FOCUS – Le PCF Isère fait une rentrée énergique. Plus que jamais décidée à lutter contre la politique d’Emmanuel Macron, la fédération relaye une pétition nationale du parti dénonçant la formule présidentielle du « pognon de dingue » voué aux prestations sociales. Une pétition que les communistes isérois comptent bien faire signer simultanément à la Foire de Beaucroissant et à la Fête de l’Humanité… tout en préparant une exposition sur Georges Marchais.
Rentrée sur les chapeaux de roues pour la fédération iséroise du Parti communiste français. Toujours aussi remontés contre la politique menée par Emmanuel Macron et Édouard Philippe, les communistes s’opposent plus que jamais à celui qu’ils appellent « le président des riches ».
Ils n’ont toujours pas digéré sa petite phrase, savamment médiatisée, sur les prestations sociales qui coûteraient à l’État « un pognon de dingue ». « Les évadés fiscaux nous volent un pognon de dingue, rendez l’argent ! », tel est le message que va donc diffuser le PCF dans une pétition sous forme de carte postale, à remplir et envoyer (gratuitement) au palais de l’Élysée.
Les exigences portées par le parti ? Une revalorisation des minimas sociaux, le 100 % Sécurité sociale et de meilleures retraites, la création d’un « Fonds européen pour le développement du service public » et l’organisation d’une « Cop [Conference of parties] fiscale mondiale ».
Un message que les communistes comptent bien porter dans la rue le 9 octobre, date de la première mobilisation sociale, avec l’espoir d’une « convergence des luttes ». Mais aussi en octobre, au moment du retour du secrétaire général du parti, Ian Brossat, sur les terres iséroises pour préparer les européennes. Ou encore à l’occasion du congrès extraordinaire, fin novembre.
Des stands à Beaucroissant et à la Fête de l’Huma
Enfin, les pétitions seront largement diffusées lors de deux grands rendez-vous pour le PCF de l’Isère : la Foire de Beaucroissant et la Fête de l’Humanité, l’une ayant lieu en Isère, l’autre à Paris durant le même week-end… Des événements qui ont demandé de mobiliser près de 80 bénévoles, et cela bien au-delà de deux ou trois jours.
La présence des communistes isérois n’est pas une surprise à la Foire de Beaucroissant. En y proposant comme chaque année un stand de restauration, ils espèrent autant diffuser un discours politique… que remplir les caisses. « C’est une ressource de financement pour nous. On ne fait pas de grande gastronomie, mais on essaye de pratiquer des tarifs abordables et ça nous sert de financement pour les initiatives », explique Michel Grégot, en charge de l’équipe.
À la Fête de l’Huma, l’Isère n’avait en revanche pas eu de stand propre depuis 2010, précisément parce que la Foire de Beaucroissant mobilise beaucoup de militants. « Cette année, s’est constitué un noyau de quelques personnes qui voulaient participer à ce grand rassemblement », se réjouit Antonin Grandfond, en charge des “opérations”. Avec la promesse d’un « niveau d’ambition pas vu depuis plusieurs décennies », ajoute-t-il.
Au programme ? De la restauration, là encore, et l’occasion surtout de présenter des produits locaux, depuis les ravioles jusqu’à la Chartreuse, en passant par la bière de Sassenage. « L’Isère revenant sur la Fête, c’est assez symptomatique du fait que, contrairement à ce que certains voudraient, le PC n’est pas mort ! », se réjouit Antonin Grandfond. Qui évoque une « dynamique de rajeunissement », avec une moyenne d’âge des bénévoles autour de 40 ans.
Ventes solidaires de fruits et légumes
« Le parti communiste se donne pour offrir des moments populaires », souligne l’ancienne sénatrice communiste Annie David, chef de file de la fédération iséroise. Ce type d’événements repose en effet beaucoup sur l’implication des militants. « On va finir sur les rotules, mais on a envie de le faire pour notre parti », résume Michel Grégot.
Et quoi de mieux, une fois sur les rotules, que de recommencer ? Dès la semaine suivante, le PCF Isère organise ses traditionnelles « ventes solidaires de fruits et légumes », en partenariat avec le Mouvement de défense des exploitants familiaux (Modef). Des ventes à prix producteurs qui se dérouleront du vendredi 21 septembre au lundi 24 septembre sur neuf villes* et dix points de vente. Autant dire que les communistes isérois ont bien l’intention d’occuper le terrain.
FM
* Le vendredi 21 au Pont-de-Claix (13 h 30 – 15 h 30), à Saint-Martin-d’Hères (16 h 30 – 18 h 30), Eybens (16 h 30 – 18 h 30) et Saint-Marcellin (17 h 30 – 19 h 30) ; le samedi 22 à Échirolles, Rives et Domène (10 heures-12 heures) ; le dimanche 23 à Vizille et Grenoble Capuche (10 heures-12 h 30) ; enfin, le lundi 24 à Grenoble Villeneuve (9 heures-12 heures).
LE PCF ISÈRE SALUE LA MÉMOIRE DE GEORGES MARCHAIS
Les locaux du PCF Isère, rue Guaymard à Grenoble, inaugurent le lundi 24 septembre à 18 heures une exposition consacrée à Georges Marchais, secrétaire général du parti de 1972 à 1994.
Créée à Paris, l’exposition sera présentée aux Isérois en présence de ses enfants. « Nous avons envie de parler de l’homme qu’il était, pas seulement de l’homme politique. Il y aura un temps d’échange sur sa vie privée, familiale, sur son parcours de militant… », explique Annie David. Il est vrai que Georges Marchais reste dans les mémoires, tant tout pour son militantisme énergique que sa faconde et son phrasé singuliers, lui qui incarna, pour toute une génération, la voix du Parti communiste français.
« Fais les valises, on rentre à Paris », « Ce n’était peut-être pas votre question mais c’était ma réponse »… Les phrases “cultes” prononcées par Georges Marchais ne manquent pas. Y compris la célèbrissime « Taisez-vous Elkabbach »… qu’il n’a en réalité jamais prononcée.
Histoire et autodérision
Georges Marchais, décédé en 1997, compte-t-il encore pour les jeunes membres du Parti communiste ? « Ça parle plus aux anciens qu’aux jeunes, mais l’important dans cette exposition c’est le lien entre Georges Marchais et son époque, et ce que sont aujourd’hui les communistes », estime Annie David.
https://www.youtube.com/watch?v=WJnFHzDwdmk
Lui-même jeune militant, Antonin Grandfond assure pour sa part que les jeunes communistes s’intéressent à l’histoire de leur parti. De là à dire que la figure de Georges Marchais les concerne… « On est tombé dans un travers inverse : on n’est pas du tout dans le culte de la personnalité. Et peut-être qu’on a un problème là-dessus, parce que du coup on ne veut pas de leaders ! », considère-t-il, philosophe.
Georges Marchais reste encore dans les mémoires pour avoir été longuement moqué. Sous les traits d’un cochon dans le très populaire Bébête Show, raillé par Thierry Le Luron ou Desproges… « Personnellement, je ne suis pas réfractaire à l’autodérision », s’amuse Antoine Grandfond. « Il faut savoir rire de nous-mêmes ! », enchérit Michel Grégot. Preuve que le temps réconcilie les âmes ?