EN BREF – Alain et Marie Rochedy sont allés manifester avec leurs gilets jaunes devant la faculté de médecine mardi 22 janvier entre 10 heures et 13 heures. Ils crient à la censure du « coach virtuel » qu’ils ont créé pour venir en aide aux étudiants en première année de médecine. Ce à quoi la faculté répond qu’elle ne peut pas promouvoir auprès de ses élèves des méthodes non agréées.
Leur manifestation n’aura pas fait grand bruit devant la faculté de médecine de Grenoble, ce mardi 22 janvier. Les deux retraités gilets jaunes, qui devaient passer la journée sur place, ont même décidé, devant le manque d’affluence, de quitter les lieux en début d’après-midi.
Ce manque de visibilité, c’est justement ce que déplore Alain Rochedy. Ce dernier tente ainsi en vain depuis des années de faire connaître sa formation Avanst Educ aux étudiants en Paces (première année commune des études de santé).
Une aide gratuite pour venir en soutien à tous ceux qui préparent le concours. Pourtant, lorsqu’on évoque la plateforme devant Hugo et Nathan, deux étudiants en cinquième année de médecine, leur réponse est la même : « Jamais entendu parler ».
Une aide aux étudiants censurée par la faculté ?
Créée en 2015 par Alain Rochedy, la start-up Éditions Dilingco exploite un portail de formation. Les étudiants en première année de médecine peuvent y trouver gratuitement des QCM et « un coach virtuel breveté qui encadre l’utilisateur en fonction de ses acquis », explique le chef d’entreprise. Pour aller plus loin, les utilisateurs sont également dirigés vers un cahier de prise de notes édité par les Éditions Dilingco et disponible à l’achat pour une vingtaine d’euros.
Seulement voilà, très peu d’étudiants connaissent cette alternative. Et son fondateur n’hésite pas à crier à la censure de la faculté. « Sous prétexte de contrôle de la pédagogie, seuls les outils et documents développés en interne sont utilisables par les étudiants. »
Le bouche à oreille ? « Les jeunes qui connaissent le site ne le disent pas à leurs camarades par peur de se faire doubler. » À 69 ans, l’ancien ingénieur confie d’un air désabusé : « C’est déprimant que je ne perce pas. »
Face aux accusations de censure, la faculté de médecine apporte une réponse très claire par la voie de sa directrice Caroline Van Der Heijde : « Monsieur Rochedy est quelqu’un que nous connaissons depuis longtemps. Nous lui avons déjà répondu plusieurs fois et nous l’avons reçu il y a deux ans. Il souhaite que nous fassions la promotion de ses outils auprès de nos étudiants et que les professeurs valident son travail. Mais il n’est pas professeur de médecine, et n’est pas habilité par le ministère. » Après quoi elle précise : « Nous sommes patients et il n’a peut-être pas compris. Mais j’ai l’impression de redire la même chose à chaque fois. »
Un « acte II » prévu la semaine prochaine
Aujourd’hui, le retraité le reconnaît : « Mon entreprise et moi avons fait une erreur immense en voulant s’adresser aux premières années de médecine. » Sa plateforme de formation en ligne concerne avant tout les œnologues et caves coopératives vinicoles. Mais c’est en voyant son neveu tomber en dépression à la suite de son échec au concours de première année de médecine que l’ex-ingénieur a voulu développer un outil gratuit destiné aux étudiants en Paces.
Trop tard pour laisser tomber : « C’est un boulot immense. La fac aurait dû me dire dès le début que ça ne l’intéressait pas. Mais ma finalité c’est d’être utile. C’est logique que je n’abandonne pas. »
Alors Alain Rochedy ressortira peut-être le gilet jaune la semaine prochaine pour un « acte II ». Pourquoi s’emparer de ce symbole d’une contestation qui dure depuis le 17 novembre partout en France ?
« C’est le même problème que les gilets jaunes à qui on impose des décisions. On peut appliquer ça à la médecine. S’opposer à des décisions imposées, que ce soit la médecine ou le prix du gasoil, c’est du pur gilets jaunes. » Pourtant, le retraité l’affirme : « J’espère qu’il n’y aura pas d’acte II ». À condition cependant, que la faculté de médecine réponde à ses nouvelles sollicitations d’ici là…
Jules Peyron