FOCUS - Initiateur d'une lettre ouverte à la ministre de la Santé Agnès Buzyn qui a recueilli plus de 1 300 signatures dans toute la France, un collectif de praticiens hospitaliers veut faire entendre sa voix… et son malaise. « Management destructeur », « maltraitance », quête de « rentabilité » : les médecins se penchent au chevet de l'hôpital public. Rencontre avec des signataires lors d'une réunion à Meylan.
« À un moment, il va falloir annoncer à la population que l'on va la soigner un peu moins bien, parce qu'il y a moins de moyens et que nous sommes moins nombreux… » Ce message désabusé, c'est un médecin qui le porte. En l'occurrence le docteur Francine Spitz, psychiatre au Centre hospitalier Alpes Isère (Chai) de Saint-Égrève, soutenue par nombre de ses consœurs et confrères.
C'est en effet tout un collectif de médecins hospitaliers de la région qui a pris la décision d'adresser une lettre ouverte à Agnès Buzyn, ministre des Solidarités et de la Santé. Avec l'objectif de tirer une nouvelle fois la sonnette d'alarme sur l'état de l'hôpital public en France.
Une missive qui, petit à petit, s'enrichit de nouvelles signatures partout en France, toutes spécialités confondues. Plus de 1 300 praticiens ont ainsi apposé leurs paraphes à ce jour.
Et ceci malgré de nettes lacunes en matière de communication que les médecins reconnaissent volontiers. Diffusée de manière encore confidentielle, la lettre devrait bientôt être disponible sur un blog.
La communication en interne souffre, elle aussi, de quelques ratés. Une réunion organisée jeudi 1er février au Centre théologique de Meylan n'a rameuté que cinq médecins, en majorité des psychiatres. Et son point presse un seul journaliste : celui de Place Gre'net.
Les pleins pouvoirs au directeur
Pourtant, les praticiens hospitaliers ont beaucoup de choses à dire, constatant une « réelle dégradation des conditions de travail » et, en définitive, du traitement même des patients. « Management destructeur et contre-productif », « maltraitance » des personnels hospitaliers et économies jugées délétères inquiètent ces professionnels de l'hôpital public.
Motif récurrent de colère ? La loi Hôpital patient santé territoire (HPST) votée en 2009, qui donne les “pleins pouvoirs” aux directeurs des établissements. « Avant, c'était mieux articulé entre l'administratif et le médical. On avait les uns et les autres », explique la pédopsychiatre Christine Bertrand, exerçant également au Chai.
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