FOCUS – Une nouvelle exposition de longue durée, baptisée Le Rêve blanc, occupe le dernier étage du Musée dauphinois de Grenoble. Son parcours revient sur quasiment un siècle de sports d’hiver dans les Alpes. Une exposition foisonnante qui pose autant la question du marketing que celle des évolutions sociales et technologiques… ou du futur des stations face aux changements climatiques.
« La montagne est notre culture ! » Évoquant la nouvelle exposition du Musée dauphinois de Grenoble, baptisée Le Rêve blanc, Chantal Carlioz chante les louanges de la montagne. Un univers que la vice-présidente du Département de l’Isère déléguée au Tourisme connaît bien pour être également maire de Villard-de-Lans.
Comme le suggère le sous-titre de l’exposition, « L’Épopée des sports d’hiver dans les Alpes », la culture de la montagne s’incarne beaucoup aujourd’hui dans ses attraits touristiques. La liberté des grands espaces, la ruralité, les valeurs montagnardes… autant d’éléments susceptibles pour la vice-présidente de donner « du sens à nos séjours », dans un département « siège du savoir-faire montagnard ».
C’est pourquoi le Musée dauphinois fait peau neuve avec Le Rêve blanc. Une exposition « de longue durée », décrit son directeur Olivier Cogne, qui remplace La Grande histoire du ski présente dans ses murs… depuis 1994. « Le temps nous semblait venu de revoir cet espace et de pouvoir aborder plus largement la question des sports d’hiver », explique encore Olivier Cogne.
Entre montagne fantasmée et réalités sociales ou technologiques
Le dernier étage du Musée dauphinois tente à présent de retracer l’histoire foisonnante du développement du tourisme dans les Alpes, au travers de documents parfois surprenants. À commencer par les publicités pour les stations de ski dans les années 60 : soucieuses de rivaliser avec les stations balnéaires, Megève ou L’Alpe d’Huez mettaient alors en avant le soleil plutôt que la neige pour attirer les vacanciers.
Car il convient de vendre une « montagne imaginaire », explique Le Rêve blanc. Élément terrible de la nature, la neige allait devenir avec l’essor du ski nordique une aubaine pour le développement économique des territoires montagnards durant la première moitié du XXe siècle. À condition de la fantasmer dans un imaginaire mirifique.
Au-delà de la seule question “marketing”, le Musée dauphinois s’attache à aborder les différents aspects du tourisme et des sports d’hiver dans les montagnes de l’Isère, en s’interrogeant sur sa dimension sociale et sociétale, ou en revenant sur la création des grandes stations de ski qui ont pris le pas sur les villages qui les abritent.
Au fil de documents écrits ou vidéos, qu’il s’agisse de plaquettes d’époque ou de réalisations didactiques, le parcours de l’exposition illustre les enjeux du développement touristique en Isère. Des pièces plus imposantes sont également proposées aux visiteurs, notamment une télécabine des années 50 qui aura de quoi faire frémir les personnes souffrant d’acrophobie.
Le jour où la neige ne tombera plus
Et comme il ne serait pas envisageable de parler du tourisme et des sports d’hiver dans les Alpes sans parler du ski, le musée ne manque pas d’exposer une partie de son importante collection, « sans doute une des plus importantes en France, si ce n’est la plus importante », note Olivier Cogne : plus de 1 000 paires de skis, allant des plus anciens aux plus contemporains. Avec la volonté de raconter l’humain derrière l’instrument, qu’il s’agisse du concepteur ou du compétiteur.
Tous les rêves ayant une fin, l’exposition se conclut sur une question délicate : quel futur pour les sports d’hiver et le tourisme en montagne face aux enjeux des changements sociaux et, plus encore, climatiques ? Entre canons à neige et développement d’un tourisme quatre saisons, où la randonnée, le vélo et autres activités d’extérieur ont toute leur place, les stations de montagne essayent d’anticiper ce jour… où la neige ne tombera plus.