FOCUS – Alors que le conseil municipal de Gières s’apprête à voter le budget primitif de 2018, ce lundi 26 mars, les élus de l’opposition tirent la sonnette d’alarme. En cause : la décision de la majorité de dépenser « l’ensemble de l’épargne de la commune pour financer les projets d’investissement à venir », dénoncent-ils. Et ce, avec un probable « recours à l’emprunt » à compter de 2019. Une mesure soutenue par le maire socialiste Pierre Verri, qui revendique pour sa part la « bonne gestion » des finances de la ville.
Recourir à l’emprunt afin d’accélérer la mise en œuvre de certains projets, ou préserver la trésorerie en étalant les dépenses sur plusieurs années ? Tel est le dilemme que devront résoudre les élus giérois lors de la prochaine séance du conseil municipal, ce lundi 26 mars.
L’occasion, tant pour la liste majoritaire que pour le groupe d’opposition, de rouvrir la discussion sur la gestion des fonds de la commune. Un point qui avait suscité de nombreuses polémiques lors du débat d’orientation budgétaire de fin janvier.
9 millions d’euros seront investis d’ici 2020
L’objet de la discorde : le « choix de la majorité de mobiliser l’ensemble de l’épargne de la commune pour financer les projets d’investissement à venir, soit environ cinq millions d’euros pour 2018, et probablement le recours à l’emprunt dès 2019 », alertent les élus de l’opposition Redessinons Gières ensemble (liste divers droite) par le biais d’un communiqué.
D’ici 2020, la municipalité prévoit en effet investir près de 9 millions d’euros dans divers projets de constructions et d’aménagement. Quelques exemples ? La rénovation de la Place de la République (voir encadré), la modernisation de la salle du conseil municipal, l’installation d’un terrain de football synthétique sur la Plaine de Sport, ou encore le lancement des jardins familiaux.
« Aujourd’hui la ville de Gières peut financer près du 50% de l’investissement en utilisant sa trésorerie », confirme Pierre Verri, maire PS de la commune et conseiller métropolitain. Avant d’annoncer : « Malgré cela, au cours des prochaines années il faudra néanmoins emprunter de façon très raisonnable ».
Une décision qui, selon le groupe d’opposition, pourrait avoir « de fortes répercussions sur le pouvoir d’achat et l’emploi » des leurs concitoyens.
« Au lieu de dépenser toute la trésorerie sur une courte période, nous aurions préféré que les investissements se fassent au-delà du mandat [du maire, ndlr ], de manière à préserver notre bas de laine » explique Thierry Barral, membre de la liste Redessinons Gières ensemble. Qui précise : « Cela nous permettrait de créer un fond d’auto financement pour faire face aux dépenses imprévues ».
« On fait de bons investissements au bon moment », rétorque le maire
« Comment compenser la perte de cette épargne par la suite ? » interroge à son tour Daniel Finazzo, lui aussi conseiller municipal de l’opposition à Gières. Après avoir épuisé la trésorerie, enchaine-t-il, « la commune devra faire des économies soit par une baisse des dépenses drastique, soit par une augmentation des impôts locaux, dont notamment la taxe foncière ».
Un scénario que réfute le premier élu socialiste. « Nous ne toucherons pas au taux de la fiscalité des impôts jusqu’à la fin du mandat », se défend-il.
Vantant le « taux d’augmentation de la masse salariale le plus faible de l’agglomération », Pierre Verri rappelle que la commune serait par ailleurs en mesure de maintenir stables les charges de fonctionnement pendant les prochaines années.
Et le maire de souligner « la bonne gestion » financière de sa municipalité : « A Gières, le coût de la dette par habitant correspond à près de 506 euros, alors que la moyenne nationale pour les communes de même taille que la nôtre ce montant s’élève plutôt à 1 200 ou 1 400 euros par habitant. Notre capacité d’endettement est donc très courte. Cela veut dire qu’on gère notre budget et qu’on fait de bons investissements au bon moment ».
Retour à la semaine de quatre jours : un projet à financer
Loin d’être rassurés, les élus de l’opposition redoutent de leur côté que cette politique budgétaire ne prenne pas en compte les « dépenses imprévues ». En plus de faire face à une hausse de la demande dans le domaine de l’accompagnement des personnes agées, jugent-ils, à compter de septembre 2019 la mairie devra également supporter la mise en place « d’activités d’éveils et de projets pédagogiques » à destination des familles gièroises.
