EN BREF – Quatre ou cinq familles roms avec enfants, soit une trentaine de personnes, installées au bout de la rue Albert-Thomas quartier Mistral à Grenoble, ont été chassées par de « jeunes habitants », selon le Dauphiné libéré et la police. Puis ces jeunes ont mis le feu au campement, le samedi 9 juin dans la soirée. Pourquoi ont-ils commis de tels actes ? Interviewé, Karim Kadri, président de l’Union de quartier et du Collectif des habitants de Mistral lève un peu le voile sur les motifs de cette poussée de violence, qu’il condamne fermement.
Dans la nuit de samedi 9 à dimanche 10 juin, une « bande de jeunes » selon France Bleu a délibérément agi pour effrayer une trentaine de Roms et les faire partir du quartier Mistral, où ils squattent depuis deux ans à l’angle des rues Paul-Strauss et Albert-Thomas. La bande de jeunes avait, semble-t-il, prémédité son mode opératoire. Elle s’y est en effet, prise en deux temps.
D’après France Bleu, les « jeunes » ont d’abord menacé les familles roms de mettre le feu à leurs cabanons de fortune, qu’ils ont effectivement aspergés d’essence, leur but étant visiblement de les faire fuir. Ces dernières sont alors parties se réfugier dans un squat un peu plus loin.
Plus tard dans la nuit, les jeunes sont revenus et ont incendié l’un des cabanons. « Le feu [s’est propagé] à deux autres avant d’être éteint par les pompiers », indique France Bleu. Il n’y a pas de blessés à déplorer.
« Les habitants se plaignent régulièrement du comportement des Roms »
S’il condamne fermement et sans équivoque ces actes de violence « déplorables », Karim Kadri, le président de l’Union de quartier et du Collectif des habitants de Mistral (Cohamis), déclare toutefois ne pas être étonné. « C’était à prévoir. Heureusement qu’il n’y a pas eu de victimes », commente-t-il.
Selon lui, ces actes auraient pu être évités car lui et d’autres sentaient bien la tension monter. « Le dialogue était de plus en plus difficile avec les Roms qui n’arrivent pas à s’intégrer dans le quartier », explique-t-il.
C’est-à-dire ? « Les habitants se plaignent régulièrement du comportement des Roms, qui déversent les poubelles sur le sol, après les avoir fouillées ». On lui a aussi rapporté que « les Roms ne disent pas bonjour et jettent des regards provocateurs ».
« On ajoute de la misère à la misère qui existe dans notre quartier »
Le président de l’Union de quartier a également interpellé la Ville de Grenoble. Cette dernière lui aurait répondu qu’elle ne pouvait pas déloger les Roms, car ce n’est “pas humain, ni politiquement correct”. « Ou alors il faudrait qu’un huissier constate le déversement des poubelles dans les rues [lire le témoignage de Karim Kadri, ndlr], m’a-t-on expliqué ! Donc autant dire que personne ne peut rien faire », résume ce dernier.
Depuis, la situation s’est enlisée… « Comment voulez-vous que ça fonctionne ? lance le président, accablé. On ajoute de la misère à la misère qui existe dans notre quartier : chômage, jeunes qui dealent, etc. Les gens sont excédés. »
Et quand les autorités n’agissent pas, c’est la loi de la jungle qui prend le relais… « Le problème de l’accueil des Roms est une vraie problématique, reconnaît par ailleurs Karim Kadri. Les Roms ont droit à un logement digne. Le problème n’est pas seulement local mais national et même européen. »
Séverine Cattiaux