REPORTAGE VIDÉO – Dans le contexte de la refonte de son plateau interventionnel, le Centre hospitalier universitaire Grenoble Alpes (Chuga) a inauguré, le 30 mars dernier, son nouveau service de stérilisation. Alors que celui-ci vient d’être centralisé et entièrement modernisé, visite guidée de ce service indispensable au succès des gestes chirurgicaux tout autant qu’à la sécurité des patients.
Ça sent le neuf au Centre hospitalier universitaire Grenoble Alpes (Chuga). Avec la modernisation du site nord, le plateau technique est actuellement en cours de révision, tout comme le plateau interventionnel, avec notamment le renouvellement des blocs opératoires. Objectif : optimiser le fonctionnement du secteur de la chirurgie.
Le service de stérilisation fait office de pivot central dans ce nouvel ensemble dont l’achèvement est programmé en 2019. Ce dernier, désormais centralisé mais aussi entièrement modernisé, a été inauguré fin mars. L’occasion de découvrir ce service invisible pour les visiteurs et les patients du centre hospitalier.
Pas de stérilisation, pas d’opération !
Sans la stérilisation du matériel, les 26 000 opérations annuelles du Chuga – soit une centaine par jour – en comptant les hôpitaux Michallon, Sud Échirolles et le pavillon Couple Enfant, ne pourraient être réalisées dans des conditions d’asepsie impeccables. D’où le slogan de cette matinée consacrée à la visite des lieux : « Pas de stérilisation, pas d’opération ! »
De fait, « la stérilisation c’est le fait de pouvoir garantir qu’il y a une chance sur un million de trouver un micro-organisme vivant sur un matériel. Donc, son objectif est de pouvoir garantir au patient et au chirurgien qui va utiliser son matériel pour opérer qu’il n’y a aucun risque de transmission d’infections », explique le docteur Guimier-Pinguault, pharmacienne, responsable de la stérilisation.
Sécurité et mieux-être des patients
Que ce service occupe désormais une place centrale dans le plan du futur plateau interventionnel répond à la demande des chirurgiens et anesthésistes. En effet, ces derniers y voient-là deux principaux avantages : « La sécurité et le mieux-être des patients en éliminant les risques par un contrôle plus précis des flux de patients, de matériels et d’éléments souillés », précise le professeur Faucheron, spécialisé en chirurgie digestive et président du collège des chirurgiens du Chuga.
L’ « arsenal centralisé » gère la stérilisation de l’ensemble des objets et matériels qui vont servir à opérer le patient : « drapage opératoire, solutés, matériel stérile à usage unique ou réutilisable », énumère Cathy, une infirmière de bloc opératoire diplômée d’État (Ibode).
Un service de stérilisation pour plusieurs hôpitaux
Fini donc la multiplicité des salles de stérilisation. Dans la nouvelle configuration, le désormais unique et imposant service, relocalisé au rez-de-chaussée haut de l’hôpital Michallon, est en lien direct à l’étage avec tous les blocs opératoires via des ascenseurs permettant une jonction directe avec les salles d’opération.
La stérilisation centrale dessert aussi en matériel stérilisé les hôpitaux Couple Enfant et sud Échirolles. En volume, cela représente respectivement 15 et 25 % de l’activité du service. La desserte s’effectue par camions, en privilégiant les périodes creuses d’activité des différents services impliqués. Bientôt, s’ajoutera l’hôpital de Voiron dans le cadre de la stratégie de groupements hospitaliers de territoire (GHT).
Un processus de stérilisation optimisé par du matériel neuf
La centralisation de la stérilisation a aussi été l’occasion de moderniser le service. « Tout le matériel a été renouvelé. Aussi parce qu’il n’était pas possible d’arrêter la stérilisation du Chuga pendant les deux mois de travaux », explique la responsable de la stérilisation centrale.
