FOCUS – Douze écoles à Grenoble relevant de l’éducation prioritaire bénéficient, pour cette rentrée, de classes en CP et CE1 en petits effectifs, et donc d’instituteurs supplémentaires, à la faveur de la politique du dédoublement des classes menée par l’État. Approuvant cette mesure, la Ville de Grenoble bataille néanmoins pour élargir la liste des écoles bénéficiaires.
Plus de 13 000 élèves font leur rentrée ce lundi 3 septembre dans 78 écoles maternelles et primaires grenobloises. « Il n’y a pas d’endroit critique cette année », indique Eric Piolle, maire de Grenoble.
Seule l’école Nicolas Chorier se trouve en saturation complète. Les enfants arrivés récemment dans le quartier Saint-Bruno feront donc leur rentrée dans les écoles voisines.
Parmi les faits marquants de la rentrée, 49 écoles grenobloises ont subi des travaux pendant l’été pour différents motifs : rénovation thermique, mise en sécurité, dédoublement de classes…Montant de l’enveloppe annuelle de ces travaux : 1,5 million d’euros par an. Ces chantiers ne seront sans doute pas tous achevés le premier jour de rentrée des élèves. Mais cette année, la Ville a tenu à ce que les parents soient tenus informés des réalisations estivales par le biais d’une affiche présente sur les portes des écoles.
Des écoles réaménagées pour accueillir les nouvelles classes
L’actualité de cette rentrée 2018 est également caractérisée par la création de 18 classes supplémentaires dans 12 écoles* de Grenoble. Pour cinq écoles classées en Rep+ (Réseau d’éducation prioritaire), ce sont les classes de CE1 qui sont dédoublées ; pour les sept autres classées en Rep, le dédoublement concerne les cours préparatoires (CP).
Dans ces écoles, les petits grenoblois vont avoir droit à des classes allégées de 12 à 15 élèves. Des conditions idéales pour les apprentissages.
Ce sont ainsi 18 postes d’enseignants qui viennent renflouer les équipes enseignantes pour la rentrée.
Décidée par le ministre de l’Éducation nationale Jean-Michel Blanquer, la politique du dédoublement des classes en CP et CE1 dans les écoles relevant du zonage d’éducation prioritaire se met petit à petit en place depuis 2017. À charge aux villes d’entreprendre les travaux. Au total, 600 000 euros seront consacrés à ce programme « dédoublement des classes », financé par la seule collectivité pour le moment car les demandes de financement adressées à l’État sont en cours de traitement.
« On n’a pas d’états d’âme : l’argent qu’on met là-dedans [pour les travaux des classes dédoublées, ndlr] est bien investi », déclare Fabien Malbet, adjoint aux écoles.
Les doubles classes seront au complet à la rentrée 2019, avec une trentaine de classes supplémentaires. Leur création implique nécessairement de transformer les locaux, soit en séparant en deux les grandes classes, soit en réaffectant des espaces à l’intérieur des écoles. En dernier ressort, quand l’espace manque… demeure le pis-aller des cloisons mobiles. La Ville a opté pour cette solution dans l’école Christophe Turc.
Pas de dédoublement pour les écoles assimilées Rep à Grenoble
Les premiers résultats des classes dédoublées semblent positifs, selon les élus en charge des écoles. Il faudra toutefois un peu de temps avant de tirer un bilan précis. Fabien Malbet espère juste que le gouvernement ne reviendra pas sur cette mesure de dédoublement des classes d’ici deux ans.
Dans un article sur BFMTV, Carla Dugault, vice-présidente de la FCPE, apporte pour sa part un bémol : les moyens humains mis sur les dédoublements le seraient au détriment d’autres élèves… Une affirmation balayée par le ministre lors de sa conférence de presse de rentrée.
Quant au maire de Grenoble Eric Piolle, il pointe les laissés pour compte de cette politique : les élèves des écoles Libération, Anatole France et Jean Racine, que la Ville assimile à des écoles prioritaires, non estampillées Rep.
« Le classement en Rep est attribué de manière arbitraire à une école, dès lors qu’elle est reliée à un collège prioritaire », explique le maire, déplorant cette pratique. Dans le cadre de la révision de la carte de l’éducation prioritaire d’ici la fin de l’année, la Ville compte bien, études à l’appui, convaincre l’Éducation nationale d’élargir ses critères de label « Rep » et « Rep+ ».
55 % du budget des projets écoles de la Ville dédiés aux écoles prioritaires
La Ville rappelle à cette occasion qu’elle accorde une attention particulière aux élèves en difficulté. Pas moins de 55 % de son enveloppe de financements des projets d’écoles sont ainsi fléchés vers les écoles classées en éducation prioritaire, lesquelles totalisent 40 % des effectifs.
Les écoles prioritaires et assimilées prioritaires bénéficient ainsi de moyens supplémentaires. Comme davantage d’éducateurs sportifs, d’intervenants du conservatoire de musique, de renforts d’agents territoriaux spécialisés des écoles maternelles (Atsem), d’un accès facilité au musée…
Un appel au bénévolat lancé par Élisa Martin
En partenariat avec l’Éducation nationale, la Ville pilote depuis plusieurs années un programme de réussite éducative permettant de la médiation familiale, du raccrochage scolaire, un accès aux soins, etc. en direction des 2 – 16 ans depuis 2008, et pour les 16 – 18 ans depuis 2016.
Toujours en vue d’aider les élèves en difficulté, Élisa Martin, adjointe au parcours scolaire exhorte, pour sa part, les Grenoblois à offrir leur temps et leurs compétences dans le cadre de séances de soutien scolaire. Pour devenir bénévoles, il suffit de se rendre dans la maison des habitants la plus proche de chez soi.
Séverine Cattiaux
* Sont classées en Rep les écoles Daudet, Beauvert, Christophe Turc, Marie Reynoard, et Verderet, Grand Châtelet, Jules Ferrey et Jouhaux.
Sont classées en Rep+ les écoles La Fontaine, Les Buttes, Le Lac, Les Trembles, Les Genêts, la Rampe et les Frênes.
DE NOMBREUX CHANTIERS PRÉVUS DANS LES ÉCOLES EN 2018 – 2019
Le « Plan écoles » 2015 – 2021 de Grenoble suit son cours. Il prévoit au total cinq écoles nouvelles ou agrandies et trois extensions, pour un investissement de 65 millions.
Démarre, cette année, la construction de l’école élémentaire Hoche, qui comprendra dix classes, ainsi que l’extension de l’école Diderot avec la création de trois classes.
Se poursuivent les chantiers dans les écoles Buffon et Saint-Bruno. Cette dernière, qui est une ancienne école privée devenue publique, doit être rebaptisée. Son nouveau nom sera annoncé lors du prochain conseil municipal. Enfin, le programme expérimental de rénovation thermique piloté par la SPL Oser – qui concerne les écoles Paul Painlevé, Ampère et Élisée Chatin – progressera durant les petites vacances scolaires.