FIL INFO – L’association Les Amis de la terre et des riverains ont saisi le Conseil d’État pour demander l’annulation de la prorogation en 2017 de la déclaration d’utilité publique du tunnel du Lyon-Turin. En dix ans, selon ces opposants à la ligne ferroviaire, les bases du projet et notamment les prévisions de trafic, ont notablement changé.
L’association Les Amis de la terre et plusieurs riverains ont, le 4 juin, comme annoncé il y a quelques mois, saisi le Conseil d’État pour demander l’annulation du décret prorogeant les effets de la déclaration d’utilité publique (DUP) du tunnel Lyon-Turin.
La déclaration d’utilité publique préalable aux travaux du tunnel transfrontalier signée le 18 décembre 2007 avait été prorogée en décembre 2017, à la demande de la société Tunnel euralpin Lyon Turin (Telt) chargée de la section transfrontalière, afin de poursuivre les acquisitions foncières jusqu’en 2022.
Mais, pour les opposants au Lyon-Turin, en dix ans, les bases du projet ont notablement changé. « Les promoteurs avaient notamment « prévu » que circuleraient dans les Alpes françaises les marchandises de 3,772 millions de poids lourds en 2017 (entre la route et le rail), soulignent-ils dans un communiqué. En réalité, c’est moins de la moitié qui a circulé sous les tunnels du Fréjus et du Mont-Blanc réunis et par les voies ferrées. »
Prévisions erronées pour les opposants, un « trompe-l’œil » pour ses partisans
Pour les opposants, les prévisions qui ont permis d’obtenir la DUP se révèlent donc être fausses et suffisent pour demander l’annulation de la prorogation de la procédure. Pour eux, « les pertes déjà prévues sur la base de ces prévisions seraient donc bien supérieures à celles annoncées initialement ».
Des chiffres que nuance le Comité pour la Transalpine. Les promoteurs du Lyon-Turin parlent d’« explosion » du trafic poids lourds en 2017. Selon eux *, quatre-vingt mille camions supplémentaires ont l’année dernière transité par les tunnels du Fréjus et du Mont-Blanc. Et sur la période 2014 – 2017, ce sont 150 000 poids lourds en plus.
Des chiffres certes inférieurs aux prévisions établies pour justifier la nouvelle ligne, concède la Transalpine mais pour qui « cette différence n’est en réalité qu’un trompe‑l’œil » car directement liée à la crise de 2009.
« Ces dernières années, les trafics transalpins ont dépassé leur niveau d’avant 2009 et affichent une dynamique durable sur l’ensemble du corridor méditerranéen reliant la péninsule ibérique à l’Europe centrale (17 % du PIB et 13 % de la population de l’UE). Faute d’infrastructures ferroviaires compétitives reliant la France à l’Italie, 92 % des marchandises sont transportées par la route. »
En février dernier, le conseil d’orientation des infrastructures a recommandé de repousser au-delà de 2038 les accès à la ligne, seconde phase du chantier du Lyon-Turin. Un rapport sur lequel le gouvernement doit désormais se prononcer avant que ne soit examinée par le parlement la loi sur les mobilités.
PC
* Le Comité pour la Transalpine se base sur les chiffres fournis par l’office fédéral des transports suisse et les sociétés autoroutières du tunnel du Mont-Blanc, du tunnel routier du Fréjus et celle exploitant l’autoroute reliant Gênes à Vintimille en Italie.