REPORTAGE VIDÉO - Depuis 1992, la journée du 17 octobre est reconnue par les Nations unies comme la Journée internationale pour l'élimination de la pauvreté. Célébrée dans le monde entier, elle permet au grand public d’entendre la parole des plus démunis et de s’engager avec eux pour combattre la misère. Grenoble n'a pas manqué à l'appel : une trentaine d'associations locales ont tenu à marquer cette journée sous l'impulsion d'ATD Quart-monde.
« Là où des hommes sont condamnés à vivre dans la misère, les droits de l'homme sont violés. S'unir pour les faire respecter est un devoir sacré. » Cette déclaration extraite de l'appel du 17 octobre 1987 de Joseph Wresinski, le fondateur du mouvement ATD Quart-monde, traduit bien tout l'objet de la Journée internationale pour l'élimination de la pauvreté.
Reconnue par les Nations unies, cette journée est célébrée partout dans le monde chaque 17 octobre, et ce depuis 1992. Grenoble n'a pas été en reste puisqu'une trentaine d'associations, de collectifs ou d'organisations religieuses ont monté un stand commun rue Félix-Poulat ce mercredi 17 octobre, sous l'impulsion du mouvement ATD Quart-monde.
Faire entendre la voix des plus démunis
Les objectifs de cette journée ? « Faire entendre la voix des plus démunis, faire entendre ceux qui sont habituellement réduits à leurs difficultés, voire qui en sont jugés responsables », explique l'organisation de l'événement grenoblois. Il s'agit ainsi de rendre la parole aux “invisibles”, à ceux que l'on ne voit plus ou que certains ne veulent pas voir...
Mais aussi de raconter leurs conditions de vie indignes, leurs résistances quotidiennes ainsi que leurs aspirations. « On ne peut vaincre la misère qu’avec les premiers concernés », souligne le site Refuser la misère qui soutient cette démarche d'échange d'expériences.
Autre objectif de cette journée de célébration : mobiliser les citoyens et les pouvoirs publics. « La misère est une violation des droits humains fondamentaux. Elle n’est pas fatale et peut être combattue et vaincue, comme l’ont été l’esclavage et l’apartheid », plaident les organisateurs. Dès lors, il faut pouvoir comprendre « comment chacun, là où il est, peut agir » pour tenter de réduire la fracture de la misère, en attendant de l'éradiquer totalement, espèrent les associations.
« Le RMI, le RSA, la CMU, tout ça ce sont des combats politique ! »
« Joseph Wresinski a connu lui-même la misère. Il a dit aux associations qui aidaient les gens que ce n'était pas ça qu'il fallait faire mais que c'était aux précaires de décider ce dont ils avaient besoin », relate Jean-Christophe Herström, membre d'ATD Quart-monde, un mouvement qui a pour objectif l'éradication de l'extrême pauvreté. C'est d'ailleurs à ce mouvement que l'on doit le Revenu minimum d'insertion (RMI), le Revenu de solidarité active (RSA) ou encore la Couverture médicale universelle (CMU).
« Notre combat d'aujourd'hui c'est zéro chômeurs de longue durée. Toujours est-il que tout ça ce sont des combats politiques qui ont pris leurs racines dans l'analyse et la compréhension de ce que vivent les gens dans l'exclusion », expose Jean-Christophe Herström. Une exclusion dont personne n'est à l'abri.
« La misère peut frapper tout le monde, poursuit le militant, mais son étude montre que souvent c'est un phénomène qui se reproduit de génération en génération. » Pourquoi ? Parce que ces personnes cumulent un manque d'accès aux moyens de subsistance – la nourriture, le logement… – et l'impossibilité de se soigner. Autant de causes auxquelles se rajoutent le manque d'accès à la culture ou encore la peur de l'école. « Mais en ce moment il y a aussi quelque chose de très présent, c'est la misère des gens qui migrent en France », déplore Jean-Christophe Herström.
Pour les organisateurs, une chose est claire : « Il est temps de sortir des préjugés pour inventer ensemble une société où la misère ne soit plus acceptée ».
Joël Kermabon