REPORTAGE VIDÉO - L'interpellation de deux porte-paroles et l'impossibilité de mener une opération “péage gratuit” à Voreppe n'ont pas découragé les gilets jaunes grenoblois. Ils étaient plus de 200 à s'être mobilisés pour manifester pacifiquement dans les rues de Grenoble ce samedi 23 février. Un bilan en demi-teinte pour cet acte XV du mouvement grenoblois malgré la volonté affichée d'un « retour aux fondamentaux » sur les péages et ronds-points.
La nouvelle est tombée tôt le matin, ce samedi 23 février marquant l'acte XV du mouvement des gilets jaunes grenoblois. On apprenait alors l'interpellation par la gendarmerie de Julien Terrier et de Jérôme Bouzendorfer, deux des figures locales du mouvement.
Ce n'était d'ailleurs pas une première pour les deux “leaders”, déjà placés en garde à vue le 8 décembre avant le départ d'une manifestation. Une arrestation s'inscrivant « dans le cadre d'une enquête de flagrance », avait précisé le procureur de la République.
Les motifs de cette interpellation ? La « participation à un groupement formé en vue de la préparation de violences ou dégradation ». Mais aussi « l'organisation d'une manifestation sur la voie publique sans déclaration préalable ». Que craignaient les autorités ? Vraisemblablement des débordements tels que ceux observés lors de l'acte VI du mouvement à Voreppe.
La gendarmerie a empêché tout accès aux barrières de péage de Voreppe
La veille, Julien Terrier avait appelé, dans une vidéo, à une action “péage gratuit” au péage de Voreppe, situé sur l'autoroute A48. Une opération réclamée par toute une frange des gilets jaunes de l'agglomération grenobloise favorable à « un retour aux fondamentaux ». Ce alors que le week-end s'annonçait très chargé sur les axes autoroutiers, en plein chassé-croisé des vacances de février.
L'interpellation des deux leaders n'a en tout cas ni déstabilisé ni découragé les gilets jaunes de l'agglomération qui ont maintenu leur intention de lever les barrières du péage de Voreppe. À cet effet, certains se sont rendus sur le rond point du Minotaure, avant de constater qu'aucune action ne serait possible.
Et pour cause, plus d'une dizaine de fourgons de gendarmerie les attendaient pour les empêcher d'accéder à l'aire de péage. Après avoir stationné quelques temps sur le rond-point, les gilets jaunes ont finalement décidé de se scinder en deux groupes pour cet acte XV.
L'un est allé rejoindre le rassemblement habituel du parc Paul-Mistral, tandis qu'un autre s'est rendu sur le péage de Moirans. Site sur lequel ils sont parvenus à mener une opération “péage gratuit” qu'ils ont maintenue une partie de la journée.
Plus de deux cents manifestants à Grenoble
Retour à Grenoble où, sur le coup de 14 heures, plus de deux cents manifestants ont entamé leur déambulation dans les rues. Moins nombreux que les semaines précédentes mais toujours aussi déterminés, ils ont ainsi défilé pacifiquement jusqu'à la dispersion du cortège, aux alentours de 18 heures devant la gare de Grenoble.
« On est tous chefs, tous porte-paroles, tous solidaires ! »
« Maintenant, nous allons monter des actions concrètes et pas seulement marcher. C'est bien d'être pacifistes mais il va falloir agir. Ce n'est pas en restant comme ça que nous allons y arriver. » Tel est le constat fait par Justine, autre figure locale des gilets jaunes, juste avant le départ du cortège.
Un « retour aux fondamentaux » prôné par nombre d'entre eux, lassés des marches pacifiques dont ils constatent l’improductivité. De fait, de nouvelles têtes apparaissent en tête des manifestations. Certains ont même pris la parole, samedi, en l'absence bien involontaire des leaders habituels.
Pas question toutefois de devenir calife à la place du calife. « On est tous chefs, tous porte-parole, tous solidaires ! », clame haut et fort Justine. De quoi motiver les troupes avant que certains ne proposent leurs propres idées et objectifs pour cette nouvelle manifestation… avant l'acte XVI du mouvement qui se profile.
Joël Kermabon