EN BREF – À Grenoble, comme un peu partout en France, près d’une cinquantaine de personnes se sont rassemblées, ce jeudi 22 février à 18 heures, devant la préfecture de l’Isère pour protester contre l’évacuation manu militari de la Zad de Bure. Le Réseau « Sortir du nucléaire Isère“, qui avait appelé à ce rassemblement, dénonce « une opération d’expulsion profondément révoltante » qui impose le projet d’enfouissement de déchets nucléaires Cigéo par la force, « faisant fi d’une contestation large et justifiée ».
À Grenoble, près d’une cinquantaine de personnes ont osé braver la bise glaciale qui sévissait, ce jeudi 23 février vers 18 heures, pour se rassembler place de Verdun devant la préfecture de l’Isère.
Ce rassemblement à l’initiative du réseau Sortir du nucléaire en Isère faisait suite à l’évacuation, le matin même par les forces de l’ordre, de la Zad (zone à défendre) du bois Lejus près de Bure (Meuse). Une forêt que des militants anti-nucléaire – qui préfèrent au terme de zadistes celui de Hiboux de Bure – occupaient pour empêcher sa destruction par l’Agence nationale de gestion des déchets radioactifs (Andra).
En cause, le projet d’enfouissement en stockage profond (Cigéo) de déchets nucléaires hautement radioactifs, contre lequel nombre de voix écologistes s’élèvent avec force, en raison notamment de ses failles potentielles. Sur place, outre des militants, des représentants d’associations opposées au projet et quelques politiques dont la conseillère régionale Émilie Marche. Ce rassemblement un peu organisé à la hâte s’est déroulé dans le calme, sans slogans ni banderoles. À peine pouvait-on voir quelques pancartes. Dans le même temps, plus d’une dizaine de véhicules de police massés devant la préfecture veillaient discrètement au grain.
« Il faut arrêter de produire des déchets avant de les cacher ! »
« C’est important d’être ici pour montrer notre solidarité avec les personnes qui résistent sur le terrain parce que, pour l’instant, l’Andra n’est pas propriétaire du terrain qui a été évacué. Même si le ministre de l’Intérieur dit qu’il ne veut pas de zone de non-droit, nous nous considérons que Bure est une zone de non-droit pour les générations futures », explique Philippe Lambersens, l’administrateur du Réseau sortir du nucléaire Isère. Pour ce dernier, une seule certitude : « Il faut arrêter de produire des déchets avant de les cacher. »
Les opposants dénoncent vivement la conception du dialogue et de la concertation du gouvernement. Dans leur ligne de mire ? Nicolas Hulot, le ministre de la Transition écologique et solidaire. « Comment Nicolas Hulot, qui prétendait “qu’on ne pouvait pas imposer un projet comme ça par la force”, compte-t-il justifier cette opération ? », s’interroge l’association Réseau sortir du nucléaire. Passer en force, une attitude qui ne surprend pourtant guère Philippe Lambersens. militant anti-nucléaire depuis près de cinquante ans.
« L’État vient d’envoyer un signal d’une brutalité inouïe »
L’occasion pour Philippe Lambersens, juché sur un banc, de lire la lettre ouverte signée par des citoyens, des élus et des associations* d’opposants de la région de Bure adressée à Sébastien Lecornu, secrétaire d’État auprès du ministre d’État, ministre de la Transition écologique et solidaire.
Sa conclusion est sans appel. « Sachez que l’État vient d’envoyer un signal d’une brutalité inouïe, indigne d’un État de droit, qui présage tout le contraire. Expulser les acteurs d’une cause juste est un acte d’une gravité certaine, qui ne peut éteindre, soyez-en assuré, la contestation », promettent les signataires.
JK
* Notamment : Zone Libre, Cedra52, Eodra, Habitants vigilants de Gondrecourt-le-Château, MNE, Mirabel LNE,et les Hiboux de Bure