FOCUS – Au collège olympique, classé en Réseau d’éducation prioritaire, le rectorat prévoit pour la rentrée la suppression de deux classes, en 6e et en 5e, alors que les effectifs de cet établissement grenoblois tendent à augmenter. L’ambiance pourrait aussi pâtir d’une équipe de surveillants qui s’effiloche. Parents délégués, personnels de la vie scolaire et professeurs ont lancé une pétition.
Pour que leur établissement, situé dans un quartier dit prioritaire, demeure attractif, les parents d’élèves et les professeurs du collège olympique ne sont pas avares en énergie. « Il y a tout un travail qui est fait depuis deux ans, avec le prof d’italien notamment et le proviseur aussi qui prend sa part, qui va dans toutes les primaires… Et cela a porté ses fruits. Il y a un peu moins d’évitement », cite en exemple Caroline Pellissier, déléguée des parents au collège olympique.
De fait, en décidant de supprimer deux classes à la rentrée 2018 – l’une en 6e, l’autre en 5e – les services départementaux de l’Éducation nationale lancent comme un signal inverse et brisent la dynamique amorcée. De quoi mettre en colère l’équipe enseignante et les parents délégués, qui demandent à l’inspection académique de renoncer à ses projets.
« Pourquoi de telles prévisions négatives ? »
Pour expliquer la classe de 6e en moins, l’Inspection académique avance que le nombre d’élèves de CM2 a baissé. Quid de la raison invoquée pour la suppression d’une classe de 5e ? L’Académie table sur le départ d’une bonne vingtaine d’enfants actuellement en 6e, qui quitteraient le collège olympique pour cause de déménagement ou pour s’inscrire dans un établissement privé. « Pourquoi de telles prévisions négatives ? », questionne Caroline Pellissier, déléguée des parents au collège olympique. Les parents des élèves de 6e ne leur ont, de surcroît, manifesté aucune remontée dans ce sens.
Mais suite à la suppression de ces deux classes, une hausse mécanique des effectifs dans les autres classes pourrait bien avoir lieu…
Qu’en dit Viviane Henry, directrice académique ? Que les élèves du collège olympique demeureront encore en dessous de 25 par classe, l’année prochaine – 25 étant la limite en Réseau d’éducation prioritaire (Rep).
« Si le collège continue à évoluer, tant mieux !, déclare Viviane Henry, qui prend au mot les parents délégués et professeurs, pour ensuite quelque peu les railler. Il y a un peu de contradiction dans tout cela. D’un côté les parents veulent que le collège continue de grandir en effectif et, de l’autre, ils redoutent qu’il n’y ait pas assez de places ».
« Je ne comprends pas leurs inquiétudes »
La défiance des parents et professeurs vis-à-vis des annonces, même provisoires, de l’académie n’est toutefois pas sans fondement… L’effectif moyen des classes augmentant, les enseignants ne pourraient plus disposer d’heures pédagogiques en nombre suffisant. Conséquences : les conditions d’apprentissage déclineraient sensiblement.
Les enseignants auraient moins de facilité pour dédoubler leur classe, comme ils le font sur certaines matières, comme la physique-chimie, moins de temps disponible pour organiser des activités culturelles, des sorties pédagogiques, en extérieur, etc. Autant d’aménagements des conditions de travail qui ne sont pas du luxe pour les élèves d’un collège classé en Rep.
Poursuivant dans son idée que les parents et profs crient avant d’avoir mal, la directrice affirme ne pas comprendre leurs inquiétudes. « Il n’y a pas de baisse de dotations sur les moyens horaires. Au contraire, elles sont plutôt en augmentation. Ce collège fait partie des collèges qui ont les plus grosses marges de fonctionnement. »
En tout état de cause, si erreur de prévision il y avait, une classe ou deux seraient ajoutées à la rentrée. « Ce que l’on a fait l’été dernier, rappelle Viviane Henry, puisqu’on a ouvert une classe en juillet ». Un argument qui ne rassure pas tant que cela le collectif des délégués de parents. « Ça se fait dans l’urgence et les profs y perdent des heures pédagogiques », commente Caroline Pellissier.
Des services civiques dépourvus d’autorité sur les élèves
Second grief contre l’inspection académique : la fonte de l’équipe des surveillants. « En 2012, il y avait cinq postes de surveillants en contrats pérennes et deux contrats aidés. Les effectifs du collège sont en hausse depuis et on se retrouve avec quatre postes de surveillants et deux services civiques », s’alarme Caroline Pellissier.
L’arrivée de deux services civiques, en lieu et place de deux contrats aidés, n’est vraiment pas de bonne augure.
Certes les contrats aidés n’étaient pas la panacée et il faut se résoudre à leur suppression… Mais les services civiques qui vont les remplacer sont, eux, sur des statuts encore moins bien taillés pour faire face aux missions de surveillance.
« Dans un collège, cela part vite en bagarre… prévient la déléguée des parents. Les services civiques ne pourront pas intervenir dans ces cas-là. Nous nous demandons bien à quoi ils vont être utiles. » La réponse de l’inspectrice ne risque pas de la rassurer : « Les services civiques, ce sont des gens volontaires qui, dans leurs missions, peuvent travailler en aide à la vie scolaire. Mais ni un service civique, ni un contrat aidé n’est un surveillant… »
Une pétition pour la « sauvegarde du collège »
La directrice académique devait rencontrer les professeurs et l’équipe de la vie scolaire ce vendredi 18 mai.
Activité professionnelle oblige, les délégués des parents ont eu, pour leur part, quelques difficultés à se libérer pour le rendez-vous prévu à 16 h 30.
En attendant, ils maintiennent leur pétition papier et en ligne dénonçant « un climat du collège en danger ».
Séverine Cattiaux