EN BREF – Un séisme de magnitude 2,3 s’est produit ce mercredi 23 janvier au soir dans la région de Chamrousse et Livet-et-Gavet. Un tremblement de terre enregistré à 22 h 56 très exactement par le réseau de stations SISMalp. Pour autant, bien que la population environnante ait fortement ressenti la secousse, cette dernière n’a causé aucun dégât alentours.
La Terre a grondé près de Grenoble ce mercredi 23 janvier à 22 h 56. En cause, un séisme d’une magnitude de 2,3* selon le Bureau central sismologique français (BCSF). Son épicentre ? D’après les mesures effectuées par le réseau d’observation de la sismicité alpine (SISMalp), il se situe à quelques kilomètres au nord de Livet-et-Gavet. Autrement dit, à 16 kilomètres au sud de Grenoble, indique l’Institut des sciences de la Terre (ISTerre). « Nous n’arrivons pas très bien à déterminer sa profondeur mais il est assez superficiel, inférieur à 5 km probablement », précise Olivier Coutant sismologue à l’institut.
« J’ai cru que c’était une avalanche »
Même si ce tremblement de terre est classé dans la catégorie des séismes mineurs, la population a néanmoins très bien ressenti les secousses telluriques. Où ? Plus précisément dans les secteurs de Vizille, Séchilienne et Chamrousse mais aussi jusqu’à Uriage, Brié-et-Angonnes et Eybens.
Dès lors, comment expliquer cette perception largement partagée alors que, généralement, seuls les sismographes les détectent ? « Parce que le séisme s’est produit dans la soirée et que les gens étaient au calme chez eux », indique l’enseignant-chercheur.
Tant et si bien que le BCSF a déjà reçu plus d’une centaine de témoignages, relate Olivier Coutant. Des témoignages par ailleurs très utiles pour dresser les cartes des intensités, basées sur le ressenti des séismes. D’autres personnes n’ont, quant à elles, pas identifié comme tels ces soubresauts de la terre. Et pour cause : « J’habite en altitude. Il a beaucoup neigé. J’ai cru que c’était une avalanche », témoigne ainsi une habitante vivant non loin de Chamrousse.
« On peut s’attendre à des chutes de blocs »
Toutefois, pas de quoi s’inquiéter, aucun dégât n’a été signalé aux autorités locales. « On reste quand même sur une magnitude qui est faible », rappelle le chercheur. Néanmoins, il faut faire preuve de prudence, estime-t-il puisque « le séisme est survenu pas très loin du gros glissement de Séchilienne. Donc on peut s’attendre à des chutes de blocs ».
De même, des avalanches ont pu survenir dans les heures qui ont suivi, mais aucun glissement de terrain ne serait à craindre. Encore moins que l’on puisse redouter des ruptures de bâtiments ou de barrage, « car la magnitude de ce séisme est très inférieure à 6 ou 7 », précise-t-il.
Faut-il craindre les répliques ? « Il y en a déjà eu plusieurs depuis hier soir, de magnitude encore plus faible, variant de 2 à 1 », nous indique Olivier Coutant.
« C’est une activité sismique normale le long d’une faille »
Le chercheur n’est pas du tout surpris de l’occurrence d’un séisme dans cette zone. « Pour nous, c’est une activité sismique normale le long d’une faille qui est maintenant répertoriée », assure le sismologue. Une bonne raison à cela, « nous sommes dans l’alignement de ce que nous appelons la faille de Belledonne, qui part du nord du massif et se prolonge au sud jusqu’à Séchilienne, Vizille et la Motte‑d’Aveillans », précise-t-il.
Quant à sa faible magnitude, il ne s’en montre pas plus étonné. « Les Alpes ne sont plus en période de construction comme l’Himalaya, qui continue à se former », indique-t-il.
« Mais au cours du temps, les contraintes qui se sont accumulées au sein de ces montagnes induisent localement des réagencements de blocs. Ce qui génère des séismes de faible magnitude, généralement inférieure à 4. »
Le maximum mesuré ? Les séismes dans les Alpes françaises n’ont, jusqu’ici, jamais excédé 5,5 de magnitude. Les plus proches et les plus intenses sont ceux d’Annecy en 1996 et de Corrençon en 1962, respectivement de magnitude de 5,2 et 5,5.
« Il y a très peu de risque d’avoir un séisme de magnitude 8 aux alentours de Grenoble »
Que chacun se rassure, le spécialiste ne s’attend pas à des intensités tellement supérieures. Ce, en dépit de controverses autour de la possibilité de la survenue d’un séisme de magnitude 6 ou 7 dans la région. Olivier Coutant se montre, pour sa part, confiant : « Il y a des lois statistiques en sismologie qui sont assez vérifiées et qui nous disent ce qui peut arriver dans une histoire localement », explique-t-il.
Quid des données collectées par les sismologues après statistiques ? « Nous sommes dans une zone géologique qui certes bouge beaucoup, mais faiblement », commente Olivier Coutant. Et de poursuivre : « Ainsi, au niveau de la probabilité, il y a très peu de risque d’avoir un séisme de magnitude 8 aux alentours de Grenoble », conclut-il. Mais prudence scientifique oblige, « probabilité infime ne veut pas dire jamais ! », ne manque-t-il pas d’ajouter.
Véronique Magnin
- * L’Institut des sciences de la Terre a estimé à 2,5 la magnitude de ce séisme sur base des données du réseau de stations SISMAlp.