FOCUS – Le député européen Steeve Briois, également maire d’Hénin-Beaumont et vice-président du Rassemblement national, était de passage à Échirolles le 25 octobre dernier, à l’occasion d’un dîner-débat avec des militants. L’occasion pour l’élu de livrer un bilan du groupe politique Europe des nations et des libertés au Parlement européen. Et d’évoquer les prochaines élections européennes, un scrutin décisif pour le Rassemblement national qui devrait, estime le parti, donner le ton des échéances électorales qui suivront.
« Je souhaite pouvoir rencontrer les gens qui nous ont élus pour leur dire quel est le bilan de cinq années de présence au Parlement européen », explique Steeve Briois, député européen du Rassemblement national (RN) dont il est par ailleurs vice-président.
L’élu européen, qui est aussi maire d’Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais), a fait une courte escale à Échirolles, ce jeudi 25 octobre, pour participer, dans le cadre de ses activités parlementaires, à un dîner-débat avec des militants du cru.
Juste avant, ce dernier avait invité la presse pour dresser le bilan du groupe Europe des nations et des libertés (ENL) au Parlement européen. Une formation située à droite voire à l’extrême droite de l’échiquier politique européen, à laquelle appartiennent 16 élus du RN. L’occasion également d’évoquer les élections européennes des 23 et 26 mai 2019, sur lesquelles le RN mise gros, les estimant décisives pour les échéances électorales suivantes en France.
La politique migratoire de l’Union européenne dans le viseur
En 2014, le parti qui s’appelait encore Front national arrivait en tête des élections européennes en France avec un score de 24,8 %, soit 23 sièges de députés au Parlement européen. « Depuis, nous n’avons pas arrêté de travailler et nous sommes plusieurs députés à nous rendre dans différents départements dont l’Isère pour évoquer tout cela », indique Steeve Briois.
Une législature durant laquelle les élus RN « ont eu fort à faire », se souvient le maire d’Hénin-Beaumont, étant entendu que « chaque jour apporte son lot de nouvelles compétences à Bruxelles. Tout se décide vraiment là-bas ! », déplore-t-il. Steeve Briois se targue ainsi d’un combat sans relâche sur nombre de dossiers dont le plus emblématique est, à son sens, celui lié à la politique migratoire de l’Union européenne (UE).
« Tout cela ne sera pas sans conséquences à l’avenir puisque l’Europe fonctionne mal », affirme Steeve Briois. Dans son viseur, le plan Junker de 2015, du nom du président de la Commission européenne, qui fixe des quotas de migrants par pays. « Angela Merkel avait fait savoir qu’elle souhaitait en accueillir plus d’un million. Mal lui en a pris puisqu’elle le regrette profondément, se rendant compte que ce n’était pas la bonne solution », tacle l’élu. Un vrai problème, considère-t-il, puisque « avec l’espace Schengen ils peuvent circuler librement entre les différents États membres ».
Ce qui l’inquiète le plus ? « Le débit très important auquel nous serons confrontés dans les années à venir, l’Organisation des Nations-unies ayant estimé à environ 148 millions le nombre de personnes vivant sur le sol africain désireuses de quitter ce continent d’ici à 2050 », rapporte le député.
« Tout ce que nous subissons aujourd’hui en France vient de Bruxelles »
Autre cheval de bataille : « la brutalité de Bruxelles qui impose des réglementations dans tous les domaines ». Le groupe RN au Parlement européen considère, en effet, que le peuple français doit se prendre en main et « ne pas dépendre systématiquement du bon vouloir de Bruxelles ». « Les députés à l’Assemblée nationale passent leur temps uniquement à transcrire dans le droit français des directives issues de l’UE », ironise-t-il.
S’il convient que tout n’est pas forcément négatif, l’élu déplore qu’il faille subir des politiques « qui ne correspondent pas aux aspirations des Français ». Notamment sur les aspects de lutte contre le terrorisme, sur l’immigration et la lutte contre la délinquance. Autant de raisons pour lesquelles, estime le député, certains dirigeants européens essaient de limiter ce transfert de souveraineté.
D’autres griefs ? Steeve Briois n’en manque pas. Telle l’une des exigences de la Commission européenne (CE) de diminuer les dépenses de fonctionnement de la France pour limiter le déficit budgétaire. « La CE demande à la France d’appliquer des mesures d’austérité, c’est-à-dire la diminution des prestations sociales. Elle recommande de manière autoritaire à la France de diminuer son train de vie », rappelle l’élu. Tout comme, poursuit-il, cette autre demande de revoir la politique des retraites à partir de 2019.
« Ce qui se passe en ce moment sur ce sujet, ce n’est pas Macron, ça vient de la CE qui veut uniformiser les retraites ! », accuse-t-il. Bref, résume l’édile, « tout ce que nous subissons aujourd’hui en France vient de Bruxelles ! » Que souhaite le groupe RN ? « Une Europe à la carte. Construire un projet européen mais pas sous une forme de fédéralisme. On peut très bien avoir une coopération entre pays sans pour autant avoir autant d’obligations », propose Steeve Briois.
« Il y a une poussée importante des mouvements similaires au RN en Europe »
Quid des élections européennes de 2019 ? « Nous accordons beaucoup d’importance à ce scrutin parce qu’il va être décisif pour les prochaines échéances qui le suivront et parce que c’est peut-être un moment historique pour tous les “eurosceptiques” et les partis patriotes ou nationaux qui pourraient devenir majoritaires au Parlement européen », explique Alexis Jolly, conseiller municipal RN et assistant parlementaire de Steeve Briois.
Pour autant, rien ne presse. « La campagne ne sera pas lancée avant le mois de janvier. Les Français ont la tête ailleurs. Déjà que l’Europe ne passionne pas les foules, en parler avant les fêtes de Noël, ça peut faire flop. Tout cela sera élaboré en temps voulu », prévoit Steeve Briois. Le maire d’Hénin-Beaumont se réjouit néanmoins d’une nouvelle donne concernant ces élections.
« C’est en train de changer. Les peuples européens, que ce soient les Lituaniens, les Hongrois, commencent à se lever contre l’abus d’immigration, contre le laisser-aller, contre tout ce qui peut nuire à nos pays », constate l’élu. Ce dernier l’a observé, il existe une poussée importante des mouvements similaires au RN en Europe. « On les appelle nationalistes, populistes… Je préfère quant à moi le terme de patriotes, mais en tout cas c’est bien réel », se félicite-t-il.
S’inquiète-t-il d’un éventuel siphonnage de voix lié à la concurrence du parti Les Patriotes ? Pas vraiment ! « Je suis quasiment certain qu’ils n’iront pas jusqu’au bout des élections européennes parce que tous les sondages les donnent à moins de 1 % », affirme Steeve Briois. « C’est un gâchis, c’est tout ! », se désole-t-il encore. Et d’enchaîner en revenant au contexte local. « Quant à des gens qui nous ont quittés comme Mireille d’Ornano [députée européenne FN, ndlr], eh bien, bon vent ! », lance-t-il en guise de conclusion.
Joël Kermabon