EN BREF – Le Centre de Création de Recherche et des Cultures (Créarc) et l’Association de recherche et d’insertion sociale des trisomiques (L’Arist) s’associent pour présenter Jean l’éperdu au Petit Théâtre de Grenoble du 25 au 27 mai.
La pièce de théâtre Jean l’éperdu s’inscrit dans son temps. Son argument se construit autour du personnage éponyme. Son auteur et metteur en scène Fernand Garnier, le fondateur du Centre de création de recherche et des cultures (Créarc), la résume ainsi : « Jean est un jeune homme en situation d’échec scolaire. Il part à la dérive. Il fume du cannabis et deale à l’occasion. Son père voudrait qu’il travaille avec lui mais Jean quitte sa famille pour se rapprocher de Vito, un mafieux qui tient un bar où se croisent dealers et toxicomanes. Grâce à une rencontre, Jean réussit à s’extirper de cette vie-là. »
Sur le papier, Jean l’éperdu, pièce programmée au Théâtre de Grenoble (4 rue Pierre-Duclot) du 25 au 27 mai, paraît répondre au canevas assez traditionnel du récit d’initiation. Sa distribution sort toutefois de l’ordinaire puisque les dix comédiens à l’affiche ont été diagnostiqués déficients intellectuels.
Un partenariat entre le Créarc et L’Arist
« Depuis sa création, le Créarc travaille avec des secteurs très diversifiés de la population : des mineurs réfugiés, l’association des paralysés de France, des hôpitaux psychiatriques…, explique Fernand Garnier. L’Association de recherche et d’insertion sociale des trisomiques (L’Arist) voulait monter une troupe de théâtre professionnelle avec des personnes ayant des déficiences intellectuelles. Nous avons donc signé une convention ensemble et sommes chargés de la dimension artistique ». Un projet qui colle tout à fait à la vision citoyenne de celui qui promeut « un théâtre d’intervention qui participe aux mouvements culturels et aux changements de la société », précise le metteur en scène.
« D’un point de vue historique, c’est aussi une manière de renouer avec l’origine du théâtre qui, en Grèce, avait un lien très étroit avec la santé. Le grand théâtre d’Épidaure, par exemple, était un centre à la fois théâtral, religieux et de santé. Les gens venaient y soigner leur corps, leur âme. Et le séjour des pèlerins malades se terminait par des représentations. »
Pour les dix comédiens de Jean l’Eperdu, la pratique du théâtre a‑t-elle des effets bénéfiques ? « Nous avons vu des transformations en termes d’intégration dans le groupe, en termes d’élocution, d’expression, etc. Mais surtout, les responsables de L’Arist ou les familles nous disent avoir constaté des changements positifs dans la vie courante. »
Et pour le public ? « Je pense qu’il y a une démarche d’intégration sociale qui est très importante pour les comédiens puisque leur parole va être entendue. Cette création s’est faite avec eux. Elle parle donc beaucoup d’eux-mêmes. C’est donc l’occasion pour le public de les découvrir et de porter un autre regard sur ce qui peut être fait avec eux. »
Adèle Duminy
Infos pratiques
« Jean l’éperdu »
Texte et mise en scène de Fernand Garnier
Vendredi 25 mai 2018 à 20 h 30
Samedi 26 mai 2018 à 20 h 30
Dimanche 27 mai 2018 à 17 heures
Au Petit Théâtre de Grenoble (4 rue Pierre-Duclot)