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en 2019, la pollution de l'air entre en campagne à Grenoble. A un peu plus d'un an des échéances municipales, l'enjeu sanitaire devient enjeu électoral.

Entre mesures et éva­lua­tions des mesures, la pol­lu­tion de l’air entre en cam­pagne en 2019

Entre mesures et éva­lua­tions des mesures, la pol­lu­tion de l’air entre en cam­pagne en 2019

FOCUS – Révision du plan cli­mat, pour­suite de l’ex­pé­ri­men­ta­tion des micro-cap­teurs, éva­lua­tion du plan de pro­tec­tion de l’at­mo­sphère, de l’o­pé­ra­tion Cœurs de ville, cœurs de métro­pole… En 2019, la pol­lu­tion de l’air entre en cam­pagne. À un peu plus d’un an des pro­chaines échéances muni­ci­pales, l’en­jeu sani­taire devient aussi électoral.

Une trentaine de Grenoblois avaient expérimenté l'usage de micro-capteurs dans le cadre de l'opération Mobicit'air. © DR Atmo Auvergne Rhône-Alpes

La cam­pagne de mesures au moyen de micro-cap­teurs se pour­sui­vra au second semestre 2019. © DR Atmo Auvergne Rhône-Alpes

La cam­pagne citoyenne de mesure de la pol­lu­tion de l’air au moyen de micro-cap­teurs n’en­thou­siasme guère Alain Carignon. Dans un com­mu­ni­qué de presse, l’an­cien maire de Grenoble, qui y voit de simples « gad­gets », dénonce ce qu’il voit d’a­bord comme une opé­ra­tion de communication.

« Ce n’est pas parce qu’elle demande à des volon­taires – dont il faut saluer l’engagement – de mesu­rer la qua­lité de l’air que “l’agglomération est la plus ambi­tieuse en matière d’amélioration de l’air”, comme l’affirme l’exécutif de la Métropole. Mesurer n’est pas faire bais­ser la pol­lu­tion, contrai­re­ment à ce que laisse entendre la com­mu­ni­ca­tion municipale. »

Provocation ? Une chose est sûre : la qua­lité de l’air sera un des gros enjeux de la cam­pagne des élec­tions muni­ci­pales en 2020. La ques­tion est déjà au cœur de nom­breux dos­siers. Zone à cir­cu­la­tion res­treinte, plan de dépla­ce­ment urbain, plan local d’ur­ba­nisme inter­com­mu­nal, élar­gis­se­ment de l’A480, Cœurs de ville, cœurs de métro­pole (CVCM), second plan cli­mat… L’air gre­no­blois sera-t-il pour autant plus res­pi­rable demain ?

En dix ans, la pol­lu­tion au NO2 et aux par­ti­cules fines a baissé en moyenne de 30 %

C’est déjà mieux qu’il y a dix ans, assure Atmo, l’or­ga­nisme chargé de sur­veiller et mesu­rer la qua­lité de l’air dans l’ag­glo­mé­ra­tion. Les efforts des indus­triels pour réduire leurs émis­sions, tout comme le renou­vel­le­ment du parc rou­lant ou de celui du chauf­fage au bois com­mencent à por­ter leurs fruits. Que ce soit à l’é­chelle de la région ou de l’ag­glo­mé­ra­tion, comme le sou­ligne le bilan 2017 d’Atmo.

Impact des pollutions au dioxyde d'azote (NO2) et aux particules fines PM10 dans la région Auvergne Rhône-Alpes entre 2014 et 2016 (carte extraite du bilan 2017 d'Atmo)

Impact des pol­lu­tions au dioxyde d’a­zote (NO2) et aux par­ti­cules fines PM10 dans la région Auvergne Rhône-Alpes entre 2014 et 2016 (carte extraite du bilan 2017 d’Atmo).

« Sur dix ans, on enre­gistre en moyenne 30 % de réduc­tion sur les dioxydes d’a­zote et les par­ti­cules fines. Mais sur d’autres pol­luants, comme le soufre et le ben­zène – des pol­luants indus­triels –, c’est encore plus mar­qué », résume Camille Rieux.

Trente pour cent de réduc­tion des pol­luants issus du tra­fic rou­tier et du chauf­fage au bois non per­for­mant, c’est une moyenne. Pour le détail des sec­teurs plus ou moins pol­lués à Grenoble, il fau­dra attendre encore quelques semaines. Le bilan de la cam­pagne menée durant un an en marge de l’o­pé­ra­tion Cœurs de ville, cœurs de métro­pole (CVCM) devrait être connu d’ici la fin du pre­mier tri­mestre 2019.

Le plan de pro­tec­tion de l’at­mo­sphère, lui aussi éva­lué en 2019

C’est aussi cette année 2019 que sera éva­lué le plan de pro­tec­tion de l’at­mo­sphère (PPA) révisé en février 2014. Et donc que seront confron­tées les actions qui devaient être mises en place à celles réel­le­ment mises en œuvre et que seront éva­lués leurs effets sur la qua­lité de l’air.

Dans l'agglomération grenobloise, les seuils réglementaires de pollution atmosphérique sont régulièrement dépassés

© David André

Avec l’es­poir d’un impact signi­fi­ca­tif cette fois ? En jan­vier 2014, le rap­port de la com­mis­sion d’en­quête était sévère.