Quel circuit emprunte le matériel réutilisable entre deux opérations ? Le vocabulaire associé au processus de stérilisation met clairement sur la voie : traçabilité, pré-désinfection, marche en avant du sale au propre, sas pressurisé pour refouler les microbes en zone sale confinée. Mais encore lavage et contrôle du matériel, recomposition des boîtes d’instruments et stérilisation à la vapeur d’eau en zone propre surpressurisée. Mais quoi de mieux que quelques images pour suivre un cycle de stérilisation dans l’enceinte du centre hospitalier.
Reportage Véronique Magnin
Cinq heures minimum pour un cycle de stérilisation
La durée d’un cycle ? De cinq à dix heures. Seulement cinq heures si le processus de stérilisation peut s’effectuer en flux tendu lorsque les laveurs sont immédiatement disponibles et les opérateurs de stérilisation en nombre suffisant pour effectuer la recomposition des boîtes. L’effectif total du service ? Cinquante personnels qualifiés (cf. encadré) pour 31 postes occupés par jour.
Parce qu’il a un impératif de production en continu, le service fonctionne de 6 à 21 heures du lundi au vendredi et de 7 à 20 heures le samedi. Mais également quinze dimanche par an pendant les périodes de vacances scolaires d’hiver, toutes zones confondues, ainsi que le 14 juillet et le 15 août. Ce, en lien avec la traumatologie de la montagne.
Des packs opératoires programmés pour stocker les boîtes stérilisées
Une fois stérilisé, le matériel est stocké, avant les interventions, au sein de l’“arsenal” central. « Nous travaillons sur la création de packs opératoires programmés (Pops) pour simplifier l’accès au matériel prêt à l’usage », explique le Pr Faucheron.
Là, avant leur acheminement en salle d’intervention, les boîtes d’instruments stérilisées et plombées des deux côtés en gage d’inviolabilité seront entreposées par type d’intervention.
Sachant que plusieurs boîtes différentes sont fréquemment utilisées par les chirurgiens, chacune contenant « les instruments nécessaires à la réalisation d’une séquence d’une spécialité », précise encore le chirurgien.
Y seront également stockées les boîtes contenant le matériel implantable pour certains types de chirurgie, comme la pose de prothèses de hanche, de genou ou de stimulateur cardiaque (ou pacemaker). En résumé, que des avantages : « un unique lieu de stockage permet de gagner de la surface et du temps pour le mieux-être du malade », complète le Dr Faucheron.
Ainsi peut s’opérer en toute sécurité pour le patient le cycle perpétuel des interventions.
Véronique Magnin
DES OPÉRATEURS FORMÉS EN INTERNE
La centralisation de la stérilisation possède aussi un autre avantage. Celui de permettre l’absorption du coût de formation du personnel. « Maintenant que nous sommes dans des stérilisations complètement centralisées, il y a une technicité plus importante, surtout l’étape où on fait la recomposition de la boîte de chirurgie. C’est un métier qui incombait avant aux infirmières de bloc et qui aujourd’hui est réalisé par les opérateurs », souligne le Pr Faucheron. « Ils sont autant que possible polyvalents car ils peuvent changer de poste d’un jour à l’autre mais aussi sur une journée en fonction du flux d’activité des blocs », complète Catherine Guimier Pingault.
« Il n’existe pas de diplôme spécifique »
Les chefs et les opérateurs des équipes de stérilisation « sont essentiellement des ouvriers spécialisés qui à la base ont un BEP ou un CAP », précise-t-elle. « Certains étaient bouchers, d’autres coiffeurs ».
La formation est réalisée en interne au centre hospitalier. De fait, « Il n’existe pas de diplôme spécifique pour travailler en stérilisation. Quand ils arrivent ici, ils ne connaissent ni la stérilisation, ni l’hôpital. » Ils sont donc formés aux règles de l’hygiène et au métier lui-même par les infirmières de bloc opératoire. Celles-ci ont quant à elles suivi, à l’issue de l’école d’infirmière, une formation complémentaire de deux ans, comprenant des enseignements en chirurgie, anatomie, hygiène de blocs opératoire et législation.