FOCUS – Le Conseil départemental de l’Isère, en lien avec France bénévolat Grenoble Isère, lance une plateforme d’annonces d’un genre nouveau. Isère bénévolat s’adresse en effet aux associations désirant déposer des offres d’actions bénévoles, que les candidats peuvent parcourir en sélectionnant les domaines qui les intéressent.
« Le bénévolat, c’est une démarche qui ne rapporte rien mais qui apporte énormément », estime la présidente de France bénévolat Grenoble Isère Marie-Noëlle Pinel. L’association s’est alliée au Conseil départemental de l’Isère pour lancer un site d’un genre nouveau, Isère bénévolat, plateforme d’annonces destinée aux personnes souhaitant mener une action bénévole dans le département.
Pourquoi un tel site ? « On rencontre souvent des gens qui veulent s’investir et ne savent pas comment faire, et des associations qui recherchent des bénévoles », explique Jean-Pierre Barbier, président du Département. L’objectif est bien d’aider les candidats bénévoles à trouver des actions dans des secteurs qui les intéressent. Et de remédier à un manque de petites mains dans certains domaines ou certaines zones géographiques, espère encore le président.
« Une chance pour les jeunes »
Pas question pour autant de parler de « crise du bénévolat », prévient Marie-Noëlle Pinel. « Ce qui a changé, c’est la population : les moins de 35 ans font une percée dans le bénévolat et sont de plus en plus présents, alors que les seniors augmentent plus doucement ». Aujourd’hui, 14 millions de Français sont inscrits dans une action bénévole auprès d’une association. Avec une perception bien éloignée de la “charité” d’antan : « Les dames patronnesses, c’est une génération terminée ! »
Et France bénévolat de mettre particulièrement l’accent sur les jeunes, pour qui le bénévolat peut être une manière d’exploiter leurs compétences et de se valoriser au sein d’une structure, en particulier lorsque les recherches d’emploi au sortir des études s’avèrent longues et infructueuses. « Pour les jeunes, c’est une porte ouverte à l’expérience, et pour les associations c’est une chance », résume Marie-Noëlle Pinel.
Si d’aucuns pourraient penser que le recours au bénévolat des jeunes révèle leurs difficultés à s’insérer sur le marché de l’emploi, la président de France bénévolat préfère insister sur le caractère intégrateur de la démarche. « Quelques mois plus tard, ils sont dans le monde du travail, parce que ça leur redonne une dynamique, un réseau social, et la petite étincelle qui leur manquait ! », assure-t-elle.
Des associations de moins en moins aidées financièrement ?
Le site permet aux candidats bénévoles de choisir les champs d’action qui les intéressent parmi quinze catégories, et d’avoir accès aux annonces déposées par les associations. Actuellement, 97 structures se sont signalées sur le site. Avec une prédominance pour le social (34 annonces), la jeunesse (seize annonces) et la culture (quinze annonces). Maillons faibles, les domaines de la défense des animaux, de l’environnement ou de l’entrepreneuriat économique affichent encore une page vide.
Certaines annonces peuvent aussi traduire une réalité économique difficile. On se souvient ainsi que Roms action a récemment lancé un appel aux bénévoles, afin de pouvoir mener certaines de ses actions suite au désengagement financier de collectivités, notamment du Département. Une perte de subventions qui a conduit l’association à licencier ses salariés.
Jean-Pierre Barbier rappelle à ce propos que le Département soutient sur son territoire 2 300 associations, qui se partagent 19 millions d’euros. Et que la question des Roms ne relève pas de ses compétences. « Nous avons des associations partenaires dans le domaine du social. Nous travaillons par conventions et leur confions nos publics à accompagner. Une association qui ne relève pas de notre compétence, pour le coup, nous n’y allons pas ! »
La valeur positive du bénévolat
Et le président du Conseil départemental de plaider pour une répartition des soutiens entre collectivités. « Chacune, dans son domaine, à un public. Et si chacune, dans son domaine, assumait ses compétences, ça irait peut-être mieux ! », juge-t-il. Tout en reconnaissant que les baisses de dotation de l’État pèsent sur les financements des associations, au profit du recours au bénévolat. Un phénomène auquel s’ajoute la baisse du nombre de contrats aidés.
« L’objet du site n’est pas là. Et ce n’est pas ce qui a motivé sa création », précise toutefois Jean-Pierre Barbier, qui veut surtout mettre en avant la dimension positive de l’initiative. Tout comme Marie-Noëlle Pinel, pour qui le bénévolat peut donner du sens au quotidien. « On ne choisit pas toujours son travail, mais le bénévolat, on le choisit. Les mêmes personnes qui ont des douzaines d’amis sur Facebook ont envie de concret, de savoir ce qu’ils font. Et ça, c’est important ! » conclut-elle.