Lucille Lheureux. © Joël Kermabon - Place Gre'net

Déchets aban­don­nés à Grenoble : la Ville frappe les contre­ve­nants au porte-monnaie

Déchets aban­don­nés à Grenoble : la Ville frappe les contre­ve­nants au porte-monnaie

FOCUS – Le conseil muni­ci­pal de ce lundi 14 mai a voté une déli­bé­ra­tion fixant les tarifs pour l’en­lè­ve­ment des déchets aban­don­nés sur le ter­ri­toire de Grenoble. Un dis­po­si­tif qui vient ren­for­cer les nou­veaux outils mis en place pour pré­ser­ver la qua­lité de l’espace public. Ce qui n’a pas empê­ché Matthieu Chamussy, chef de file de l’op­po­si­tion de droite, de faire ses propres pro­po­si­tions sur la pro­preté ne récol­tant, à son grand dam, que l’in­té­rêt poli des conseillers muni­ci­paux de la majorité.

Conseil municipal du 14 mai 2018. © Joël Kermabon - Place Gre'net

Conseil muni­ci­pal du 14 mai 2018. © Joël Kermabon – Place Gre’net

À l’ordre du jour du conseil muni­ci­pal de ce lundi 14 mai, la déli­bé­ra­tion n° 14, essen­tiel­le­ment tech­nique, ne lais­sait pas augu­rer un débat de près de trois quart d’heures.

L’enjeu de la déli­bé­ra­tion ins­crite sous le thème domaine public ? Fixer les tarifs pour l’en­lè­ve­ment des déchets et encom­brants aban­don­nés par des citoyens indé­li­cats sur le domaine public ou autres lieux en infrac­tion avec la régle­men­ta­tion. Un nou­veau dis­po­si­tif de dis­sua­sion qui vient com­plé­ter la ver­ba­li­sa­tion pour jets de mégots et le non-ramas­sage des déjec­tions canines déjà mise en place par la Ville.

L’occasion pour Matthieu Chamussy, pré­sident du groupe d’élus LR-UDI et société civile, de faire ses propres pro­po­si­tions pour amé­lio­rer la qua­lité de l’es­pace public et que Grenoble puisse deve­nir « une ville ou l’on peut mar­cher en levant les yeux ».

Il en coû­tera désor­mais 150 euros ou plus aux contrevenants

Quid de cette nou­velle tari­fi­ca­tion ? Elle cor­res­pond aux frais de prise en charge « des déchets irré­gu­liers, notam­ment pour les dépôts sau­vages, les encom­brants et les ordures ména­gères dépo­sées en dehors des heures et jours auto­ri­sés », indique la muni­ci­pa­lité. Des frais qui recouvrent les coûts humains et maté­riels pour le dépla­ce­ment, l’enlèvement, le trans­port et l’évacuation en déchet­te­rie pour retraitement.

Problèmes de propreté dans Grenoble, déchets, détritus © Chloé Ponset - Place Gre'net

Encombrants dépo­sés rue Génissieu à Grenoble © Chloé Ponset – Place Gre’net

Il en coû­tera donc désor­mais 150 euros aux contre­ve­nants pour les déchets et encom­brants de moins d’un mètre cube trans­por­tables par un agent seul avec un véhi­cule clas­sique. Au-delà d’un mètre cube, ou à chaque fois que l’intervention néces­si­tera la pré­sence de deux agents ou l’utilisation d’un véhi­cule spé­ci­fique, ce sera la ron­de­lette somme de 300 euros que les contre­ve­nants devront débourser.

Pour ce qui concerne les déchets par­ti­cu­liè­re­ment lourds ou encom­brants ne pou­vant être enle­vés par les moyens cou­rants de la Ville, le tarif sera cal­culé « en fonc­tion du coût réel des moyens humains et maté­riels mobi­li­sés pour leur enlè­ve­ment et leur trai­te­ment », est-il pré­cisé dans la délibération.

« Le dis­cours de res­pon­sa­bi­li­sa­tion des habi­tants ne suf­fit pas »

« Ce signal fort donné aux indé­li­cats semble néces­saire », a reconnu Matthieu Chamussy, avant que son groupe ne vote la déli­bé­ra­tion. Le siphon étant amorcé, celui-ci a tou­te­fois élargi le débat à la pro­preté et plus glo­ba­le­ment à la qua­lité de l’es­pace public. « Nous ne pou­vons pas dire que vous êtes les seuls res­pon­sables de la situa­tion actuelle. Il ne serait pas venu à l’es­prit de beau­coup de Grenoblois de dire, en 2014, que les trot­toirs de la ville étaient propres », a raillé Matthieu Chamussy. D’ailleurs, les muni­ci­pa­li­tés qui se sont suc­cédé à Grenoble ne sont pas entiè­re­ment res­pon­sables, a‑t-il pour­suivi, arguant que « les seuls déchets et détri­tus sur l’es­pace public qui ne devraient pas y être [étaient] ceux dépo­sés par des gens ».

