FOCUS – La Belle Électrique s’engage dans l’aventure des frigos solidaires mis à la disposition des plus démunis. La salle de concerts a soutenu le projet d’un groupe de six d’étudiants de l’IUT2 Gestion des entreprises et des administrations (GEA) qui, dans le cadre de leurs études, ont mené une campagne de financement pour installer un deuxième frigo solidaire grenoblois aux abords immédiats de la salle.
L’idée d’installer des frigos solidaires à destination des plus démunis n’est pas vraiment nouvelle à Grenoble puisqu’un exemplaire trône déjà, depuis décembre 2017, au restaurant Le 5. Il y a été installé à l’initiative de Pierre Pavy, le restaurateur notamment connu pour ses actions en faveur des plus précaires.
La nouveauté c’est qu’un groupe d’étudiants, les Freegos, de l’IUT2 Gestion des entreprises et des administrations (GEA) ait eu envie d’en implanter un second exemplaire aux abords de la salle de concerts la Belle électrique dans le cadre de leurs études.
Avec cette opération lancée ce mercredi 6 juin, la Belle électrique rejoint une initiative citoyenne lancée à Berlin et reprise en France par l’association Les frigos solidaires créée par Dounia Mebtoul, une jeune restauratrice parisienne.
Une initiative associant solidarité et lutte contre le gaspillage
Le principe des frigos solidaires ? Il est tout simple. Il s’agit de mettre un frigo en libre service devant un commerce ou un restaurant où tous ceux qui sont dans le besoin pourront prendre de la nourriture gratuitement et quand ils le souhaitent.
Comment est-il approvisionné ? Par les habitants et les commerçants du quartier. À charge pour la structure accueillante de garantir la propreté du frigo et de veiller au bon état sanitaire des produits proposés. Une initiative, associant la solidarité et la lutte contre le gaspillage alimentaire, qui prend tout son sens lorsque l’on sait que plus de quatre millions de Français sont en situation de précarité.
Que pourra-t-on laisser dans ces frigos ? « Des végétaux, des produits secs et des produits non périmés. Les surgelés, l’alcool, les viandes, poissons, produits cuisinés “maison” ou déjà entamés sont interdits », liste Arthur Bayle, l’un des jeunes étudiants de l’IUT2. Du reste, il sera bien difficile de se tromper car « il y a une étiquette apposée sur le frigo qui rappelle aux gens ce que l’on peut y mettre ou ne pas mettre », complète Maëlle Canudas de Witt, une étudiante participant également au projet.
« Nous avons lancé le projet, maintenant c’est à la Belle électrique de le faire vivre »
« Nous sommes vraiment partis de zéro pour ce projet. Campagne de communication, démarchages auprès des restaurateurs, vente de gâteaux pour financer le projet, relations avec l’association Les frigos solidaires, sensibilisation au projet des associations luttant contre la précarité… Ça n’a pas été facile et nous avons eu de la chance de tomber sur la Belle électrique. Nous avons lancé l’idée et maintenant c’est à elle de la faire vivre », explique Lena Corcelli qui fait, elle aussi, partie du groupe d’étudiants.
Pour autant, s’agissant d’un projet d’études, quid de la pérennité du projet ?
« L’idée c’est de continuer à travailler. Nous sommes toujours dans la dynamique de la promotion de cette solution. Nous ne voyons pas ça juste comme un projet d’études mais bel et bien comme un projet personnel qui s’est inscrit dans un projet d’études », assure la jeune femme.
Une attention aux autres dont se réjouit Alain Denoyelle, conseiller municipal délégué à l’action sociale de la Ville de Grenoble, fortement mobilisée dans la récupération de denrées alimentaires, notamment avec la Banque alimentaire de l’Isère.
D’ici fin juin, seize autres frigos seront installés en France
« Ce projet était intéressant pour ces étudiants. La solidarité est peut-être éloignée de leurs futures fonctions mais c’était là l’occasion de s’y intéresser, commente Alexis Boisson, professeur de droit à l’IUT2 GEA. Nous, les enseignants, nous étions là, un peu en retrait, pour les guider, les orienter dans un projet qu’ils ont monté et financé eux-mêmes. Un exercice très complet et qui les a passionnés. »
Quant à la Belle électrique, elle n’a pas été difficile à convaincre, trouvant d’emblée le projet intéressant. « Lorsque les étudiants nous ont contactés, nous nous sommes dit qu’il était très pertinent d’héberger ce frigo à la Belle électrique, puisque nous sommes nous-mêmes un restaurant, mais aussi pour faire vivre le quartier », explique Anne-Laure Poulette, sa responsable de la communication.
Or ces frigos solidaires semblent voués à un bel avenir. Pour preuve, d’ici la fin juin, seize d’entre eux seront installés en France et de nombreux autres projets sont en cours. Et comme l’on sait, ce sont les petits ruisseaux qui font les grandes rivières.
Joël Kermabon