FOCUS – La 11e édition du festival de Géopolitique organisée par Grenoble École de management se déroule cette année du 13 au 16 mars. À l’approche des élections européennes, le thème qu’il se propose d’explorer coulait de source : « (Dés)union européenne ? » Brexit, crises catalane et italienne, montée des populismes, mutation de la Pac… Autant d’événements survenus ces dernières années qui imposaient en effet d’interroger l’avenir de l’Union.
Pas moins de 94 conférences, 130 intervenants, quatre projections, trois expositions et, cerise sur le gâteau, des jeux interactifs pour le côté ludique. Telle est la palette de débats et d’animations composée par Grenoble École de management (Gem) pour la 11e édition du Festival de géopolitique de Grenoble, du 13 au 16 mars 2019.
Un événement de portée internationale s’adressant à tous les publics, des spécialistes et experts du domaine jusqu’aux spectateurs les plus novices.
Après les États-Unis en 2018, c’est sur l’Europe que le festival va se pencher cette année. Le thème de 2019 se résume à cette simple question en forme de clin d’œil : « (Dés)union européenne ? »
Et pour cause. Il y a en effet matière à interrogations, tant le contexte politique européen est agité de soubresauts, estiment les organisateurs. « Plusieurs événements survenus ces dernières années imposaient d’interroger l’avenir de l’Union », rappelle ainsi Jean-Marc Huissoud, le directeur du festival. Et ce alors même que l’échéance des élections européennes se profile.
« Une Europe de l’Union ou une Europe des Unions ? »
« Ce thème s’est imposé compte tenu de l’agenda 2019 avec les élections européennes. Mais aussi d’une certaine lassitude, voire d’un ras-le-bol sur les questions relatives aux sociétés européennes aujourd’hui », explique Jean-Marc Huissoud.
La mutation de la politique agricole commune (Pac), la montée des populismes, les crises italienne et catalane… Autant de points constitutifs de l’expression d’un malaise, amplifiée par la perspective du Brexit qui suscite toute une série d’interrogations. Quant aux élections qui se rapprochent, Jean-Marc Huissoud craint fort « que l’agenda du débat national n’occulte celui de l’Europe ».
Le festival pose des questions. « L’ensemble de l’Union ne va-t-il pas se laisser entraîner dans une longue vague de désintégration ? » Ou encore « quelle Europe nous attend dans les années à venir ? Une Europe de l’Union ou une Europe des Unions ? » Avec, entre autres préoccupations, la future sécurité de l’Europe, la défiance des opinions publiques à l’égard de l’Union et sa légitimité.
Il y sera également question de « la transformation d’un monde contemporain animé par de nouvelles forces, de nouvelles identités et réseaux ».
Sans oublier l’influence de l’Europe dans la gouvernance mondiale. Tout autant que le rôle que joueront à l’avenir ses institutions, ses citoyens et ses entreprises.
Des sujets sur lesquels le festival de géopolitique invite à réfléchir « par soi-même ». Et en se défendant d’une pensée unique ou d’entre-soi. « Le festival cherchera à observer cet espace géopolitique unique dans ses nuances et sa complexité pour tenter de comprendre son nouveau rôle dans le XXIe siècle », promet Jean-Marc Huissoud.
Le Brexit : « une chance ou un désastre ? »
« C’est un festival, pas juste un colloque où l’on reste assis sur une chaise à écouter des gens qui parlent », tient à souligner Jean-Marc Huissoud. Une chose est sûre, l’ampleur de l’événement ne fait que croître au fil des éditions. « Nous enregistrons cette année 50 % d’inscriptions de plus que pour l’édition 2018, qui était déjà une bonne année », se félicite le directeur.
« Plus de 10 000 personnes sont de nouveau attendues pour cette 11e édition », précise-t-il. Face à cette prévision d’affluence et faute de pouvoir repousser les murs de Gem, cinq autres lieux, dont ceux de Sciences Po Grenoble, vont accueillir les festivaliers.
Les points forts de cette nouvelle édition ? Le mercredi 13 mars, une table ronde va chercher à savoir si le Brexit est « une chance ou un désastre ». Dès le lendemain, une autre va plancher sur les enjeux des élections européennes. Tandis que le vendredi 15 mars les intervenants vont disséquer le rôle de la diplomatie française dans les affaires européennes.
Parmi les autres conférences, débats et discussions figurant au programme de ces trois journées consacrées à l’Europe dans tous ses états, citons encore les parcours et animations destinés aux lycéens des classes préparatoires et aux entreprises. Et d’autres en langue anglaise avec traduction simultanée. Le tout agrémenté d’émissions de radio en direct ou d’un atelier de cartographie.
Le festival met par ailleurs à disposition des férus de lecture une librairie éphémère proposant des ouvrages pour tous les âges. Dont, comme il se doit – à tout seigneur, tout honneur – le livre du festival.
« Réussirez-vous à sauver l’Union européenne d’une implosion ? »
Des nouveautés cette année ? Oui. Ne serait-ce que pour rendre la géopolitique peut-être un peu moins fastidieuse et en augmenter l’attrait. Notamment à travers un jeu d’évasion intitulé « Réussirez-vous à sauver l’Union européenne d’une implosion ? »
Un challenge teinté d’espionnage concocté par l’équipe d’Enjeu, l’une des nombreuses associations étudiantes de Gem. Mais ce n’est pas tout. L’association Gem en débat propose également un jeu de rôle simulant un débat, dans le cadre d’un hypothétique “Sommet européen extraordinaire de Grenoble”.
Pour les plus jeunes, la génération Y – mais pas seulement –, le festival à invité Gildas Leprince, alias Mister géopolitix. Le nom d’une chaîne hébergée par Youtube comptant plus de 60 000 abonnés âgés de 13 à 30 ans. Ce « vulgarisateur de la géopolitique », ainsi qu’il se définit, va animer des ateliers afin « d’expliquer les enjeux du monde » à son public.
Le coup d’envoi du festival est prévu ce mercredi 13 mars en présence d’Isabelle Jégouzo, porte-parole officielle de la Commission européenne en France, en visite à Grenoble. L’occasion de rencontrer les acteurs de l’Europe à la Maison de l’international puis d’évoquer avec Éric Piolle, le maire de Grenoble, la candidature de la ville à la Capitale verte européenne 2022.
Joël Kermabon