FOCUS – Avec une centaine de conférences, débats et tables rondes, la 10e édition du festival de géopolitique de Grenoble organisée du 14 au 17 mars par Grenoble École de management se penche cette année sur les États-Unis. « Un 21e siècle américain ? »Telle est la question au cœur d’un événement sans équivalent en Europe qui s’attache, depuis maintenant une décennie, à décrypter et décortiquer les questions internationales.
« Nous n’étions pas encore allés en Amérique. Les États-Unis s’imposent comme un sujet prioritaire par le poids de ce pays sur la scène internationale, son empreinte sur l’histoire, ainsi que par les interrogations que suscite le caractère un peu particulier de son actuel président », explique Jean-Marc Huissoud, directeur du Festival de géopolitique de Grenoble.
Pour sa 10e édition, qui se déroulera du 14 au 17 mars dans les locaux de Grenoble École de management (Gem), le festival a choisi de s’interroger sur la place et la voix des États-Unis dans le concert des nations en ce 21e siècle.
Le plus gros événement* traitant des questions internationales d’Europe
Dans quelle mesure les États-Unis redessineront-ils l’ordre mondial alors que leur domination est remise en question avec la montée en puissance de l’Asie et d’autres pays ? « Un 21e siècle américain ? » Tel est le thème autant que la question à laquelle tentera de répondre « le plus gros événement* traitant des questions internationales d’Europe », souligne Jean-Marc Huissoud.
Avec un succès qui, au fil des éditions, ne fait que se confirmer. « Nous recensons à ce jour 12 000 inscrits. Soit une augmentation du nombre de visiteurs de 12 % par rapport à l’année 2017, laquelle, elle-même, en comptait déjà 28 % de plus qu’en 2016 », se félicite le directeur.
Au programme du festival, pas moins d’une centaine de conférences – dont certaines retransmises en direct sur le site du festival –, de débats, de tables rondes, projections, ateliers ou autres rendez-vous, principalement dans les locaux de Gem. Mais aussi dans ceux de Sciences Po Grenoble, à la librairie Decitre, à la Maison de l’International ou encore, plus atypique, au café des Arts situé rue Saint-Laurent à Grenoble.
« Il n’est pas question de faire un festival “les Français contre l’Amérique” »
« Nous allons aborder le plus de questions possibles de manière à faire émerger une réflexion sur nos relations avec ce pays et le monde qui est en train de se configurer qui soit contre un certain nombre de préjugés et d’indignations, peut-être pas illégitimes mais parfois faciles », expose Jean-Marc Huissoud.
Pour autant, promet l’enseignant-chercheur, « il n’est pas question de faire un festival “les Français contre l’Amérique” mais bien qu’il puisse apporter des éléments de compréhension plus fine des dynamiques de ce pays et de ses spécificités ».
Le fil conducteur ? « Ne pas parler des États-Unis en tant que pays mais en tant que puissance », précise le directeur du festival.
C’est à dire les États-Unis tels qu’ils font, défont, changent et influencent la politique internationale et le monde aujourd’hui. En d’autres terme, poursuit Jean-Marc Huissoud, « une tentative d’analyse de ce que ce pays va potentiellement représenter pour nous dans les années qui viennent ».
Quant à l’élection de Donald Trump, il en sera bien sûr question. Mais pas forcément en l’envisageant comme un problème mais plutôt comme un symptôme, ainsi que nous l’explique Jean-Marc Huissoud,
Bientôt une nouvelle saison du Festival de géopolitique
Jean-Marc Huissoud décrit une programmation très riche, ne serait-ce, outre les sujets abordés, que par la qualité des nombreux intervenants invités venant d’horizons très divers. Journalistes, chercheurs, décideurs, enseignants… Et même, diplomatie oblige, un ministre, le conseiller aux Affaires politiques de l’ambassade des États-Unis, Brian Aggeler.
Comme chaque année, de nombreux autres événements seront proposés durant ces quatre jours.
Notamment grâce aux apports des associations étudiantes de Gem, des équipes cartographiques du Monde, de l’association Spacejunk, d’Univeria et de la librairie Decitre.
Remises de prix, émissions de radio, concours de simulation de crise, ateliers de cartographie et autres expositions complèteront ainsi cette 10e édition dont l’accès est libre et gratuit. Sous réserve toutefois de réserver sa place pour les conférences.
« C’est une très belle édition qui s’annonce », augure le directeur du festival. Avant d’annoncer que « ce sera aussi la dernière édition de la saison une du festival de géopolitique qui a évolué depuis ses origines ». Ambition, à partir de la nouvelle saison ? « Faire évoluer le concept pour aller vers un événement à vocation plus prospective. »
Joël Kermabon
* Hors événements académiques, notamment les colloques organisés par les grandes universités
UN LIVRE POUR SYNTHÉTISER LE FESTIVAL
Le festival propose l’édition spéciale d’un ouvrage publié par les éditions Armand Colin. Son titre ? Sans surprise, Un 21ème siècle américain ? Sous la direction de Frédéric Leriche, géographe, professeur à l’université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines, membre du Centre d’études sur la mondialisation, les conflits, les territoires et les vulnérabilités (Cemotev), ce livre synthétise les réflexions de différents auteurs préalablement parues dans Les États-Unis, géographie d’une grande puissance, également aux éditions Armand Colin.
Attention, cet ouvrage sera vendu uniquement pendant le festival au prix de 9,90 euros.