FIL INFO – En renvoyant à plus tard la majoration des retraites agricoles les plus modestes, le gouvernement s’attire la colère des quatre sénateurs d’opposition de l’Isère. Des sénateurs qui dénoncent, de plus, une manœuvre politique accusée de « bafouer les usages de la démocratie ».
Une fois n’est pas coutume, les quatre sénateurs de groupes d’opposition de l’Isère signent un communiqué commun pour dénoncer « le double discours du gouvernement » sur l’agriculture. Les Républicains Michel Savin et Frédérique Puissat, le socialiste André Vallini et le candidat “rouge-vert” Guillaume Gontard entendent ainsi défendre les retraites des agriculteurs. Sans surprise, le sénateur En marche Didier Rambaud ne compte pas parmi les signataires du texte.
Motif de leur colère ? Les sénateurs, de la majorité comme de l’opposition, se préparaient à adopter une mesure de majoration des retraites des agriculteurs de 75 % à 85 % du Smic, dans le cadre d’un projet de loi voté par l’Assemblée nationale au printemps 2017. Mais le gouvernement a amendé le texte pour renvoyer cette mesure à son propre projet de loi sur les retraites, encore en préparation.
Un gouvernement qui « bafoue les usages de la démocratie »
Pire encore, aux yeux des parlementaires, l’État a ensuite eu recours à l’article 44.3 de la constitution. Un article imposant un vote bloqué au Sénat, contraint d’adopter ou de rejeter le texte dans son ensemble sans possibilité de discuter les amendements déposés par le gouvernement. Aux yeux des sénateurs de l’Isère, une telle manœuvre « bafoue les usages de la démocratie parlementaire où l’exécutif n’interfère pas dans les textes émanant du Parlement ».
« Le gouvernement prouve une nouvelle fois l’absence totale de considération dont il fait preuve pour le Parlement et la démocratie représentative », jugent les élus. Avant de moquer « la bonne parole présidentielle » distillée par Emmanuel Macron au Salon de l’agriculture : « Comme toujours, les actes ne suivent pas les discours et le gouvernement refuse de débloquer 350 millions d’euros pour nos retraités agricoles les plus modestes », écrivent-ils.