FOCUS – Des étudiants de l’Université Grenoble-Alpes (UGA) poursuivent leur manifestation « contre la loi Vidal et les violences policières ». Ce jeudi 5 avril, ils ont bloqué le bâtiment Arts & Sciences humaines (ARSH) où s’est tenue une assemblée générale. Parmi les propositions retenues lors de celle-ci : le blocage de l’ancienne université Stendhal à compter de lundi.
« Facs ouvertes à tous les bacheliers, facs fermées à tous les intérêts privés ! » Des étudiants de l’Université Grenoble-Alpes étaient très remontés ce jeudi 5 avril. Mobilisés « contre la loi Vidal et les violences policières » sur le campus universitaire depuis mardi dernier, deux cents d’entre eux ont annoncé leur intention de poursuivre la protestation « tant que la loi n’est pas retirée ».
Première action mise en place ? Le blocage du bâtiment Arts et Sciences humaines (ARSH). Une initiative, qui a démarré ce jeudi matin dans une ambiance chaleureuse et conviviale, et se prolongera dans les jours à venir.
Une assemblée générale riche en idées
Vers 10 heures, les étudiants présents au rassemblement ont tenu une assemblée générale. L’occasion, pour les manifestants, de faire le point sur leur mobilisation… mais aussi de se concerter sur les projets à venir.
Parmi les idées retenues, outre la revendication de la démission du président Patrick Lévy, l’élargissement du blocage aux bâtiments de l’université Stendhal à compter du lundi 9 avril et, éventuellement, le blocage de toutes les artères du campus.
« L’objectif est de sensibiliser les autres étudiants aux projets de l’assemblée générale, en leur expliquant pourquoi nous sommes contre la sélection à la fac », résume Chloé, membre du comité Générations campus Grenoble.
Une fois terminée cette consultation, une partie du cortège est montée dans le tramway pour rejoindre les contractuels de l’académie de Grenoble, mobilisés devant le rectorat contre la précarisation dans l’Éducation nationale.
Les étudiants répondent à Patrick Lévy… à coups de communiqués
Autre délibération votée par les manifestants : écrire un communiqué en réponse au courrier électronique, défini comme « mensonger », envoyé par le président de l’UGA Patrick Lévy à l’ensemble du personnel afin de dénoncer les « dégradations » commises lors de l’occupation du bâtiment de la présidence de l’université, mardi dernier.
« Si nous avons manifesté et débattu dans les locaux de la présidence, c’est bien en protestation face aux agissements de [Patrick] Lévy », se défendent les étudiants dans un communiqué diffusé sur les réseaux sociaux. Ce dernier « dégrade par ses choix politiques l’université bien plus gravement que ces graffitis : en validant un plan d’austérité qui supprime des millions d’euros d’ici 2020 au budget attribué à l’université et entraîne des suppressions de postes de personnels, ou en donnant le 22 mars 2018 l’ordre à la police nationale d’intervenir sur le campus ».
S’opposant à ces formes de « répression » et d”« injustice », les manifestants rappellent les enjeux de la lutte « contre le projet d’orientation du gouvernement Macron ». Un plan « masquant le manque de moyens des universités par une sélection hypocrite, c’est-à-dire par la fin de l’accès pour tous à l’université », concluent-ils.
La fin justifierait-elle les moyens ? Pas pour le comité Générations campus Grenoble. Les « actes violents décrédibilisent l’ensemble du mouvement social contre la sélection à l’université alors que cette réforme organise la reproduction sociale et privera de nombreux-euses jeunes du choix de leur avenir », blâme ainsi le groupe par le biais d’un communiqué.
Et l’une de ses membres de préciser : « En tout cas, nous souhaitons que le mouvement de contestation contre la loi Vidal se fasse de manière raisonnée et pacifique ».
Une mystérieuse action de déblocage s’est déroulée pendant la nuit…
Par ailleurs, l’occupation envisagée du bâtiment de l’ARSH serait pour l’heure tombée à l’eau, assure un représentant du syndicat Solidaires Etudiant-e‑s Grenoble. Qui précise : « Le bâtiment n’a jamais ouvert. On ne peut pas forcer des portes pour entrer. »
Les manifestants se sont donc installés au pied de l’édifice, transformant son parvis en un « lieu de partage et d’échange culturel ». C’est là que, ce vendredi matin, ils proposaient « des cours alternatifs » animés par des enseignants de la faculté des sciences humaines de l’UGA.
Une décision qui, toutefois, ne semblerait pas faire l’unanimité. Dans la nuit du 5 au 6 avril, un groupe d’étudiants soucieux de « reprendre leur vie universitaire » aurait rejoint le campus pour débloquer les locaux de l’ARSH.
Leur objectif : « rendre le bâtiment accessible aux étudiants qui souhaitent se rendre en cours et passer leurs examens », nous communiquent par courriel ces contre-manifestants anonymes « pour des raisons de sécurité ». Avant de dénoncer : « Cette action pacifiste s’est déroulée dans le calme. […] Cependant, les occupants de la zone ainsi que [le personnel de] la sécurité du campus ont poursuivi violemment et sans motif les auteurs du déblocage. »
Une accusation que dément le syndicat Solidaires Etudiant-e‑s Grenoble. « Personne (à notre connaissance) n’était sur le campus cette nuit[-là]. » Quoi qu’il en soit, les opposants à la loi Vidal se sont bien retrouvés devant un portail “déverrouillé”, vendredi au matin. Ce qui n’a pas empêché la mobilisation de reprendre son cours…
Giovanna Crippa avec Paul Serrano