« La com­mis­sion d’enquête constate qu’il existe un énorme hia­tus entre les affir­ma­tions péremp­toires du PPA concer­nant les gains qui seraient acquis dès 2015 grâce aux actions du PPA révisé et ce qui res­sort de la simple ana­lyse des actions, de leurs objec­tifs, de leur calen­drier et des moyens finan­ciers qui leur seraient affec­tés, sou­li­gnait-elle. Tout est pré­senté pour lais­ser pen­ser que la région gre­no­bloise, et Rhône-Alpes, auront enfin, en 2015, rem­pli leurs obli­ga­tions vis-à-vis de la com­mu­nauté euro­péenne, de la légis­la­tion fran­çaise, du droit du citoyen à un air non pollué. » 

Depuis, les plans et mesures se sont mul­ti­pliés dans l’ag­glo­mé­ra­tion. Dernière en date, la prime air bois a été dou­blée, en même temps qu’Atmo s’en remet­tait à ses micro-cap­teurs por­ta­tifs. Depuis fin 2018, trente volon­taires expé­ri­mentent ces ins­tru­ments de mesure de la pol­lu­tion de l’air aux par­ti­cules fines dans l’ag­glo­mé­ra­tion dans le cadre de l’ex­pé­ri­men­ta­tion Checkbox. Des ins­tru­ments tou­te­fois som­maires, « low-cost », admet Camille Rieux qui ne rem­pla­ce­ront jamais les véri­tables ana­lyses menées par l’association.

Et pas homo­lo­gués, comme le fai­sait remar­quer le groupe d’a­na­lyse métro­po­li­tain (Gam). Impossible donc d’u­ti­li­ser ces mesures dans une visée régle­men­taire. « Ces micro-cap­teurs ne sont qu’in­di­ca­tifs et n’ont rien à voir avec une mesure homo­lo­guée, recon­naît Camille Rieux. Mais ces appa­reils ont énor­mé­ment évo­lué ces der­nières années. On consi­dère que les incer­ti­tudes, certes sen­sibles, sont suf­fi­sam­ment faibles pour don­ner une indi­ca­tion censée. »

Pollution dans la cuvette grenobloise : pour la première fois, les véhicules les polluants (immatriculés avant 1997) seront interdits de circulation dès samedi 10 décembre. Lundi, avec la persistance du pic de pollution, l'interdiction devrait être élargie. Crédit Patricia Cerinsek

Pollution dans la cuvette gre­no­bloise. © Patricia Cerinsek

Des ins­tru­ments suf­fi­sants en tout cas pour l’as­so­cia­tion, à l’i­ni­tia­tive de ces cam­pagnes, pour conti­nuer de faire œuvre de péda­go­gie. Atmo va, elle, plus loin et parle « d’ap­pro­pria­tion » de la ques­tion de la pol­lu­tion de l’air. Amorcée en 2016 avec l’expérimentation Mobicit’air, elle se pour­sui­vra au second semestre 2019, à l’é­chelle cette fois de toute la région Auvergne Rhône-Alpes.

Cent micro-cap­teurs à l’é­chelle de la région Auvergne Rhône-Alpes

Une cen­taine (!) de ces micro-cap­teurs seront mis à dis­po­si­tion des habi­tants de toute la région Auvergne Rhône-Alpes. Un nombre pour l’heure très limité qui contraint leur uti­li­sa­tion : ils ne pour­ront être emprun­tés que durant deux semaines pour pou­voir béné­fi­cier à un maxi­mum d’intéressés.

Enfumage, comme le pointe l’an­cien maire de Grenoble ? Mais aussi le Gam, pour qui ces micro-cap­teurs, finan­cés avec de l’argent public*, ont toutes les chances, à un an des pro­chaines échéances, d’être uti­li­sés à des fins électorales.

De quel bois je me chauffe ? Mal utilisée, ma cheminée peut polluer ! - pollution chauffage au bois © Grenoble-Alpes Métropole

© Grenoble-Alpes Métropole

Difficile de s’a­van­cer sur l’im­pact de ces mesures citoyennes. Au vu des résul­tats de la pre­mière cam­pagne, cer­tains s’en sont ser­vis pour modi­fier leur iti­né­raire de course à pied dans le temps et dans l’es­pace. D’autres ont, d’a­près Atmo, mieux com­pris les méca­nismes de la pol­lu­tion de l’air, notam­ment liée au chauf­fage au bois, comme la place prise par un air inté­rieur pol­lué. Mais impos­sible de savoir si ces expé­ri­men­ta­teurs ont joint le geste à la parole…

« Le micro-cap­teur n’est pas la révo­lu­tion mais c’est un pre­mier pas pour amor­cer une évo­lu­tion des com­por­te­ments, pointe Camille Rieux. Cela per­met de rendre la pol­lu­tion plus visible. L’objectif est de faire chan­ger les com­por­te­ments en tant qu’émetteur. »

À quel prix ? Le coût de ces micro-cap­teurs reste modique : 300 euros pièce entre l’achat du cap­teur, de l’application smart­phone, de la base de don­nées et du site web (open source). Choisi après consul­ta­tion, Airbeam 2 déve­loppé par l’ONG amé­ri­caine HabitatMap mesure les par­ti­cules fines et très fines en sus­pen­sion dans l’air : les PM 10 mais aussi les PM 2,5 et les PM 1.

Une mesure seule­ment indi­ca­tive mais, pour Atmo, ces expé­ri­men­ta­tions « col­la­bo­ra­tives » sont loin d’être super­flues. « Sans exo­né­rer les pou­voirs publics de leurs res­pon­sa­bi­li­tés, l’a­mé­lio­ra­tion de la qua­lité de l’air repose sur notre capa­cité à chan­ger cer­taines habi­tudes. »

Patricia Cerinsek

* Ces micro-cap­teurs sont finan­cés en par­tie sur les fonds propres de l’as­so­cia­tion avec le sou­tien la Région Auvergne Rhône-Alpes, de la Métropole de Grenoble et de l’Ademe.

Patricia Cerinsek

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