FOCUS – Le Conseil métropolitain du 28 septembre va statuer sur le doublement du montant de la prime air-bois octroyée pour le renouvellement des appareils de chauffage au bois non performants. Ce coup de pouce devrait passer de 800 à 1 600 euros, voire de 1 200 à 2 000 euros selon les conditions de ressources. Si, globalement, la tendance est à la baisse pour les émissions de particules fines sur la Métropole, la collectivité souhaite amplifier son action pour aboutir à des résultats plus rapides.
« On observe sur la Métropole des éléments d’évolution tendancielle de baisse des niveaux de pollution. Néanmoins, 90 % de ses habitants restent exposés à un dépassement du seuil préconisé par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) pour les particules fines », rappelle Christophe Ferrari, le président de Grenoble-Alpes Métropole.
L’élu présentait, le 18 septembre dernier, l’évolution du dispositif métropolitain de la prime air-bois dont le montant va doubler. « Sous réserve du vote favorable du Conseil métropolitain de ce 28 septembre », s’empresse de préciser de président de la Métropole. Concrètement ? Le coup de pouce accordé pour le renouvellement des appareils de chauffage au bois non performants datant d’avant 2002 passera ainsi de 800 à 1 600 euros et de 1 200 à 2 000 euros pour les habitants disposant de peu de ressources.
Accélérer le renouvellement des appareils de chauffage au bois des particuliers
« La qualité de l’air est un sujet majeur pour les habitants de la métropole grenobloise et pour son attractivité », estime Christophe Ferrari. Or le chauffage au bois résidentiel non performant contribue pour une large part à la pollution aux particules. « Le chauffage au bois est responsable en moyenne annuelle de 44 % des émissions sur le territoire et [ce pourcentage grimpe, ndlr] jusqu’à 75 % lors des pics de pollution en période hivernale », explique le président.
On comprend dès lors que la réduction des émissions de particules par le chauffage au bois soit un axe majeur du Plan de protection de l’atmosphère (PPA) et de la feuille de route pour la qualité de l’air de l’agglomération grenobloise, adoptée en 2018.
Et l’on comprend pourquoi la Métropole souhaite mettre les bouchées doubles avec l’augmentation de la prime air-bois. L’objectif visé : créer un nouvel appel d’air pour accélérer le renouvellement des appareils de chauffage au bois des particuliers. Le tout en coordination avec l’État et les territoires voisins du Voironnais et du Grésivaudan.
Cerise sur le gâteau, cette aide pourra se cumuler avec d’autres aides financières d’État. Notamment avec la nouvelle aide MaPrimeRenov’. La subvention peut monter jusqu’à 20 000 euros. Une aubaine pour les particuliers puisque ces aides cumulées pourront atteindre de 45 à 75 % de la facture totale. Ce en fonction, bien entendu, de leurs revenus et du prix d’achat du nouvel équipement de chauffage.
Renouveler un tiers des 10 000 à 15 000 appareils du territoire
La métropole s’est fixé, en 2015, l’objectif de renouveler en cinq ans un tiers des 10 000 à 15 000 appareils non performants, utilisés de manière régulière ou occasionnelle sur le territoire. De quoi permettre une diminution de 10 à 30 % des émissions de particules du secteur résidentiel.
Au bout de trois ans de fonctionnement de la prime air-bois, un bilan de la Métropole adossé à une étude de l’Ademe Rhône-Alpes – partenaire et financeur du dispositif – a révélé que seules 1 041 primes avaient été attribuées entre son lancement en 2015 et juillet 2018. Soit 400 dossiers par an, « ce qui est trop lent », regrette Christophe Ferrari.
Les causes de ce retard à l’allumage ? Le temps de montée en charge du dispositif, de l’information, de la communication et aussi celui du bouche à oreilles. « Il nous fallait bien trois ans pour poser tous ces éléments-là », juge le président de la métropole.
Quant à l’efficacité du renouvellement de matériel en matière d’amélioration de la qualité de l’air, elle n’est plus à démontrer. « Le remplacement d’un appareil non performant par un appareil de niveau Flamme verte 7 permet de diviser par huit en moyenne les émissions de particules », affirme Atmo Auvergne Rhône-Alpes.
« L’odeur du poêle à bois fait partie d’une ambiance particulière »
« Nous sommes dans des éléments d’incitation forts. Pour nous, l’idée c’est que c’est une deuxième étape. Nous nous sommes inspirés des résultats encourageants de la vallée de l’Arve qui se sont traduits par une hausse de près de 70 % des dossiers reçus », indique, optimiste, Christophe Ferrari.
L’élu en est convaincu, savoir communiquer est primordial pour aller de l’avant dans ce domaine. « Nous allons proposer aux élus métropolitains de renforcer les moyens d’animation et de communication autour de ce nouveau dispositif auprès des particuliers comme des professionnels », assure-t-il.
Pour autant, les bonnes intentions ne suffisent pas toujours. Ce changement de matériel ne s’avère pas aussi simple qu’il y paraît au premier abord et peut même se heurter à une forme de résistance “culturelle”. De fait, les habitudes et usages sont tenaces.
« L’odeur du poêle à bois fait partie d’une ambiance particulière qui fait que, parfois, il est difficile pour certains habitants d’imaginer une reconversion parce qu’on est content de sentir le bois brûler dans son salon », illustre Christophe Ferrari. Sauf qu’en corollaire, ça veut dire aussi « respirer des niveaux de particules extrêmement forts », souligne-t-il. De quoi y réfléchir à deux fois…
Joël Kermabon