FIL INFO – En visite sur le chantier du Lyon-Turin, Laurent Wauquiez dénonce le « terrible gâchis » si le gouvernement en vient à suivre les recommandations du rapport Duron. Le Conseil d’orientation des infrastructures préconise de reporter à après 2038 la seconde phase du chantier. La ministre des Transports doit se positionner d’ici avril.
Alors que le gouvernement doit bientôt se prononcer sur le rapport du Conseil d’orientations des infrastructures (COI) présidé par l’ex-député Philippe Duron (PS), c’est au tour du président de la Région Auvergne Rhône-Alpes de monter au créneau pour défendre le projet de ligne ferroviaire Lyon-Turin.
Chargé d’établir des priorités dans les choix d’investissement dans les transports pour les vingt prochaines années, le COI préconise de remettre à plus tard, après 2038, la seconde phase du chantier du Lyon-Turin. Bref, si le tunnel de base transfrontalier est sur les rails, les accès aux tunnels ne pressent pas pour le COI. Lequel recommande à la place de densifier l’axe actuel Dijon-Modane, moyennant un investissement de 700 millions d’euros.
Le rapport Duron, « une entorse aux engagements de la France »
En visite sur le chantier du Lyon-Turin ce 26 février, Laurent Wauquiez en a remis une couche. Le rapport Duron est non seulement « une entorse aux engagements de la France » mais la réalisation des trois tronçons est le moyen de désenclaver les Alpes « tout en répondant à l’urgence écologique liée à la pollution de l’air dans la vallée de l’Arve ».
Urgence écologique ? Dans un communiqué publié sur son site le 19 février, le comité pour la Transalpine, un des plus ardents soutiens au Lyon-Turin, mettait en avant l”« explosion » du trafic poids lourds en 2017. Quatre-vingt mille camions supplémentaires ont l’année dernière transité par les tunnels du Fréjus et du Mont-Blanc. Soit 220 camions par jour.
Sur la période 2014 – 2017, la Transalpine comptabilise 150 000 poids lourds en plus. Des chiffres certes inférieurs aux prévisions établies pour justifier la nouvelle ligne, concède la Transalpine mais pour qui « cette différence n’est en réalité qu’un trompe-l’œil » car directement liée à la crise de 2009.
« Ces dernières années, les trafics transalpins ont dépassé leur niveau d’avant 2009 et affichent une dynamique durable sur l’ensemble du corridor méditerranéen reliant la péninsule ibérique à l’Europe centrale (17 % du PIB et 13 % de la population de l’UE). Faute d’infrastructures ferroviaires compétitives reliant la France à l’Italie, 92 % des marchandises sont transportées par la route. »
Pour Laurent Wauquiez, tirer un trait sur les accès français au Lyon-Turin pour lui préférer la modernisation de l’existant est un « terrible gâchis ». « La France, l’Italie et l’Union européenne auront investi 8,3 milliard d’euros pour un tunnel qui devrait être livré en 2029. Avec le rapport Duron, il ne serait exploité côté français qu’à partir de 2038, c’est-à-dire qu’il serait sous-exploité pendant une dizaine d’années ».
Le dossier sur la table du gouvernement… et de Commission européenne
Le gouvernement devrait se prononcer rapidement sur les recommandations du rapport Duron. Son choix sera la base du volet infrastructures du projet de loi sur les mobilités que la ministre des Transports présentera en avril en Conseil des ministres. Avant débat au parlement.
Du côté de Bruxelles, qui s’est engagé à financer 40 % du tunnel de base transfrontalier jusqu’en 2020, le dossier revient lui aussi sur la table. La Commission européenne a commencé à plancher sur le futur cadre financier pluriannuel qui fixera en 2019 les plafonds des dépenses affectées à plusieurs projets sur la période 2021 – 2030. Dont le Lyon-Turin.
PC