REPORTAGE VIDÉO – Les deux concerts qu’a donnés à guichets fermés Bertrand Cantat à la Belle électrique ces 13 et 14 mars ont suscité de très vives réactions. Le chanteur dont chacune des apparitions médiatiques apporte son lot de polémiques a vu s’affronter, à Grenoble, deux camps irréconciliables. Celui de ses admirateurs inconditionnels et celui de ses détracteurs, choqués qu’il puisse encore se produire sous les feux de la rampe.
« Je suis mieux là avec vous que cet après-midi dans les rues de Grenoble », lance Bertrand Cantat juste après avoir chanté « Un homme pressé » et plusieurs des chansons de son nouvel album
Ainsi s’exprime le chanteur estimant avoir été harcelé dès son arrivée par un comité d’accueil hostile à sa venue à la Belle électrique où il s’est produit avec son groupe Detroit ces 13 et 14 mars. Deux concerts qui, dès leur annonce, ont suscité l’émoi et déclenché une vive polémique opposant les détracteurs et les admirateurs de l’ancien leader de Noir Désir.
Deux clans à fleur de peau, irréconciliables, notamment les associations féministes qui ne lâchent pas un pouce de terrain. Les unes s’indignant que Bertrand Cantat, condamné en 2004 pour le meurtre de Marie Trintignant n’ait pas la décence de rester dans l’ombre et puisse être ainsi adulé et applaudi. Les autres mettant en avant – c’est la loi – le droit à la réinsertion d’un artiste qui a purgé sa peine tout en dénonçant une forme de censure.
Les spectateurs venus assister au concert pris à partie
Ce qui a plus particulièrement mis le feu aux poudres à Grenoble, c’est l’étrange comportement de Bertrand Cantat, ce mardi 13 mars, juste avant qu’il ne regagne sa loge de la Belle électrique. Provocation ? Volonté d’apaisement, de calmer le jeu en affrontant ses détracteurs ?
Toujours est-il que ce dernier a choisi non pas d’utiliser l’entrée des artistes mais de venir au contact de la petite centaine de personnes – pour la plupart appartenant à des associations féministes – qui manifestaient devant la salle de concerts. Las, mal lui en a pris puisque cet impossible dialogue a tourné court.
C’est donc sous une pluie d’huées, d’invectives – certains le traitant d’assassin – , de crachats voire de jets de projectiles que le chanteur, protégé par des vigiles, s’est finalement résigné à rebrousser chemin.
Ce qui n’a pas empêché par la suite les militants associatifs d’interpeller et de prendre à partie les spectateurs venus assister au concert, obligés qu’il étaient de passer sous leurs fourches caudines avant de franchir le contrôle de sécurité. La suite en images.
« Il paraît qu’il n’y a pas de filles dans mon public ? »
À l’intérieur de la Belle Électrique, changement d’ambiance, le concert bat son plein. Bertrand Cantat est ovationné par un public manifestement acquis à sa cause, certains s’étant même déplacés depuis Istres où le concert qu’il devait donner a été annulé.« Les journalistes disent que mon public sont des 50, 60 ans et je vous trouve très en forme pour des quinquas », tacle le chanteur récoltant des sifflets d’approbation nourris.
Et d’en rajouter. « Il paraît qu’il n’y a pas de filles dans mon public ? Les filles, faites du bruit ! », les exhorte-t-il. Lesquelles s’exécutent. « Je vous aime ! », leur clame alors en écho Bertrand Cantat. Des mots qui auraient résonné comme autant de provocations aux oreilles des militantes manifestant à l’extérieur.
Pour autant, c’est bien devant un public composé à part quasi égale de femmes et d’hommes que s’est produit, en totale osmose, un Bertrand Cantat tout sourire. L’artiste a d’ailleurs multiplié les contacts avec les spectateurs situés dans la fosse, leur tapant dans la main, s’adressant à eux pendant les morceaux. Après deux longs rappels, Bertrand Cantat terminera son set par un de ses autres succès de l’époque Noir Désir, « Comme elle vient ».
Joël Kermabon