FOCUS – La galerie Marielle Bouchard, logée au 7 de la rue Pierre Termier, soufflera sa première bougie le 9 mars 2018. Ce lieu privé dédié à l’art contemporain expose, à partir du 8 mars, les toiles figuratives et politiques de l’artiste Raphaël Bouyer. Enthousiaste, Marielle Bouchard revient avec nous sur cette double actualité.
« On était loin de s’imaginer qu’on fêterait les un an ! », se réjouit Marielle Bouchard, qui a donné son nom à la galerie installée non loin du croisement entre le cours Jean-Jaurès et le boulevard Joseph-Vallier.
De fait, en ce mois de mars 2018, la galerie Marielle Bouchard célèbre son premier anniversaire. Elle accueille du même coup une nouvelle exposition, « Dénaturation », dédiée au jeune artiste toulousain Raphaël Bouyer, dont le vernissage a lieu le 8 mars 2018.
« Un contexte local difficile pour l’art contemporain »
À Marielle et Jean-Luc Bouchard – couple de collectionneurs d’art contemporain à l’origine du projet –, on prédisait la courte vie de la galerie. « C’est vrai que le contexte local est difficile. Il y a peu de galeries d’art contemporain à Grenoble. Donc les collectionneurs n’achètent pas ici », déplore Marielle qui connaît bien le paysage artistique local pour avoir dirigé pendant dix ans le Vog, centre d’art contemporain de la ville de Fontaine.
Avec la galerie Marielle Bouchard, le modèle économique n’est cependant plus le même. Aux subventions publiques se substitue la nécessité de vendre les œuvres exposées.
Même si l’ancienne directrice du Vog regrette le manque d’émulation résultant du faible nombre de galeries à Grenoble, elle a tout de même pu trouver des acquéreurs en nombre suffisant grâce au bouche à oreille. « On se donne encore trois ans pour voir si on arrive à asseoir notre situation », confie-t-elle.
Une première pour Raphaël Bouyer
Pour l’artiste toulousain Raphaël Bouyer, cette exposition revêt aussi une dimension symbolique. À 26 ans, c’est la première monographie qui lui est consacrée. « Il est très jeune mais il y a une grande maturité dans ses toiles peintes à l’huile. C’est vraiment un artiste qui parle du monde qui l’entoure sous un angle politique. C’est assez rare dans le milieu de l’art contemporain », souligne Marielle Bouchard.
Les toiles figuratives du peintre construisent, en effet, un univers très cohérent. Lequel s’inscrit dans ce qui semble être un avenir proche profondément dystopique où la pollution, notamment, entraverait toute spiritualité ou tout plaisir simple (voir ci-contre).
Profondément marqué par l’accident nucléaire de Fukushima en 2011, le jeune homme croise des éléments issus de la culture nippone – qui le fascine – à des personnages ou à des contrées souillées par un air qu’on devine nauséabond.
Si les toiles sont clairement figuratives et narratives, le choix des couleurs, notamment, criardes et tranchées, s’éloigne de toute volonté réaliste.
Une esthétique qui, d’après Marielle Bouchard, rapproche Raphaël Bouyer d’un de ses aînés, le peintre Jacques Monory. Côté local, on pense aussi à l’artiste Johann Rivat, dont les toiles, elles aussi de belle dimension, reprennent, en particulier des scènes de guérilla urbaine inspirées de clichés parus dans la presse. Dans les deux cas, le spectateur reste sidéré par la force du propos, de la composition et des couleurs. Même si le Grenoblois, qui a déjà exposé à la galerie Marielle Bouchard lui aussi, possède une puissance d’évocation encore plus évidente.
Adèle Duminy
Infos pratiques
Galerie Marielle Bouchard
7 rue Pierre-Termier, à Grenoble
Tél. : 04 76 09 30 28
Ouverture du mercredi au samedi de 15 heures à 19 heures et sur rendez-vous
Raphaël Bouyer, « Dénaturation »
Du 8 mars au 31 mars : partie 1, vernissage le 8 mars à 18 h 30
Du 5 avril au 21 avril : partie 2, vernissage le 5 avril à 18 h 30