». Mais dans les faits, il n’y a pas eu de deuil national.

Pourquoi ? Une petite-fille d’Albert Roche aurait rap­porté une anec­dote au colo­nel Louis-Marie Vallançon, chef de corps du 27e Bataillon des chas­seurs alpins, lors d’une céré­mo­nie fin 2018. Il est pos­sible qu’un membre de la famille pré­si­den­tielle de l’é­poque ait conduit la voi­ture, ce qui expli­que­rait l’ab­sence de deuil national.

Quoi qu’il en soit, à tra­vers l’ex­po­si­tion au Musée des troupes de mon­tage, hom­mage est rendu au pre­mier sol­dat de France.

Charles Thiebaud

CT

Auteur

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

A lire aussi sur Place Gre'net

Une réouverture de La Source sous le signe du renouveau ! Après 9 mois de fermeture, le centre culturel de Fontaine réouvre les portes de sa grande salle avec un concert entièrement féminin, jeudi 21 mars 2024. ©Anouk Dimitriou
Fontaine : La Source fait son grand retour jeudi 21 mars, après neuf mois de fermeture

EN BREF - La réouverture de La Source se fait sous le signe du renouveau. Après les neuf mois de fermeture ayant suivi l'incendie de Lire plus

Cyclistes sur l'avenue Agutte Sembat à Grenoble, chronovélo 1, mars 2024 © Séverine Cattiaux - Place Gre'net
Aménagements cyclables à Grenoble : peut-on rou­ler en toute sécu­rité dans la capi­tale du vélo ?

span DÉCRYPTAGE - Alors que le congrès annuel de Fédération française des usagers de la bicyclette (Fub) se tient les 21 et 22 mars 2024 Lire plus

Un festival de films ibériques et latino-américains à Grenoble ? C’est bien le festival Ojoloco qui revient pour sa 12e édition.
Le fes­ti­val Ojoloco met à l’hon­neur le cinéma ibé­rique et latino-amé­ri­cain dans l’ag­glo­mé­ra­tion grenobloise

ÉVÉNEMENT - Un festival de films ibériques et latino-américains Ojoloco revient à Grenoble pour sa 12e édition, du mardi 19 au dimanche 31 mars 2024. Lire plus

Fontaine : la Protection civile de l’Isère fête ses « 60 ans à secou­rir, aider et former »

FOCUS - La Protection civile de l'Isère fêtait, samedi 16 mars 2024, dans ses locaux de Fontaine, ses 60 ans. Six décennies passées à "secourir, Lire plus

Crée en septembre 2023, l’association martinéroise Une Montagne de Jeux veut rendre le monde du jeu de société accessible au plus grand nombre. ©une montagne de jeux
Saint-Martin d’Hères : l’as­so­cia­tion Une Montagne de jeux invite Johannes Goupy à pré­sen­ter son jeu Faraway, lau­réat de l’As d’or 2024

ÉVÈNEMENT - L’association Une Montagne de jeux organise une soirée jeux mardi 19 mars 2024 à 19 h 40 dans la salle mutualisée République à Saint-Martin d’Hères. L’invité Lire plus

Mouvement de grève et de manifestation dans la fonction publique mardi 19 mars face à "l'urgence salariale"
Mouvement de grève et de mani­fes­ta­tion dans la fonc­tion publique mardi 19 mars face à « l’ur­gence salariale »

FLASH INFO - Les syndicats isérois de la fonction publique appellent à la grève et à la manifestation mardi 19 mars 2024, en lien avec Lire plus

Flash Info

Les plus lus

Agenda

Je partage !