REPORTAGE – Les meilleurs vignerons ont été récompensés à l’occasion du concours des vins de l’Isère organisé au Clos des Capucins à Meylan, ce lundi 4 juin. Le résultat de plusieurs heures de délibérations qui ont de quoi surprendre le non-initié.
Quand on se rapproche discrètement de ces rondes tables où trônent, éparpillés en quantité, bouteilles et verres vides, on est surpris par les mots qui nous tombent dans l’oreille.
Fraîcheur, tension, sincérité, fruité, équilibre… « Élise, tu mets un coup de cœur sur le trois ? », demande à sa voisine un homme affublé d’une barbe digne de Victor Hugo. Mais que font donc ces gens attablés ?
Tous participent à la septième édition du concours des vins de l’Isère, au Clos des Capucins, à Meylan. Deux cents bouteilles, une soixantaine d’échantillons de vins, cinq jurys composés chacun d’une dizaine de personnes, plusieurs médailles remises dans différentes catégories : l’événement est de taille. Le tout organisé conjointement par le Festival du Millésime et ses partenaires, la Chambre d’agriculture de l’Isère, le Syndicat des vins de l’Isère, Vitis Vienna, la Laiterie Bayard et le Vin des Alpes.
Médailles d’or et coups de cœur
L’objectif du collectif est clair : mettre en valeur les vins isérois. « On pense que pour qu’il y ait de grands vins en Isère il faut une synergie entre des viticulteurs et un public, avance Alain Gatheron, directeur du Festival du Millésime. Il faut que les gens se rendent compte de la qualité du vin produite par les vignerons. »
Pendant deux heures, donc, le jury attablé goûte les vins. Le spectacle vaut le coup d’œil : les participants entrouvrent les lèvres, font tourner le vin en bouche, le laissent quelques secondes au contact de leur palais… puis la recrachent dans un des crachoirs de dégustation posés sur les tables. Évidemment, il n’est pas question de finir ivre.
Au préalable, les vins ont été classés en différentes catégories, selon leur couleur et leur origine géographique. Ils se sont vu attribuer un chiffre, histoire de les anonymiser. Chaque jury a ensuite été chargé de remettre des médailles aux meilleurs d’entre eux : or, argent ou bronze. Pour d’autres bouteilles, le jury vote un coup de cœur. « On n’a pas le droit de décerner des médailles pour des vins qui ne sont pas des produits d’appellation », explique Alain Gatheron en référence au label AOC (Appellation d’origine contrôlée).
« Le premier critère, c’est qu’il n’y ait pas de déviance »
Comme les breuvages, les jurés viennent d’horizons variés : maître sommelier, journaliste spécialisé, œnologue professionnel… ou encore metteur en scène et comédien, en la personne de Serge Papagalli, invité d’honneur de cette édition 2018.
Restaurateurs au civil et « amateurs éclairés » de vin, Jean-Fabrice Quirin et Stéphane Bégué ont apprécié l’expérience. « C’était marrant », souffle le premier. On s’étonne de leur capacité à classer parmi la dizaine de vins qu’il leur est donné de tester.
« Il y a de la perception personnelle, c’est inévitable, répond Stéphane Bégué. Après, c’est le nez, la bouche, les sensations… Le premier critère, c’est qu’il n’y ait pas de déviance, que ce soit un vin fidèle à ce qu’on a envie de goûter. » Et de préciser, au vu de notre mine interrogative : « Une déviance c’est un côté aromatique qui n’est pas en place. »
Cette année, le concours a décerné quatre médailles d’or, au domaine du Loup des vignes dans la catégorie IGP Isère Rouge, au vignoble Chevalier Bayard dans la catégorie IGP Isère Blanc, ainsi qu’à Yves Cuilleron et à Christophe Pichon dans la catégorie IGP Collines Rhodaniennes Rouge (cf. palmarès complet en bas de l’article).
Après des applaudissements nourris saluant les vignerons triomphants, est venu le moment que d’aucuns attendaient avec une impatience croissante : l’heure du buffet, avec plusieurs dizaines de vins à déguster. Du vin qu’il était autorisé – et même conseillé cette fois ! – de ne pas recracher.
Samuel Ravier