Huit dessinateurs de bande dessinée livrent leur vision de Venise et de Casanova à travers une exposition à découvrir au couvent Sainte-Cécile de Grenoble.Kim Jung Gi - Venise

« Venise sur les pas de Casanova » se dévoile au Couvent Sainte-Cécile

« Venise sur les pas de Casanova » se dévoile au Couvent Sainte-Cécile

FOCUS – Huit des­si­na­teurs de bande des­si­née se sont employés à livrer leur vision de Venise et de Casanova. Qu’elles soient bar­dées de cli­chés ou plus ori­gi­nales, ces visions-là valent sur­tout par leur confron­ta­tion et le dia­logue qu’elles engagent avec les peintres du XVIIIe siècle. Les options for­melles de cha­cun, la manière dont se révèlent fina­le­ment leurs tem­pé­ra­ments gra­phiques res­pec­tifs font le charme de l’exposition « Venise sur les pas de Casanova, de la pein­ture du XVIIIe siècle à la bande des­si­née » pro­po­sée au Couvent Sainte-Cécile à Grenoble, siège des édi­tions Glénat, du 22 mars au 16 juin 2018.

Venise vue par le dessinateur Griffo

Venise vue par le des­si­na­teur Griffo – DR

« Venise a des nuances uniques et une lumière remar­quable, mais il y a un vrai pro­blème : la ville a déjà été énor­mé­ment repré­sen­tée, et tout le monde, sans excep­tion, en a une image », déclare Miles Hyman.

L’illustrateur amé­ri­cain, dont on peut voir quelques-unes des aqua­relles jusqu’au 16 juin 2018 au Couvent Sainte-Cécile à Grenoble, ne déni­gre­rait-il pas un tan­ti­net l’exposition « Venise sur les pas de Casanova, De la pein­ture du XVIIIe siècle à la bande des­si­née » ? Et avec elle, le pro­jet qui la précède ?

Expliquons-nous. À l’initiative du fonds Glénat pour le patri­moine et la créa­tion, huit des­si­na­teurs contem­po­rains – François Avril, Griffo, Miles Hyman, Kim Jung Gi, Tanino Liberatore, Loustal, Milo Manara et Zep – ont été invi­tés à se rendre dans la cité des Doges pour pla­cer leur pas dans ceux de Casanova. Là était à peu près leur seule contrainte.

Et l’un des inté­rêts pre­miers de l’exposition qui pré­sente le résul­tat de leur tra­vail réside prin­ci­pa­le­ment dans la manière dont les artistes ont joué avec la liberté qu’on leur avait accor­dée et avec l’image, sou­vent fan­tas­mée, que nous avons en effet tous de la ville.

De la veduta à la bande dessinée

Autre inté­rêt de l’exposition : mettre en dia­logue les œuvres du XVIIIe rele­vant de la veduta avec les aqua­relles, encres de Chine et autres fusains réa­li­sés par les huit des­si­na­teurs de BD évo­qués plus haut.

Venise par Bernardo Bellotto, XVIIIe

Venise par Bernardo Bellotto, XVIIIe

La veduta – ou védu­tisme, en fran­çais – est un genre pic­tu­ral qui cher­chait à rendre compte du pay­sage ou de l’architecture le plus fidè­le­ment pos­sible. Dans ces condi­tions, une ville comme Venise, avec ses ruelles étroites, ses canaux et son archi­tec­ture remar­quable, est deve­nue un sujet pri­vi­lé­gié. Quelques pièces des repré­sen­tants vir­tuoses du genre sont au Couvent Sainte-Cécile, dont celles de Canaletto ou de Francesco Guardi.

« Toutes les œuvres de cette expo­si­tion, qu’elles soient du XVIIIe ou d’aujourd’hui, ont un point com­mun : le souci de repré­sen­ter au plus juste la pers­pec­tive », constate le des­si­na­teur belge Griffo. De fait, peu importe son style gra­phique, chaque des­si­na­teur s’est sou­mis à la fameuse règle, comme si la ville rêvée ne pou­vait souf­frir que ne soit pas res­pec­tée la perspective.

Déchirer ou non la carte postale ?

Palazzo Ducale. Fusain sur papier couleur, 70 x 115 cm. Tanino Liberatore (né en 1953 - Italie-France)

Palazzo Ducale. Fusain sur papier cou­leur, 70 x 115 cm. Tanino Liberatore (né en 1953 – Italie-France)

Si les repré­sen­ta­tions de Venise et, par­fois, de Casanova y évo­luant, demeurent toutes assez clas­si­que­ment figu­ra­tives dans leur forme – nor­mal au vu des des­si­na­teurs choi­sis –, sur le fond, cer­taines montrent quelques audaces.

