FOCUS – Grenoble-Alpes Métropole fait progressivement évoluer sa flotte de bennes à ordures roulant au diesel. La collectivité a fait le choix de motorisations plus “propres” utilisant le gaz naturel pour véhicules (GNV). La mise en service de huit premières bennes fin 2018 préfigure un renouvellement qui va concerner, d’ici 2020, la moitié du parc existant. Un renouvellement qui s’inscrit dans le cadre de la lutte contre la pollution de l’air, l’une des priorités de la Métropole.
La matinée de ce mardi 15 janvier était à marquer d’une pierre blanche au Centre technique d’exploitation (CTE) d’Eybens chargé de la collecte des déchets ménagers de la Métropole.
En effet, la collectivité inaugurait huit bennes à ordures ménagères (Bom) flambant neuves roulant au gaz naturel pour véhicules (GNV). Ce type de bennes qui circulent depuis fin 2018 doit remplacer progressivement les véhicules diesel du parc actuel de la Métropole.
L’amélioration de la qualité de l’air : une priorité pour la Métropole
L’objectif de ce renouvellement ? Participer au titre de la transition énergétique à l’amélioration de la qualité de l’air. « Une priorité », considère Grenoble-Alpes Métropole qui, depuis plus de deux ans, œuvre en ce sens. Mais pas seulement. Cette mutation radicale s’opère également en lien avec la future zone à faibles émissions qui va voir le jour en mars prochain.
En la matière pas question pour la collectivité de relâcher ses efforts. Si l’on constate une amélioration notable de la qualité de l’air ces dernières années, celle-ci s’avère encore nettement insuffisante. De fait, les habitants de la métropole restent encore et toujours exposés à des seuils de pollution supérieurs à ceux préconisés. Notamment par l’Union européenne (UE) et l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
Une solution en matière de qualité de l’air et de lutte contre l’effet de serre
Pourquoi ce choix de véhicules roulant au GNV plutôt qu’à l’aide de l’énergie électrique ? La Métropole met en avant un constat « d’inadéquation de la solution électrique pour les poids lourds ». Georges Oudjaoudi, vice-président délégué à la prévention, la collecte et la valorisation des déchets, ne voit par ailleurs que des avantages à utiliser ce type de propulsion.
En premier lieu, l’élu se félicite du faible bruit généré par ces véhicules, bien moindre que celui produit par les bennes diesel, assure-t-il.
Ensuite, « la motorisation au gaz permet de diminuer de plus de 90 % les poussières fines et de plus de moitié les oxydes de carbone (CO2) », poursuit le vice-président. Un bénéfice environnemental « non négligeable », souligne également Georges Oudjaoudi.
Autre avantage de cette motorisation et non des moindres : son coût. D’après les premières mesures et estimations des services métropolitains, le GNV permettrait une économie de 0,26 euro par kilomètre par rapport au diesel. Si l’on extrapole ce chiffre au nombre de kilomètres parcourus par 32 bennes en un an, cela représente 100 000 euros d’économies pour la collectivité. En résumé, « une solution complète en matière économique, de qualité de l’air et de lutte contre l’effet de serre », estime la Métropole.
La moitié des bennes à ordure roulant au diesel sera remplacée d’ici 2020
Quid du rythme de renouvellement des 71 véhicules diesels constituant la flotte actuelle ? « Nous commandons chaque année sept à huit bennes et c’est à ce rythme-là que nous passerons à ce type de motorisation », déclare Georges Oudjaoudi. C’est ainsi que la Métropole a prévu de remplacer 32 Bom qui roulaient jusqu’alors au diesel par des camions GNV. Soit la moitié de son parc actuel d’ici 2020.
Rouler au gaz c’est bien mais encore faut-il pouvoir recharger efficacement les bennes à ordures. À cet effet, la Métropole a équipé le centre technique d’Eybens d’une station de recharge lente en GNV.
Cette station d’avitaillement, inaugurée le même jour, permet déjà d’approvisionner les camions durant la nuit, à l’endroit même où ils stationnent.
Pour autant, les besoins en approvisionnement vont fortement augmenter d’ici 2025. Une année charnière à partir de laquelle la circulation de véhicules diesel sera totalement interdite. Par ailleurs, près du quart des véhicules des particuliers fonctionneront au GNC à l’horizon 2030, dans le cadre du nouveau plan de déplacement urbains (PDU) de la Métropole.
En 2019, deux autres stations d’avitaillement en GNV
La collectivité souhaite anticiper cette progression, afin d’accompagner au mieux les professionnels dans la conversion de leur parc d’utilitaires. Dans cette perspective, deux autres stations d’avitaillement GNV seront aménagées sur le territoire métropolitain.
L’une, publique et gérée par GEG, ouvrira ses portes au courant de l’été 2019, chemin de la Tuilerie à La Tronche [tout près d’Athanor, ndlr]. Cette station « de charge rapide » financée par la Région, l’Ademe et GRDF, permettra de faire le plein en six ou sept minutes.
Une station dont l’emplacement est fort judicieux. En effet, les bennes de la Métropole, obligées de passer par le centre de tri et d’incinération des déchets, l’utiliseront en premier lieu. « La grande innovation c’est qu’elle sera accessible au public. Il s’agit, là, d’un élément de dynamisation très fort pour ce changement de motorisation sur le bassin de vie », se réjouit Georges Oudjaoudi.
Quant à la seconde, gérée par GNV Alpes Grenoble, elle sera fonctionnelle fin 2019 à Saint-Égrève.
Favoriser l’économie circulaire par la production de biocarburant dans la métropole
L’approvisionnement des futures stations de La Tronche et de Saint-Égrève sera assuré grâce au BioGNV, autrement dit un biocarburant. Ce contrairement au gaz utilisé à la toute fraîche station d’Eybens, qui utilise quant à elle du GNV plus “classique”. L’objectif ? Favoriser l’économie circulaire en augmentant la production de biocarburant dans la métropole.
Comment ? Notamment par le truchement de la méthanisation des boues de la station d’épuration d’Aquapole. Mais aussi par la méthanisation des déchets alimentaires du centre de compostage de Muriannette. Un « cercle vertueux », estime Christophe Ferrari, le président de Grenoble-Alpes Métropole.
Joël Kermabon