FOCUS – La Sémitag veut embaucher 80 conducteurs en 2018 pour remplacer de nombreux départs à la retraite et assurer de nouvelles lignes dans le sud de l’agglomération grenobloise. Un plan d’embauche relayé par une campagne d’affichage, qui vise au passage à inciter les femmes, encore trop minoritaires, à postuler en oubliant les idées reçues.
Campagne d’affichage sur les arrêts de tram, diffusion de messages sur les écrans du réseau ainsi que sur le net… Pour son recrutement 2018, la Sémitag se lance dans une communication de grande ampleur. Et pour cause : ce sont 80 conductrices et conducteurs que l’entreprise compte embaucher. Soit tout de même 10 % des effectifs affectés à la conduite.
Pourquoi une telle vague de recrutement, alors que la Sémitag embauche en moyenne quarante personnes tous les ans ? Pour deux raisons : d’une part, le départ en retraite des baby-boomers, cinquante conducteurs faisant valoir leurs droits à la retraite en 2018. D’autre part, la création d’une trentaine de postes pour alimenter l’accroissement des services, en particulier sur la zone sud de l’agglomération grenobloise.
« On recherche d’abord des gens qui aiment le contact avec les autres »
« C’est agréable pour une entreprise de service public de pouvoir recruter, surtout par les temps qui courent ! », se réjouit Jean-Paul Trovero, maire de Fontaine et président de la Sémitag. Tandis que Yann Mongaburu, le président du Syndicat mixte des transports en commun (SMTC), voit dans cette campagne de recrutement la démonstration qu’une politique de déplacement tournée vers la transition écologique génère de nouveaux emplois.
Pourtant, reconnaît le directeur général de la Sémitag Philippe Chervy, l’entreprise a du mal à recruter. Si les postes finissent toujours par être pourvus, le processus peut quelquefois être long, d’où cette campagne pour 2018. « On fait feu de tout bois. On a pris pour hypothèse que l’on communiquait mal, alors on a lancé cette campagne en mettant en avant le métier de conduite », nous dit-il.
Et le directeur général de rappeler que chacun peut postuler s’il est titulaire d’un simple permis de conduire. « On recherche d’abord des gens qui aiment le contact avec les autres. La conduite, cela s’apprend. L’appétence pour communiquer avec les gens, c’est plus compliqué ! », explique encore Philippe Chervy. Sans surprise, la ponctualité et la rigueur du candidat feront encore peser la balance en sa faveur.
Quoi qu’il en soit, le nouveau conducteur n’est naturellement pas au volant d’un bus dès son premier jour au sein de la Sémitag. Une période de formation de six mois est requise, qui détermine la capacité de l’apprenti-conducteur à mener sa tâche en situation réelle. À noter que les recrutements se font en CDI, avec un salaire de base avoisinant les 1 800 euros bruts.
Un métier encore trop masculin
Composée de quatre visuels, la campagne met en avant deux femmes (Ghislaine et Juanita) et deux hommes (Imdat et Grégory). Une parité que l’on ne retrouve pas au sein de la Sémitag, au grand dam de sa direction comme de ses salariés. Avec plus de 80 % des effectifs de sexe masculin, le métier de conducteur reste en effet un métier d’homme. C’est pourquoi l’entreprise incite les femmes à postuler.
Mais pourquoi un tel déséquilibre ? « Les femmes pensent encore que c’est difficile de conduire une machine mais elles se rendent compte qu’il n’y a plus besoin d’être un mastodonte pour conduire des trams ou des bus : on a la direction assistée, le matériel n’est plus du tout le même ! » insiste Lydie, conductrice depuis 1999.
« On fait tout de suite partie d’une famille »
La crainte des agressions pèse également dans la balance, mais Philippe Chervy voit précisément dans une féminisation de la profession une solution. « On a moins de problèmes conflictuels avec des femmes conductrices qu’avec des hommes. Les femmes savent mieux les résoudre », constate le directeur général.
Lydie ne veut pas passer sous silence les aspects déplaisants du métier de conducteur, et notamment le contact parfois avec des usagers d’abord difficiles… même si d’autres au contraire se montrent très agréables. La crainte de l’accident, sans être une obsession, demeure aussi présente. « Sur un service complet, dans une journée, on évite au minimum cinquante accidents », estime la conductrice.
Mais ces aléas sont aussi une manière… de ne pas s’ennuyer. « Un trajet n’est jamais le même. Moi, je ne m’ennuie pas, mais il est vrai que je fais toutes les lignes », nous confie encore Lydie. Qui veut surtout plaider pour une entreprise dans laquelle chacun s’entraide : « Quand on rentre à la Sémitag, on fait tout de suite partie d’une famille ! »
Florent Mathieu
LES DIEUX DE LA SEMITAG SE METTENT À NU
« Une mise au point : le fait de poser en tenue légère n’est pas une condition sine qua non d’embauche ! », précise le directeur général de la Sémitag Philippe Chervy. Il est vrai que le lancement de la campagne d’embauche coïncide avec l’initiative d’employés de l’entreprise de poser dans le plus simple appareil pour un calendrier à destination du personnel.
Une drôle d’idée née voilà quatre ans dans la tête de Bruno Moritz et Thibault Faure. « On n’était pas beaucoup au début. À force, on a été plusieurs, alors on a décidé de le faire sur le thème de la sécurité. » Et pour mieux souligner la dimension humoristique de la démarche, le calendrier a été baptisé Les Dieux des E.P.I., pour Équipement de protection individuelle.
La sécurité d’abord
Casque de chantier, gants épais ou masque de soudeur, des membres des équipes de l’atelier Sémitag de Sassenage posent ainsi en tenue d’Adam avec leurs précieux équipements de sécurité. Que l’on se rassure, le calendrier volontiers décalé n’en montre pas plus qu’il n’en faut.
La Sémitag, séduite par le projet, en a fait éditer 1 450 exemplaires, distribués à l’ensemble des salariés de l’entreprise à l’occasion de vœux de début d’année.
Et pour les dames ou messieurs désireux de jeter un œil à ces clichés ? Aucune diffusion hors entreprise n’a été prévue. Le calendrier est, et demeurera, un objet “collector” à stricte destination des salariés de la Sémitag. Même si, gentillesse des modèles et privilège de la presse, la rédaction de Place Gre’net s’en est vue remettre un exemplaire !