FOCUS – Le délégué interministériel à la sécurité routière Emmanuel Barbe avait rendez-vous avec les élus de l’Isère ce lundi 11 juin, dans les salons de la préfecture de l’Isère. Objectif de cette visite ? Convaincre du bien-fondé de la limitation de vitesse à 80 kilomètres/heure sur les routes départementales et nationales, et participer à la signature d’une charte entre les services de l’État et l’Association des maires de l’Isère.
« Défendre la ruralité, c’est faire en sorte que ses routes soient plus sûres. Vous imaginez un dépliant : “Ses clochers, ses villages, son patrimoine, ses morts” ? » On l’aura compris, Emmanuel Barbe, délégué interministériel à la Sécurité routière, n’a pas sa langue dans sa poche. Objectif de sa visite à la préfecture de l’Isère ce lundi 11 juin ? Participer à un forum avec les élus du département pour défendre les nouvelles mesures gouvernementales en faveur de la sécurité routière.
Et la mission d’Emmanuel Barbe n’est pas de tout repos : l’Isère est le trentième département qu’il parcourt, après un passage à Cahors, à Poitiers, à Montpellier ou encore dans le Jura. À chaque fois, la même mission : défendre la limitation de vitesse à 80 kilomètres/heure sur les routes nationales ou départementales. Une limitation localement dénoncée, autant par le président de la Région Auvergne-Rhône-Alpes que par le Conseil départemental de l’Isère ou les deux sénateurs Les Républicains du département.
Une mesure basée sur des données « incontestables »
La limitation de vitesse à 80 Km/h ? « C’est une mesure qui repose sur des données scientifiques incontestables et partagées dans le monde entier », assure Emmanuel Barbe. Le délégué interministériel l’affirme : tous les pays qui ont baissé leur vitesse de circulation voient les accidents et le nombre de morts sur les routes également diminuer. Tout comme cela a été le cas sur les routes de France où la mesure a été expérimentée.
Le représentant de l’État veut aussi battre en brèche l’idée que cette limitation produirait des effets “peloton”, en bloquant les voitures derrière les camions. « L’expérimentation a montré que c’est l’inverse : on étale la circulation en baissant la vitesse, c’est un effet de mécanique des fluides », affirme Emmanuel Barbe. Inutile encore de laisser entendre qu’une diminution de la vitesse autorisée rendrait les automobilistes incapable de respecter les limitations. « C’est un argument qui ne se vérifie pas », rétorque-t-il.
Mais surtout, Emmanuel Barbe veut plaider au nom de la ruralité, celle-là même qui se dit touchée par la limitation à 80 Km/h. « Est-ce que c’est défendre la ruralité que de jeter un voile pudique sur le fait que, si vous vivez dans une ville de plus de 100 000 habitants, votre risque de mourir sur la route est trois inférieur à celui qui vit en ruralité ? », lance le délégué interministériel. Pas question, dès lors, d’exempter certaines routes du dispositif, au nom de la sécurité de chacun mais aussi de la lisibilité du réseau.
Des élus convaincus ?
Emmanuel Barbe a‑t-il su convaincre les élus, venus en nombre à la préfecture de l’Isère pour l’écouter et le questionner ? « Les élus isérois sont le reflet de la population. Probablement que tous ne sont pas convaincus », reconnaît Daniel Vitte, président de l’Association des maires de l’Isère. Mais celui qui est également maire de Montrevel souligne que les élus feront naturellement appliquer la loi… tout en se montrant attentifs aux études et aux évaluations à venir.
Si l’attention s’est portée et focalisée sur les 80 Km/h, les mesures en faveur de la sécurité routière portées par le gouvernement ne se limitent pas à cela. Emmanuel Barbe rappelle ainsi la volonté de l’État de voir se développer de manière massive l’éthylotest anti-démarrage, de réprimer l’utilisation du téléphone au volant… ou de contrer la diffusion via les réseaux sociaux des emplacements de contrôles policiers sur les routes.
Une nouvelle charte entre l’État et les maires de l’Isère
Autant de mesures, parmi de nombreuses autres, qui nécessitent un relais local de la part des élus et des collectivités. « Il faut faire la sécurité routière avec tout le monde », clame Emmanuel Barbe. Ce n’est donc pas un hasard si la visite du délégué interministériel correspondait à la signature d’une nouvelle charte entre la préfecture de l’Isère et l’Association des maires de l’Isère sur cette thématique précise.
Le but de la charte : approfondir le partenariat entre les services de l’État et les communes, explique le préfet de l’Isère. « En cela, nous nous engageons à les informer sur la politique de sécurité routière, c’est-à-dire la déclinaison locale de toutes les mesures nationales qui sont prises », poursuit Lionel Beffre. Qui prend pour exemple les grandes campagnes de communication, mais aussi la formation à la sécurité routière des élus et des techniciens.
Informer, former et sensibiliser
Le préfet de l’Isère veut également mettre à disposition des maires les données nécessaires pour une meilleure appréhension de la sécurité routière, comme les bilans d’accidentologie dressés par l’Observatoire national de sécurité routière. Autre engagement de la charte : indiquer aux maires la politique de contrôles routiers menée par la préfecture sur leurs territoires.
« Informer, sensibiliser, former », résume Daniel Vitte. Pour qui la signature de cette charte, la troisième du genre, confirme la volonté des communes de lutter contre les accidents routiers. Limitations de vitesse ou non, « le dialogue, le partenariat, l’efficacité sont au rendez-vous entre l’État et l’Association des maires de l’Isère ! », s’enthousiasme-t-il.