REPORTAGE VIDÉO – Les tout premiers concerts parmi les 90 programmés en Isère
dans le cadre de cette 8e édition des Détours de Babel ont marqué, les 16, 17 et 18 mars, le début de trois semaines de voyage dans les « sons et musiques d’ici et d’ailleurs ». Avec pour thème un « retour aux sources » du sonore, des traditions du monde, de l’écriture musicale contemporaine et de l’improvisation, le festival ose toutes les expériences avec un seul mot d’ordre : la découverte.
Ça y est, c’est parti ! Ce samedi 17 mars, était donné le coup d’envoi officiel de la 8e édition du festival Détours de Babel 2018 à l’Ancien musée de peinture de la place de Verdun.
La vénérable bâtisse servira d’ailleurs de camp de base aux temps festifs de l’événement qui va se dérouler jusqu’au 7 avril.
Les premiers concerts avaient résonné dès la veille dans plusieurs lieux culturels de l’agglomération grenobloise, donnant ainsi le ton de trois semaines de festival où le focus sera mis sur l’Afrique à travers une programmation éclectique et souvent engagée.
Le premier brunch du festival dans le quartier Très-Cloîtres
C’est donc à près de 90 rendez-vous inédits « pour découvrir de nouveaux archipels musicaux sortis de l’océan des monde sonores » que nous invite cette édition 2018. Des musiques à découvrir, à écouter, sur lesquelles danser – ou pas – dont le public a pu avoir un aperçu lors du premier brunch* du festival organisé ce dimanche 18 mars dans le quartier Très-Cloîtres.
Reportage Joël Kermabon
« Nous avons envie d’investir d’autres quartiers »
« C’est la deuxième fois que nous investissons le quartier Très-Cloîtres […] Mais, de plus en plus, nous avons envie d’investir d’autres quartiers car l’expérience faite ici est prometteuse », déclare Benoît Thiebergien, le directeur des Détours de Babel. Pourquoi ce quartier ? Tout d’abord parce qu’il est proche du centre-ville historique et abrite une population très mélangée.
Mais pas seulement. « C’est aussi parce qu’il dispose de trois salles patrimoniales situées dans un périmètre assez restreint. Cette configuration permet de créer une vraie dynamique, ce qui pour nous est très important si l’on veut garder l’esprit de ces brunchs très conviviaux et familiaux », ajoute le directeur du festival.
Antonio Placer, le directeur du Nouveau théâtre Sainte-Marie-d’en-Bas (NTSMB) – un des nombreux partenaires du festival – qui accueille dans sa salle plusieurs des concerts donnés lors de ce brunch ne dit pas autre chose.
« C’est un quartier qui a vu arriver, depuis 1939, des Espagnols, des Portugais, des Italiens et enfin des Algériens. Ils ont composé cette réalité qui nous touche et c’est l’héritage que nous recevons ici au théâtre Saint-Marie-d’en-Bas », nous explique-t-il avec, en fond sonore, Fanfaraï Big Band, une fanfare du Maghreb.
Un focus tout particulier sur une Afrique débordante d’énergies musicales
Quid des temps forts à venir cette semaine ? Bien difficile à dire. « Il y en a tous les jours », rétorque Benoît Thiebergien, avouant ainsi son embarras à faire un choix. Pour s’en sortir, il revient sur le thème de l’Afrique. « Le retour aux sources [le thème du festival, ndlr] nous amène à l’Afrique parce qu’elle est à l’origine de beaucoup des musiques qu’on écoute dans le monde, que ce soit le jazz ou les musiques afro-cubaines », explique le directeur du festival.
Ce dernier se résout tout de même à annoncer quelques dates. Notamment celles de deux concerts qui vont se dérouler ces prochains mercredi et jeudi. Le premier, Celui qui transporte des œufs ne se bagarre pas, une composition du pianiste de jazz Roberto Negro – construite autour de la ville de Kinshasa (République démocratique du Congo) et de son énergie délirante – sera donné au centre culturel l’Ilyade à Seyssinet-Pariset. « Je l’ai vu en création, il n’y a pas très longtemps. C’est époustouflant ! », promet Benoît Thiebergien.
Un double plateau africain à La source de Fontaine
Toujours autour de l’Afrique, on enchaîne dès le lendemain avec un double plateau à La source de Fontaine. Avec, en première partie, le trio Raulin, Bekkas, Biayenda pour un concert de jazz, de musique gnawa et de rythmes africains, tandis que la seconde partie sera assurée par les musiciens congolais des Tambours de Brazza et leur spectacle Kikulu.
De beaux instants musicaux en perspective qui ne feront, bien sûr, pas oublier tout le reste de la programmation. Entre concerts, salons de musique, expositions, brunchs et autres moments festifs, il y en aura pour toutes les oreilles. Et pour tous ceux qui veulent expérimenter d’autres formes sonores en acceptant l’enrichissement de sources musicales multiples et métissées.
Joël Kermabon
* Brunch : durant une journée, concerts, spectacles, performances, installations artistiques se répartissent dans différents espaces du lieu d’accueil. Une manière de proposer un cheminement libre des parcours musicaux.
« J’ai eu envie de créer des machines qui joueraient comme des musiciens »
L’ovni de cette 8e édition des Détours de Babel, c’est sans conteste le plasticien-musicien – c’est ainsi qu’il se qualifie – Frédéric Le Junter qui nous vient de Dunkerque et dont les installations de machines sonores seront exposées tout au long du festival dans la grande bibliothèque de l’Ancien musée de peinture de Grenoble.
« Je fabrique des machines sonores qui jouent sur des instruments et je fais des installations avec tout ça », résume l’artiste.
Comment s’est faite la jonction avec les Détours de Babel ? C’est en fait une vieille histoire entre des connaissances de longue date. « Benoît Thiebergien m’avait invité il y a vingt-huit ans, en 1990, à participer au festival qu’il animait alors, Les 38e rugissants », se souvient le plasticien.
Des mécanismes hybrides construits à l’aide de matériaux de récupération
Nous l’avons rencontré peu avant l’inauguration du festival et n’avons pas manqué de lui poser quelques questions sur ces hétéroclites et improbables assemblages sonores.
Reportage Joël Kermabon