Lors du diagnostic en marchant, quartier Mistral à Grenoble, le 21 novembre 2017, une véritable déchetterie créée par les habitant peu soucieux de leur bien-être et ceux qui viennent de l'extérieur © Karim Kadri

Quartier Mistral à Grenoble, le 21 novembre 2017 : une véri­table déchet­te­rie sau­vage… © Karim Kadri

Si le dis­cours de res­pon­sa­bi­li­sa­tion des habi­tants porté par la Ville s’en­tend, « on ne peut pas tout fon­der sur ce dis­cours », a pon­déré l’élu. « Beaucoup de gens par­tagent la convic­tion que la situa­tion de pro­preté de l’es­pace public s’est dégra­dée ces der­nières années », a‑t-il déclaré tout en dédoua­nant les agents de la Ville.

Plusieurs causes à cela, diag­nos­tique-t-il. Notamment le manque de moyens humains, le sous-inves­tis­se­ment en maté­riels et, enfin, l’or­ga­ni­sa­tion. Sur ce der­nier point, Matthieu Chamussy pointe la dis­so­cia­tion entre les com­pé­tences voi­ries de la Métropole et celles de la pro­preté urbaine dont la Ville de Grenoble a la charge. Une dua­lité qui entraîne une cer­taine confu­sion dans l’es­prit des habi­tants qui ne savent pas tou­jours qui fait quoi.

Un fil de la Ville étendu aux réseaux sociaux ? Quid des encombrants ?

Justement, « que peut-on faire ?», ques­tionne Matthieu Chamussy. En l’oc­cur­rence, le conseiller muni­ci­pal n’est pas en panne d’i­dées. Quels sont les résul­tats enre­gis­trés par le fil de la ville, le numéro vert mis à la dis­po­si­tion des Grenoblois pour aler­ter la muni­ci­pa­lité sur les pro­blèmes liés aux espaces publics ? Est-il réel­le­ment effi­cient ? Pourquoi ne pas l’é­tendre et sai­sir les ser­vices concer­nés par d’autres moyens ? Notamment par le biais des réseaux sociaux « qui pour­raient être géné­ra­teurs de signa­le­ments utiles », pro­pose l’élu.

Conseil municipal du 14 mai 2018. © Joël Kermabon - Place Gre'net

Conseil muni­ci­pal du 14 mai 2018. © Joël Kermabon – Place Gre’net

Concernant le ramas­sage des encom­brants, il existe selon Matthieu Chamussy une diver­gence entre la Ville et la Métropole. « Il fau­drait savoir pré­ci­sé­ment ce qu’il en est des posi­tions res­pec­tives de la Ville de Grenoble par rap­port à celle de la Métropole », a‑t-il demandé.

Le pré­sident de groupe pro­pose éga­le­ment que les moyens humains et maté­riels soient aug­men­tés, autant en matière d’in­ves­tis­se­ments que de fonc­tion­ne­ment. « Vous avez appelé à la mobi­li­sa­tion géné­rale. La mobi­li­sa­tion géné­rale, c’est quand il y a une crise. C’est donc que vous recon­nais­sez qu’il y a une crise ! », a‑t-il lancé à Éric Piolle, le maire de Grenoble.

Éric Piolle lors du conseil municipal du 14 mai 2018. © Joël Kermabon - Place Gre'net

Éric Piolle lors du conseil muni­ci­pal du 14 mai 2018. © Joël Kermabon – Place Gre’net

C’est donc pour « témoi­gner de la mobi­li­sa­tion de tous » que Matthieu Chamussy pro­pose qu’au pro­chain conseil muni­ci­pal soit déci­dée « de manière consen­suelle, la créa­tion d’une mis­sion d’in­for­ma­tion et d’é­va­lua­tion sur la qua­lité et l’en­tre­tien des espaces publics, sur la pro­preté mais aussi sur le mobi­lier urbain ». Avec la volonté d’y asso­cier « les experts d’u­sages » que sont les asso­cia­tions et les habi­tants, pré­cise encore l’élu.

Autant dire que ces pro­po­si­tions n’ont guère trouvé d’é­cho dans les rangs de la majo­rité, le maire don­nant immé­dia­te­ment la parole à Lucille Lheureux, conseillère muni­ci­pale délé­guée aux espaces publics et à la nature en ville.

