EN BREF – L’observatoire Atmo Auvergne Rhône Alpes lance une opération de mesure citoyenne de la qualité de l’air au second semestre 2019. Les habitants de Grenoble, Clermont-Ferrand et de la communauté de communes Pays du Mont-Blanc pourront, à l’aide de micro-capteurs, mesurer en temps réel les niveaux de pollution de l’air. Une campagne de recrutement de volontaires est lancée.
L’année 2019 commence mal en ce qui concerne la qualité de l’air à Grenoble. Dès le 1er janvier, la préfecture de l’Isère a en effet activé la vigilance pollution dans le bassin grenoblois.
Un pic de pollution dû à l’augmentation du taux de particules (PM10), probablement causée par la forte activité touristique de cette fin d’année dans la vallée alpine. De quoi augurer une année compliquée, comme l’a été 2018.
En mai dernier, la Commission européenne renvoyait la France devant la Cour de justice européenne pour « dépassement des valeurs limites de qualité de l’air fixées et manquement à l’obligation de prendre des mesures appropriées pour écourter le plus possible les périodes de dépassement ».
Quatorze zones critiques étaient pointées du doigt : l’Ile-de-France, Marseille, Nice, Toulon, Lyon, Saint-Étienne, Valence, la vallée de l’Arve, Strasbourg, Reims, Montpellier, Toulouse, la Martinique… et Grenoble.
Des micro-capteurs connectés aux smartphones
La ville de Grenoble se retrouve souvent dans le viseur des études sur la pollution de l’air. Ce qui en fait un terrain d’observation idéal pour Atmo, fédération des associations agréées de surveillance de la qualité de l’air en France.
L’observatoire Atmo Auvergne Rhône-Alpes s’apprête donc à lancer une expérimentation dans l’agglomération en 2019. Le principe ? Proposer aux Grenoblois de mesurer eux-mêmes la qualité de l’air qu’ils respirent, à l’aide de micro-capteurs.
La démarche est simple. Les personnes intéressées s’inscrivent à la captothèque. Si leur candidature est acceptée, la plateforme leur permet alors d’emprunter un micro-capteur de mesure de la qualité de l’air.
Ce dernier fonctionne avec une application téléchargeable sur smartphone qui donne la possibilité de consulter directement les données. Il ne reste plus qu’à arpenter les rues grenobloises pendant que l’outil mesure en temps réel les niveaux de pollution dans la ville.
Placer les citoyens au cœur du système de surveillance
Avec cette expérimentation, l’observatoire Atmo Auvergne Rhône Alpes veut permettre aux citoyens de s’approprier les enjeux de la qualité de l’air, les placer au centre du système de surveillance.
Les micro-capteurs connectés facilitent en effet la compréhension de ces questions environnementales et sont même susceptibles d’entraîner des changements d’usage au quotidien. Ces outils de mesure à la pointe du progrès ont d’ailleurs fait l’objet d’un colloque international en novembre dernier à Lille qui a permis de révéler leur potentialité.
La capitale des Alpes n’est pas la première ville française à s’équiper de ces petits outils technologiques qui ont le vent en poupe. À Paris, le projet Air Citizen propose des mesures citoyennes de la qualité de l’air depuis 2015. Idem à Rennes, avec l’opération Ambassad’air.
À Grenoble, l’expérimentation Mobicit’air menée en 2016 – 2017 avait toutefois déjà introduit le concept. Une trentaine de Grenoblois s’étaient en effet portés volontaires pour promener leurs micro-capteurs partout dans l’agglomération. Un premier essai concluant selon Atmo, qui compte donc étendre l’opération.
Déjà plus de 300 volontaires
Certains usent déjà de leurs micro-capteurs depuis le début de cet hiver 2018 – 2019, dans le cadre de l’expérimentation intitulée Checkbox. Un tour de chauffe avant le lancement officiel de la captothèque au second semestre 2019.
Pour l’instant, Atmo Auvergne Rhône-Alpes est à la recherche de volontaires. La campagne s’adresse aux habitants et travailleurs de l’agglomération grenobloise.
Le nombre de places est limité mais déjà 301 personnes ont candidaté à Clermont-Ferrand, Grenoble et dans la communauté de communes pays du Mont-Blanc, selon le compteur du site captotheque.fr au 2 janvier 2019.
D’autres projets sont prévus sur le territoire de la métropole pour 2019. Études collaboratives et ateliers de construction de mini-stations de qualité de l’air devraient ainsi contribuer à sensibiliser le public. Une année tournée vers la question cruciale de la qualité de l’air à Grenoble, avant d’entrevoir peut-être une amélioration en 2020 ?
Jules Peyron