EN BREF — L’Association départementale Isère Drac Romanche, en charge de la gestion et de l’entretien des digues, conteste les accusations de coupes massives d’arbres sur les berges de l’Isère, formulées publiquement par la Frapna. L’Adidr dénonce des chiffres surévalués, et défend le principe de coupes et de déboisement au nom de la sécurité des digues autant que de la variété des essences.
« Il ne s’agit pas d’éradiquer les boisements, il s’agit de les rajeunir. » Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’Association départementale Isère Drac Romanche (Adidr) n’a pas apprécié les critiques rendues publiques par la Frapna. La Fédération Rhône-Alpes de protection de la nature accuse en effet l’Adidr de coupes massives d’arbres le long des berges de l’Isère et du Drac, au nom de la sécurité des digues.
La Frapna surévalue les chiffres, affirme l’Adidr
Au bas mot, 200 000 arbres seraient menacés, selon les écologistes. Des chiffres que l’Adidr conteste dans un document réalisé pour l’occasion. Pour l’association en charge de la gestion et de l’entretien des digues, la Frapna surévalue le nombre de « sujets abattus ».
Son erreur de calcul ? En se basant sur le nombre d’hectares fauchés, tel qu’indiqué par la parution de l’Adidr L’Écho des digues, la Fédération oublierait que toutes les surfaces fauchées ne sont pas nécessairement déboisées, mais parfois juste débroussaillées. Et qu’un hectare cité « ne recouvre pas forcément une parcelle différente ».
« Sur la première phase de dix ans, on revient trois fois sur une même parcelle. Mais, alors que
l’on traite le dernier tiers, les cépées des deux premiers tiers sont déjà à l’âge adulte. Donc quand on parle de 3 hectares, ce peut être 1 hectare sur lequel on est revenu trois fois », écrit ainsi l’Adidr. Les coupes, dans ce cas précis, concernent donc « une végétation exubérante » dotée d’une croissance « particulièrement dynamique », située sur des zones précises.
Des coupes nécessaires pour la sécurité des digues
Pour autant, l’Adidr défend le principe de la coupe des arbres pour protéger les digues, notamment à proximité immédiate. Et énumère les dangers ou désagréments que représente la végétation : risques en cas de chute, érosion interne occasionnée par les racines, abris pour les animaux fouisseurs qui peuvent fragiliser à terme le corps de digue… et plus simplement gêne à la surveillance des ouvrages, quand la végétation s’avère trop dense.
« Il est clair que le débroussaillage est impératif aux abords de l’ouvrage : aucune surveillance ne peut s’effectuer en l’absence de visibilité », note ainsi l’association. Avant de rappeler que les digues, « milieu artificiel inséré dans un contexte naturel », n’avaient pas vocation initiale à accueillir autre chose que de l’herbe. « Les arbres présents sur le corps de digue […] s’y sont installés après coup, du fait de l’absence d’entretien, et surtout faute d’une stratégie globale », fait-elle remarquer.
Lutter contre la prédominance des espèces invasives ?
Face à ce fait accompli, un compromis de gestion de cette végétation a dû s’établir, plaide enfin l’Adidr. « Et comme tout compromis, il ne répond pas à 100 % aux critères des puristes, qu’ils soient du côté naturaliste ou du côté génie civil, voire du côté des cyclistes ou des promeneurs », ajoute-t-elle, assurant que les pratiquants de la bicyclette s’expriment, pour leur part, en faveur de coupes plus fréquentes.
Enfin, l’Adidr affirme que « la lutte contre les espèces invasives nécessite des interventions répétées et ciblées ». Les espèces invasives en question ? Les renouées, le buddleia ou l’acacia, qui prospèrent au détriment de leurs congénères. « Il est faux de croire que la biodiversité est nécessairement le produit du laisser-aller », écrit ainsi l’association de gestion des digues. Qui assure favoriser, à l’occasion des coupes, la repousse de certaines essences, pour mieux « agrémenter le paysage et contribuer au poumon vert que constituent les berges ».