A Grenoble, la question de la sécurité et des violences dans l'agglomération agite la classe politique. Mais, pour l'heure, rien ne bouge...

Oppositions muni­ci­pales et… extra-muni­ci­pale demandent des comptes au maire de Grenoble

Oppositions muni­ci­pales et… extra-muni­ci­pale demandent des comptes au maire de Grenoble

EN BREF – Les oppo­si­tions muni­ci­pales et extra-muni­ci­pales montent au cré­neau sur la ques­tion de la sécu­rité. Et demandent au maire de Grenoble Eric Piolle d’a­gir pour ten­ter de contrô­ler le regain de vio­lences dans l’ag­glo­mé­ra­tion… voire de céder sa place.

Conseil municipal de Grenoble. 6 mars 2017. © Yuliya Ruzhechka - Place Gre'net

Conseil muni­ci­pal de Grenoble. 6 mars 2017. © Yuliya Ruzhechka – Place Gre’net

A gauche, le Rassemblement de gauche et de pro­grès réclame depuis début sep­tembre la tenue en conseil muni­ci­pal d’un temps de pré­sen­ta­tion et d’é­changes autour de la ques­tion des moyens et des par­te­na­riats de la Ville de Grenoble sur les ques­tions de sécu­rité. Objectif affi­ché : « pré­sen­ter ce qui est fait et les zones de dif­fi­culté à sur­mon­ter collectivement ».

Un peu plus au centre, Paul Bron au nom de Go Citoyenneté demande la mise en place d’un conseil muni­ci­pal extra­or­di­naire sur la sécu­rité à Grenoble dénon­çant l”« absence de tra­vail de fond qui nous per­met­trait de vrai­ment réduire le niveau des pro­blèmes ».

À droite, Matthieu Chamussy réclame la créa­tion d’une mis­sion d’in­for­ma­tion et d’é­va­lua­tion pour faire la lumière sur les moyens mis en œuvre au sein de la police muni­ci­pale après les diver­gences de chiffres entre Eric Piolle et les repré­sen­tants des forces de l’ordre.

Les pro­po­si­tions fusent pour ten­ter de pré­sen­ter un front uni

Sur la ques­tion de la sécu­rité, à peu près tout le monde y est allé de son laïus. Jusqu’au pré­sident du Département de l’Isère qui – à l’oc­ca­sion de la signa­ture de la conven­tion de par­te­na­riat faci­li­tant la mise à dis­po­si­tion des images des vidéos du PC Itinisère aux forces de l’ordre –, s’est fendu d’un mes­sage tout poli­tique à l’a­dresse du maire de Grenoble.

Policier municipal - DR

DR

« On peut faire toutes les décla­ra­tions poli­tiques, dire “c’est pas de ma faute”, la délin­quance est l’affaire de tous, sou­li­gnait Jean-Pierre Barbier (LR). Et ce qui manque, ce sont les actions. »

Qu’est-ce qui sor­tira de toutes ces pro­po­si­tions ? Sollicité à ce sujet, le prin­ci­pal inté­ressé, Eric Piolle, ne pipe (pour l’ins­tant) mot. Mais un autre l’a fait à sa place. Une nou­velle fois, Alain Carignon a fait irrup­tion dans le débat, sai­sis­sant au vol les annonces faites par le maire de Grenoble dans la presse, et contre­dites par les repré­sen­tants des agents muni­ci­paux.

Celui-ci n’hé­site pas à par­ler de « fake news ». Sur le nombre de poli­ciers (100 ver­sus 87), leur arme­ment (les Tasers, pré­vus mais pas encore arri­vés, équi­pe­ront les seules bri­gades de nuit), sur le nombre de camé­ras de vidéo-sur­veillance ou l’ef­fec­ti­vité des camé­ras-pié­tons, en attente des textes régle­men­taires pour être actionnées.

Le maire de Grenoble est-il allé trop vite en besogne ? « Coup de com », tancent les uns, « effet de panique à bord », dénoncent les autres. C’est que, sur fond de vio­lences désor­mais chro­niques dans l’ag­glo­mé­ra­tion, le sujet est sen­sible alors que les trente pre­miers quar­tiers éli­gibles au dis­po­si­tif de police de sécu­rité du quo­ti­dien voient arri­ver les renforts.

Un vœu pour récla­mer « ins­tam­ment » la PSQ de pure perte ?

Ce dis­po­si­tif, la Ville de Grenoble le réclame mais éga­le­ment les com­munes d’Échirolles et de Saint-Martin-d’Hères, qui n’en finissent pas d’in­ter­pel­ler Gérard Collomb depuis que l’ag­glo­mé­ra­tion a été mise sur la touche, écar­tée de la pre­mière vague. Les séna­teurs Michel Savin et Frédérique Puissat y sont aussi allés de leur mis­sive au ministre de l’Intérieur.

Union de façade ? Le groupe de Rassemblement de gauche et de pro­grès pro­pose l’a­dop­tion au conseil muni­ci­pal du 24 sep­tembre d’un vœu adressé au Premier ministre lui deman­dant que l’ag­glo­mé­ra­tion intègre « ins­tam­ment » le dis­po­si­tif de PSQ.

Employant un nou­veau mode de com­mu­ni­ca­tion, Eric Piolle inter­pelle Gérard Collomb devant les écrans de vidéo-sur­veillance du tra­fic (cap­ture d’écran)

Autant de pro­po­si­tions que vili­pende Alain Carignon. « Non, Grenoble n’a pas besoin non plus de « mis­sion d’information », de « mettre les acteurs autour de la table » (!) ni de « conseil muni­ci­pal extra­or­di­naire » sur le sujet de la délin­quance. « La situa­tion est connue grâce aux conseils de pré­ven­tion de la délin­quance. Les élus ne peuvent pas conti­nuer à rem­plir le vide de leur pen­sée avec de la demande de “réunio­nite” ».

L’ancien maire de Grenoble va plus loin. Rebondissant sur les « affaires judi­ciaires qui s’interposent dans le calen­drier comme une bombe à frag­men­ta­tion », il n’hé­site pas à conseiller au maire de Grenoble de… céder sa place. « Il appar­tient désor­mais à Eric Piolle d’en tirer les consé­quences et déter­mi­ner en conscience les condi­tions dans les­quelles il peut rendre le pou­voir de déci­der aux Grenoblois ou char­ger lui-même un membre de sa majo­rité d’assurer l’intérim jusqu’à la fin du man­dat afin de per­mettre au conseil muni­ci­pal d’engager la bataille. »

La bataille ? Pour le repré­sen­tant de l’État en Isère, la balle est pour l’heure dans le camp des col­lec­ti­vi­tés locales. Car, pour ce qui est de l’é­li­gi­bi­lité de l’ag­glo­mé­ra­tion gre­no­bloise au dis­po­si­tif de PSQ, comme le pré­fet de l’Isère nous l’a confié dans un entre­tien à suivre, il fau­dra vrai­sem­bla­ble­ment attendre 2020…

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Patricia Cerinsek

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