FIL INFO – La société des lectrices et lecteurs du journal L’Humanité invite à une journée de mobilisation en faveur du quotidien, ce dimanche 10 mars 2019 à Saint-Martin-d’Hères. Placé en situation de redressement avec un sursis de six mois, le journal fondé en 1904 par Jean Jaurès est en effet en grande difficulté financière.
La société des lectrices et lecteurs du journal L’Humanité invite à une journée de mobilisation pour soutenir le quotidien, dimanche 10 mars à Saint-Martin-d’Hères à partir de 9 h 30, salle Ambroise Croisat, 3 place du 8 février 1962. Au programme, des rencontres, des débats et un repas « de solidarité citoyenne en faveur du journal l’Humanité, menacé de disparition ».
Le quotidien de gauche se trouve effectivement dans une situation difficile. « Pour l’instant, il n’y a pas eu de licenciement, mais on est soucieux », confie Alain Boussard, président de la société des lectrices et lecteurs du journal L’Humanité.
« Un jugement d’une chambre de tribunal de commerce de Paris a placé le journal en situation de redressement avec un sursis de six mois. Ce sursis va demander une grande mobilisation », précise-t-il.
Le militant est pourtant loin de baisser les bras. « On a six mois pour démontrer qu’on a les ressources. » Il s’agit de se « retrousser les manches ». « L’Humanité a déjà été en difficulté et a su les dépasser. On n’est pas sur un enterrement du journal L’Humanité. Je dirais même, paradoxalement, que c’est un booster ! »
« Un journal antidote face au néolibéralisme »
Le président de la société fait allusion aux origines du journal. « Jean Jaurès avait, en avril 1904, créé ce journal pour être le relais des grands problèmes de société, des problèmes des ouvriers certes, mais pas seulement. Bien au-delà, de la société au sens large du terme. Et là, déjà, à l’époque, financièrement, les choses n’étaient pas faciles. Et même très, très difficiles. »
Pour que le journal puisse prendre son essor, rappelle ainsi Alain Boussard, il a fallu que des personnalités d’horizons diverses apportent leur soutien. « Bertha van Suttner, par exemple, seule femme prix Nobel de la paix de l’époque, avait apporté sa contribution financière. C’est grâce à cette contribution des uns et des autres que le journal peut vivre et exprimer son orientation partisane. »
Pour Alain Boussard, il est important qu’une « pensée multiple persiste ». « C’est un journal qui a son importance dans le paysage médiatique, avec sa pensée unique et son orientation singulière. C’est le journal antidote face au néolibéralisme. » Depuis l’annonce d’une possible faillite du journal, L’Humanité a déjà reçu plus de 700 000 euros de la part de lecteurs en “souscription populaire”.
Ce qu’oublient toutefois de dire les soutiens du journal communiste, c’est que celui-ci semble avoir vécu au-dessus de ses moyens. Malgré la diminution du nombre de ses lecteurs à partir du milieu des années 2000, il a en effet salarié toujours plus de personnel, dont 85 % avec le statut de cadre (+ 26 % entre 2010 et 2016), selon Benjamin Dormann, dans son ouvrage Ils ont acheté la presse : Pour comprendre enfin pourquoi elle se tait, étouffe ou encense. L’ancien directeur de la rédaction, Pierre Laurent, aurait quant à lui perçu quelque 550 000 euros de salaire de 2001 à 2009, avant de devenir secrétaire national du PCF jusqu’en 2018.
Des « soutiens multidirectionnels » attendus de toute la gauche
Pour la journée du 10 mars, les organisateurs souhaitent rassembler toutes les forces autour du journal. Ils espèrent des « soutiens multidirectionnels » de toute la gauche. Pendant la matinée, David Queiros, maire de Saint-Martin-d’Hères, fera une intervention. Suivront de nombreux témoignages de salariés, de responsables d’associations et d’autres personnes sur le rôle de L’Humanité. Avec comme « invité d’honneur », Gérard Mordillat, écrivain et réalisateur, par ailleurs vice-président des Amis de l’Humanité.
Il est possible de s’inscrire par téléphone (au 06 08 86 29 30 ou 06 89 87 95 78) jusqu’au 8 mars 2019 à un tarif de 14 euros.
CT