FOCUS – Les prix du concours Journalisme et société organisé par le Club de la presse et des médias de Grenoble et de l’Isère ont été remis à leurs lauréats ce vendredi 23 mars dans le salon d’honneur de la préfecture. Près de vingt reportages envoyés par des journalistes et cinq travaux de collégiens concourraient dans quatre catégories. Le thème ? « Discriminations, inégalités, racisme et antisémitisme, comment traiter ces enjeux sociétaux ? »
« Ce prix donne un coup de projecteur médiatique sur les actions et les témoignages en faveur de la mobilisation contre le racisme, l’antisémitisme et les discriminations […]. Et l’on peut former le vœu que les médias soient inondés d’un tout autre discours que celui de la haine. »
Ainsi Lionel Beffre, le préfet de l’Isère a‑t-il introduit, ce vendredi 23 mars, la cérémonie de remise des prix Journalisme et société organisé par le Club de la presse de Grenoble.
Ces prix visaient à récompenser les meilleurs des reportages soumis par des journalistes de toute la France et par des collégiens isérois. Et ce dans quatre catégories : collégiens (prix doté de la somme de 300 euros), presse écrite ou web, radio ou télévision et, enfin, ce n’était pas prévu, le coup de cœur du jury. Ces dernières étaient gratifiées chacune d’un chèque de 1 000 euros.
Renouer avec la tradition d’un prix du reportage
Le discours de Grenoble de Nicolas Sarkozy, le reportage d’Envoyé spécial « La Villeneuve, le rêve brisé », le double meurtre dÉchirolles… autant de sujets de société qui ont pu questionner sur les problèmes que sont le racisme, l’antisémitisme, les discriminations ou les inégalités. « C’est la raison pour laquelle le Club de la presse avait vraiment envie d’assumer sa mission de débat public au sein de la profession », explique Marie Lyan, sa présidente.
Comment ? En renouant avec la tradition d’un prix du reportage en partenariat avec la Délégation interministérielle à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGTB (Dilcrah) créée en février 2012, et le département de l’Isère. Le tout dans le cadre de l’appel à projets locaux « Mobilisés contre le racisme et l’antisémitisme », lancé en décembre 2017 par la Dilcrah.
Lionnel Beffre et Robby Judes, de la Dilcrah ont d’abord rappelé le contexte national* dans lequel s’inscrit ce prix du reportage, notamment le Plan national de lutte contre le racisme et l’antisémitisme 2018 – 2020 et le plan de mobilisation contre la haine et les discriminations anti-LGBTH. Puis Martine Kholy, vice-présidente du département de l’Isère, a tenu à rappeler les enjeux départementaux et souhaité que ce prix puisse faire des collégiens des « acteurs sensibles » de la société.
« C’est grâce aux médias que mon histoire est connue »
Isabelle Doucet, la porteuse du projet au sein du Club de la presse, a présenté les lauréats de chaque catégorie. Le prix des collégiens revient à quatre jeunes élèves du collège La Salle l’Aigle de Grenoble pour une vidéo réalisée sur le thème du racisme, de l’antisémitisme et du harcèlement, avec l’aide d’un de leurs professeurs. Un projet de deux mois à travers lequel les journalistes en herbe « ont fait preuve d’une grande maturité », commente Martine Kholy.
Dans la catégorie journalistes audiovisuel et vidéo, Martin Bodrero a expliqué son travail sur le reportage Lassina, oublié des attentats. Ce dernier y traite le sort des locataires de cet immeuble du 48 rue de la République à Saint-Denis délogés par le Raid lors des attentats du 18 novembre 2015 pour débusquer les terroristes liés aux attentats de Paris. C’est justement cet oublié qui accompagnait le réalisateur lors de cette remise de prix qui a déclaré : « C’est grâce aux médias que mon histoire est connue ».
La déportation d’une jeune fille juive et le cyberharcèlement d’une journaliste
Quid de la catégorie presse écrite où il y a eu le plus de prétendants ? C’est le web-documentaire de la journaliste de France 24 Stéphanie Trouillard, intitulé Si je reviens un jour sur l’histoire de Louise Pikovsky, une jeune fille juive déportée, qui l’a emporté.
Quant au coup de cœur du jury, il a été attribué à une tribune de Julie Hainaut, journaliste free lance parue dans Libération sur le cyberharcèlement dont elle a été l’objet après la parution de l’article titré La Première Plantation, ou l’art de se planter.
Un article dans lequel la journaliste rapportait les propos douteux et choquants du propriétaire de ce bar lyonnais sur la colonisation. Ces écrits lui ont valu d’être harcelée sur les réseaux sociaux Facebook et Twitter ainsi que sur le web, notamment par un site néo-nazi, la contraignant à déposer trois plaintes.
C’est d’ailleurs les réseaux sociaux en relation avec le métier de journaliste qui ont été au centre de la table ronde qui a suivi cette remise du prix du Club de la presse. Un événement qu’il espère bien reconduire en 2019.
Joël Kermabon