« Les ser­vices des espaces verts et de la pro­preté urbaine ont été préservés »

Cette der­nière va s’at­ta­cher à expli­quer la déli­bé­ra­tion avant de se lan­cer dans un dis­cours en forme de pané­gy­rique des ser­vices muni­ci­paux des espaces verts et de la pro­preté urbaine qui, « forte de ses 200 agents des espaces verts et ses 225 agents de pro­preté, par­ti­cipe chaque jour à l’embellissement de Grenoble ». Sans oublier les agents de l’é­clai­rage public, les agents du ser­vice voi­rie de la Métropole et des dif­fé­rentes direc­tions du ter­ri­toire. Mais aussi d’autres, comme ceux du Bureau d’é­tude et d’a­mé­na­ge­ment des espaces publics (Beaep), un ser­vice com­mun à la Ville et à la Métropole.

Lucille Lheureux explique la délibération. © Joël Kermabon - Place Gre'net

Lucille Lheureux explique la déli­bé­ra­tion. © Joël Kermabon – Place Gre’net

Le tra­vail effec­tué par la muni­ci­pa­lité dans le cadre du plan de sau­ve­garde des ser­vices muni­ci­paux ne pas­sera pas au tra­vers. « Les ser­vices des espaces verts et de la pro­preté urbaine ont été pré­ser­vés. D’une manière géné­rale, la masse sala­riale est en aug­men­ta­tion constante depuis plu­sieurs années », se féli­cite l’élue.

Qui pré­cise que « l’ab­sen­téisme est en baisse […], ce qui témoigne de la bonne santé de ces ser­vices ». Avant de signa­ler que la seule mesure de réduc­tion bud­gé­taire qui les a concer­nés a été l’ar­rêt des ren­forts pour ramas­ser les feuilles durant l’automne.

« On observe une nette dimi­nu­tion des signa­le­ments en matière de propreté »

Lucille Lheureux met en exergue le pas­sage à la jour­née conti­nue des agents de la pro­preté urbaine « qui a per­mis un gain de 10 % du tra­vail effec­tif avec une pré­sence des agents de 6 heures du matin à 19 heures chaque jour ». L’élue rap­pelle par ailleurs le mon­tant de fac­tu­ra­tion en cas d’af­fi­chage sauvage,

Marcher dans Grenoble en levant les yeux ? © Véronique Magnin - Place Gre'net

Marcher dans Grenoble en levant les yeux ? © Véronique Magnin – Place Gre’net

Les chiens dans l’es­pace public ? « Nous avons pro­cédé à 432 pro­cès-ver­baux dres­sés en 2016 et 2017 […] Par ailleurs, la Ville compte en son sein un édu­ca­teur canin qui dis­pense des cours gra­tui­te­ment à tous les Grenoblois afin d’é­du­quer les chiens et leurs maîtres au bon usage de l’es­pace public », pré­cise Lucille Lheureux.

De plus, ajoute-t-elle, une équipe de pro­preté par­ti­ci­pa­tive a été créée en février 2017, au cœur du ser­vice de la pro­preté urbaine, avec deux mis­sions : la média­tion et la pré­ven­tion des usages et des inci­vi­li­tés au quotidien.

Enfin, fin 2018, plu­sieurs agents seront asser­men­tés de façon à pou­voir ver­ba­li­ser en cas de mésusages.

Quant au fil de la ville, « on observe une nette dimi­nu­tion des signa­le­ments et des plaintes des habi­tants en matière de pro­preté […] tan­dis que la réac­ti­vité des ser­vices de la Ville a aug­menté », affirme Lucille Lheureux.

Des per­sonnes sabotent-elles le tra­vail des agents du ser­vice public ?

Un ron­ron quelque peu léni­fiant et ras­su­rant qu’est venu quelque peu trou­bler une décla­ra­tion de l’é­lue. « Vous nous avez inter­pel­lés M. Chamussy sur des ques­tions de pro­preté. Vous par­ti­ci­pez par­fois à créer une légende urbaine pro­vo­quée par cer­taines per­sonnes qui sabotent le tra­vail des agents du ser­vice public. »

Conseil municipal du 14 mai 2018. © Joël Kermabon - Place Gre'net

Conseil muni­ci­pal du 14 mai 2018. © Joël Kermabon – Place Gre’net

Un ange passe, puis l’ad­jointe muni­ci­pale relate un épi­sode dont « des agents de la ville ont été témoins der­niè­re­ment ». À savoir que « des indi­vi­dus dégradent volon­tai­re­ment l’es­pace public en vidant le contenu des cor­beilles dans les parcs, sur les places, pour faire ensuite des pho­tos et ainsi mettre en scène un état soit disant déplo­rable de la Ville », explique l’é­lue. « Face à ces dégra­da­tions, la Ville de Grenoble a donc décidé de por­ter plainte », a‑t-elle conclu.

Toujours est-il qu’à l’is­sue de ces échanges, rien n’aura vrai­ment per­mis de tran­cher sur la sup­po­sée saleté des espaces publics à Grenoble. Fantasme ou réa­lité ?

Joël Kermabon

Joël Kermabon

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