FIL INFO – Alors que l’affaire de la Ligue du Lol ébranle le milieu journalistique national, d’anciens élèves de l’École de journalisme de Grenoble mettent en avant des pratiques similaires en son sein. Un groupe privé, créé par des anciens étudiants de l’EJDG et baptisé « Ultim-Hate », aurait pour vocation de promouvoir la haine et le mépris à l’égard de leurs camarades.
« Ultim-Hate »*, tel est le nom du groupe Facebook privé qui suscite l’indignation depuis la révélation de son existence, dimanche 10 février. Créé et animé par d’anciens étudiants de l’École de journalisme de Grenoble (EJDG), le groupe a pour vocation de se moquer d’autres étudiants et de leur adresser des insultes. Avec l’intention, in fine, de promouvoir la « haine ultime » que présuppose son appellation ?
C’est dans la foulée du scandale autour de la Ligue du Lol que les langues se sont déliées. « J’ai fini par quitter le groupe Facebook inter promo de mon école de journalisme après avoir été la cible de certains, agissant comme cette ligue du Lol », a ainsi tweeté Marylène Lapichou dès le 10 février. Reprise et soutenue le lendemain par Céline Argento, qui en a profité pour dénoncer l’existence du « groupe de haine », Ultim-Hate. Un groupe qui semble bien caché, mais serait toujours en activité.
« Un groupe créé pour diffuser de la haine »
Contrairement à la ligue du Lol, les messages échangés entre membres du groupe Ul-team-Hate sont à caractère privé. Si Céline Argento reconnaît avoir bien conscience de la différence, elle n’en considère pas moins l’existence de ce groupe problématique, comme elle l’a expliqué au Dauphiné libéré. « C’est un groupe qui a été créé pour diffuser de la haine. Critiquer quelqu’un on l’a tous fait […], mais là c’est à un autre niveau ! », juge-t-elle.
Le contenu de ce groupe ? Des « blagues potaches », ont répondu ses membres sur France Inter. Plus précisément des considérations sur le physique des personnes, des critiques sur la qualité supposée de leur travail et (sans surprise) de lourdes plaisanteries à caractère sexuel. Difficile, note encore Céline Argento, d’imaginer des étudiants si prompts au jugement, au mépris et à la méchanceté, exercer un métier « où ils vont être en contact avec l’autre ».
L’École de journalisme de Grenoble condamne
Cette petite Ligue du Lol grenobloise ne fait pas rire du tout l’EJDG. Dans un communiqué publié le 12 février, l’école indique ainsi que « l’ensemble des personnels et étudiants […] est indigné et condamne ces propos haineux ». Avant d’annoncer l’organisation d’une réunion avec « l’ensemble des étudiants actuels pour échanger sur ces dérives et sur les moyens d’éviter qu’elles ne se reproduisent dans l’avenir ».
L’EJDG rappelle encore que ses deux instances de tutelle, l’Université Grenoble-Alpes et Sciences-Po Grenoble, ont mis en place « des dispositifs de signalement des comportements inappropriés » depuis la rentrée 2018. Y aurait-il urgence ? En juin 2018, dans une lettre ouverte, ce sont des enseignants et chercheurs de Sciences-Po qui dénonçaient des dérapages racistes et homophobes commis par certains de leurs étudiants.
FM
* Ou, selon les sources, « Ul-team-hate ».