Une option était de res­ter engoncé dans les cli­chés atta­chés autant à la ville qu’au liber­tin mythique. Certains illus­tra­teurs s’y sont aban­don­nés sans complexe.

D’autres ont pris le parti de déchi­rer la carte pos­tale. C’est le cas de Tanino Liberatore qui s’est employé à « sub­ver­tir l’idée d’une Venise idyl­lique » pour reprendre ses termes. Lui veut mon­trer, notam­ment à gros traits de fusain, une « ville vio­lente et noire, avec des intrigues et des crimes, où la mala­die a décimé la popu­la­tion. » Là où cer­tains illus­tra­teurs nous montrent une Venise conve­nue au sein de laquelle Casanova pour­suit des dames aux robes et aux décol­le­tés bouf­fants, le des­si­na­teur ita­lien n’hésite pas à mon­trer une Venise futu­riste englou­tie par les eaux.

Adèle Duminy

Infos pra­tiques

Couvent Sainte-Cécile, 37 rue Servan à Grenoble
Tél. 04 76 88 75 75

Ouvert au public du lundi au ven­dredi de 9 heures à 12 h 30 et de 13 h 30 à 19 heures (18 heures, hors périodes d’exposition)

Visite gui­dée par l’office de tou­risme de Grenoble chaque pre­mier ven­dredi du mois
Tél. 04 76 42 41 41

AD

Auteur

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

A lire aussi sur Place Gre'net

Les travaux de rajeunissement des terrasses du Musée dauphinois. © Joël Kermabon - Place Gre'net
Cure de jou­vence pour les ter­rasses et jar­dins du Musée dauphinois

REPORTAGE VIDÉO - Le Département de l'Isère a investi 1,2 million d'euros dans la cure de rajeunissement de l'aménagement des terrasses et jardins du Musée Lire plus

Une deuxième édition pour le Noy’art Festival qui aura lieu du vendredi 22 au dimanche 24 mars 2024 ! Organisé par les associations CultivArts et Interlude et Cie, ce festival d’arts vivants se tiendra à la salle Poly’Sons de Noyarey. ©Programmation - Noy'art Festival
Spectacles vivants : le Noy’art Festival est de retour à Noyarey pour un week-end entier

ÉVÉNEMENT - Le Noy’art Festival revient pour une deuxième édition du vendredi 22 au dimanche 24 mars 2024. Organisé par les associations CultivArts et Interlude Lire plus

Une réouverture de La Source sous le signe du renouveau ! Après 9 mois de fermeture, le centre culturel de Fontaine réouvre les portes de sa grande salle avec un concert entièrement féminin, jeudi 21 mars 2024. ©Anouk Dimitriou
Fontaine : La Source fait son grand retour jeudi 21 mars, après neuf mois de fermeture

EN BREF - La réouverture de La Source se fait sous le signe du renouveau. Après les neuf mois de fermeture ayant suivi l'incendie de Lire plus

Un festival de films ibériques et latino-américains à Grenoble ? C’est bien le festival Ojoloco qui revient pour sa 12e édition.
Le fes­ti­val Ojoloco met à l’hon­neur le cinéma ibé­rique et latino-amé­ri­cain dans l’ag­glo­mé­ra­tion grenobloise

ÉVÉNEMENT - Un festival de films ibériques et latino-américains Ojoloco revient à Grenoble pour sa 12e édition, du mardi 19 au dimanche 31 mars 2024. Lire plus

Crée en septembre 2023, l’association martinéroise Une Montagne de Jeux veut rendre le monde du jeu de société accessible au plus grand nombre. ©une montagne de jeux
Saint-Martin d’Hères : l’as­so­cia­tion Une Montagne de jeux invite Johannes Goupy à pré­sen­ter son jeu Faraway, lau­réat de l’As d’or 2024

ÉVÈNEMENT - L’association Une Montagne de jeux organise une soirée jeux mardi 19 mars 2024 à 19 h 40 dans la salle mutualisée République à Saint-Martin d’Hères. L’invité Lire plus

Tomorrowland Winter : le col­lec­tif d’op­po­sants pré­voit une mani­fes­ta­tion à l’Alpe d’Huez au pre­mier jour du fes­ti­val 2024

EN BREF - Le collectif Stop Tomorrowland Alpe d'Huez organise une manifestation, samedi 16 mars 2024, à l'Alpe d'Huez, pour le coup d'envoi du festival Lire plus

Flash Info

Les plus lus

Agenda

Je partage !