Après avoir mené une enquête auprès des parents d’élèves et des enseignants*, la ville de Gières a en effet transmis une délibération demandant le retour de la semaine à quatre jours auprès des directeurs académiques des services de l’Éducation nationale (DASEN). Un dossier qui, pour l’heure, est encore en cours d’étude.
« Si l’on dépense activement tout l’argent, on n’aura pas les réserves pour adapter notre politique communale aux besoins des familles dès la rentrée prochaine » blâme Daniel Finazzo. Et de renchérir : « On ne peut pas proposer des activités si on n’a pas les moyens pour les financer. Aucun projet ne doit laisser du vide ».
Le budget de l’éducation… « sacralisé »
Une critique qui ne passe pas pour le premier élu. Lequel rétorque : « Nous sommes au début d’un nouveau processus et la maire est là pour accompagner les propositions qui viendront des parents d’élèves et des enseignants de l’école primaire ». Avec le retour à la semaine de quatre jours, ces derniers seront par ailleurs invités à se réunir pour élaborer un projet éducatif de territoire (PET) adapté aux nouveaux rythmes scolaires.
Côté financements, poursuit Pierre Verri, « il y a deux budgets sacralisés à Gières : le budget de l’éducation et celui de la culture ». C’est pourquoi, parmi les chantiers à venir, la municipalité compte réaliser un nouveau groupe scolaire au cœur du centre-ville, avec la création de quatre classes supplémentaires.
« Actuellement, nous avons mis en place un groupe de travail auquel participent les parents d’élèves, les enseignants, les directrices des écoles, les techniciens de la commune ainsi que quelques élus ». Ceux-ci – explique le maire – « devront restituer au mois d’avril le résultat des leurs réflexions pour choisir le meilleur emplacement de la nouvelle école ». Et de conclure : « Ce sera donc un choix citoyen ».
Giovanna Crippa, correspondante à Gières
* Lors de cette enquête, 68% des parents se sont prononcés en faveur du retour à la semaine de quatre jours. Cette demande a ensuite été approuvée par les conseils d’écoles, avec plus de 70% de voix pour.
Gières se dote d’un nouveau « cœur de ville »
Après près de cinq ans de réflexions et de concertations avec les habitants, la ville de Gières vient de lancer un chantier de grande envergure sur la Place de la République. L’objectif ? Rénover son propre « cœur de ville » en le transformant en une zone d’activité commerciale.
Projet phare du mandat du maire Pierre Verri, cette opération consiste en la création de plus de cinquante logements, dont 35% en location sociale, ainsi que de nombreux commerces.
De plus, la Place de la République accueillera « une maison de santé de 800 m2 » destinée à regrouper « l’ensemble des médecins, praticiens et thérapeutes » de la commune, précise le premier élu.
Le montant de l’investissement : 1,3 million d’euros en 2018. Un chiffre auquel s’ajouteront les financements de Grenoble Alpes-Métropole, maitre d’ouvrage pour la réalisation des travaux.
Une chaufferie à bois pour alimenter le centre-ville
La rénovation de ce « cœur de ville » passera en outre par l’implantation d’un réseau de chaleur courant 2018. Un projet qui, conformément aux objectifs fixés par la loi de transition énergétique pour la croissance verte, vise à augmenter de 30 % la production d’énergie renouvelable d’ici 2030.
Une chaufferie à bois devrait donc voir le jour non loin du centre-ville afin d’alimenter les immeubles concernés par les raccordements de façon plus directe. Parmi ceux-ci : la bibliothèque municipale, les groupes scolaires René-Cassin ou encore les édifices qui surgiront sur la Place de la République.
Favorables à la réalisation du bâtiment de la chaufferie, les élus de « Redessinons Gières ensemble » s’opposent pourtant au choix de son futur emplacement. « On aurait souhaité que celle-ci soit implantée à en endroit plus reculé, en périphérie de la commune » remarque Daniel Finazzo. Et celui-ci de relater les inquiétudes des citoyens : « les habitants craignent en effet une augmentation des nuisances sonores et de la pollution ».