FIL INFO – Pour mettre en place son dispositif d’équipe juridique mobile, la Ville de Grenoble a proposé aux collectifs Droit au logement 38 (Dal 38) et la Patate chaude de s’associer au projet. Dans une lettre au vitriol, les militants refusent la proposition, tout en accusant la Ville de mener une politique anti-sociale parsemée de « coups de pub ».
« Nous n’oublions pas tous les agissements indignes et inhumains de cette municipalité. » Cette sentence sans appel émane du Droit au logement 38 (Dal 38) et de la Patate chaude. Les deux collectifs répondent ainsi à la proposition de la Ville de Grenoble de participer à l’élaboration du projet d”“équipe juridique mobile”.
Présentées en décembre 2017 dans un Plan d’action pour l’accès aux droits et contre le non-recours, les équipes juridiques mobiles auraient ainsi pour objectif d’aller à la rencontre des personnes sans abris pour les informer de leurs droits. Notamment le droit à l’hébergement opposable (Daho) et le droit au logement opposable (Dalo).
« Coups bas et coups de pub »
Aux yeux du Dal 38, en lutte contre le mal-logement, comme de la Patate chaude, militant pour la cause des Roms, la Ville de Grenoble « met en place une politique anti-sociale » en expulsant, en coupant les fluides ou en participant au « harcèlement de personnes sans abris ». Des accusations déjà émises lorsque la municipalité vantait dans la presse nationale la mise en place de conventions temporaires d’occupation avec des SDF.
Dans un courrier adressé au maire de Grenoble Éric Piolle, les militants accusent : « Comme les municipalités précédentes, la mairie actuelle alterne ses coups bas et ses coups de pub. » Des coups bas ? Pêle-mêle, le courrier cite le bidonville évacué d’Esmonin, les expulsions des camps Valmy et Flaubert ou encore celle de la rue Léon-Blum. Si ces évacuations relèvent de la préfecture de l’Isère, les associations sur le terrain jugent volontiers la Ville complice.
« La vitrine est bien sale »
À la liste s’ajoute l’exemple du squat rue Jay, où l’électricité a été coupée quelques jours avant le début de la trêve hivernale pour cause de factures non payées. Ou encore la référence aux agents de la police municipale qui forceraient les personnes vivant sous des tentes dans les parcs à les démonter chaque matin, « qu’il vente, pleuve ou neige ». Bref, accusent les collectifs, « la vitrine de la première grande ville “écolo de gauche” est bien sale ».
Filant la métaphore, les signataires de la lettre refusent de « jouer le jeu de la vitrine sociale de Grenoble ». Et expliquent pourquoi : demande d’être zone-test pour « la police “macronienne” de proximité », fermeture des bibliothèques de quartiers populaires, démolition du 10/20 galerie de l’Arlequin ou « politiques de gentrification qui précarisent les pauvres pour accueillir les ingénieurs »… Aucun doute, affirment les collectifs : « Les vitrines de cette ville ne sont pas sociales ».
Sans surprise, le Dal 38 et la Patate chaude refusent donc catégoriquement de s’asseoir autour d’une table pour travailler avec la municipalité grenobloise. « Si la mairie se veut sociale, qu’elle agisse sur ses propres pratiques », concluent-ils, réclamant une nouvelle fois la fin des expulsions, des coupures d’eau ou d’électricité ou des projets de « gentrification » de la ville.