FOCUS – La campagne annuelle de recensement de l’Insee débutera le 18 janvier pour durer jusqu’au 17 février, et même au 24 février pour les villes de plus de 10 000 habitants. Une édition 2018 marquée par une volonté de mettre en avant le recensement par Internet, mais aussi de collecter des données plus proches des réalités familiales d’aujourd’hui.
Celles et ceux qui ont reçu un courrier ou vu une affiche de l’Insee dans leur immeuble sont déjà au courant : le recensement de la population mené par l’Institut national de la statistique et des études économiques va débuter le jeudi 18 janvier, pour s’étendre jusqu’au 17 février pour les communes de moins de 10 000 habitants, et jusqu’au 24 février pour celles de plus de 10 0000 âmes.
L’événement n’a en soi rien d’exceptionnel : depuis 2004, le recensement en France est annuel. Ce qui ne veut pas dire que l’intégralité de la population y participe : un cinquième des communes de moins de 10 000 habitants est recensé de manière exhaustive chaque année, et un échantillon de 8 % des logements des villes de plus de 10 000 habitants est concerné annuellement.
Ainsi, pour cette année 2018, quinzième édition de cette méthode de recensement, 901 communes d’Auvergne-Rhône-Alpes seront recensées, sur les 4 117 que compte la région. Parmi elles, 101 communes iséroises : quatorze de plus de 10 000 habitants* et 87 de moins de 10 000. Pas moins de 430 agents recenseurs, rémunérés par les municipalités, vont ainsi suivre une population estimée à 189 300 habitants (pour 1 180 700 à l’échelle régionale).
350 textes s’appuient sur les chiffres de l’Insee
Cette méthode de calcul permet, sur cinq ans, d’avoir un regard complet sur la population de l’ensemble des “petites” communes de l’Hexagone, et une représentation de celle des “grandes” villes en se basant sur 40 % de ses logements occupés.
Une représentation, donc une extrapolation ? « On a l’habitude à l’Insee de travailler par sondages », rassure et rappelle Élisabeth Castaner, adjointe de la division recensement.
Les statisticiens de l’Insee ont d’autant plus intérêt à être sûrs d’eux que le recensement n’a rien d’anodin. Les chiffres de la population d’une commune déterminent en effet les dotations de l’État, la rémunération des maires, ou encore le nombre de pharmacies dans une ville.
Des exemples parmi d’autres : plus de 350 textes s’appuient sur les chiffres du recensement. « C’est grâce aux données collectées que l’on peut concevoir et réaliser les petits et les grands projets qui vous concernent », affirme ainsi Élisabeth Castaner.
Un questionnaire plus proche des réalités familiales d’aujourd’hui
Nouveauté de cette année 2018 ? Le questionnaire diffusé aux personnes recensées s’adapte aux réalités de la famille du XXIe siècle. Pour commencer, l’homme n’est plus considéré systématiquement comme la personne de référence du ménage. Ensuite, les items prennent en compte les familles recomposées avec les beaux-parents ou beaux-enfants, et se penchent notamment sur les questions de garde alternée ou les liens de parenté unissant les personnes composant un foyer.
Car le recensement a autant pour objectif de chiffrer la population que de livrer un “portrait” des habitants d’un territoire, en se penchant sur leur situation familiale (voir encadré), leur niveau d’études, leur activité professionnelle, ou encore le type de logement occupé et son confort (nombre de pièces, type de chauffage ou autre). Les données sont confidentielles, insiste l’Insee : l’Institut ne les partage pas avec d’autres organismes comme la Caf ou l’Urssaf.
Le recensement sur Internet en pleine expansion
Signe des temps ? Le recensement par Internet devient de plus en plus répandu. L’agent recenseur propose en effet à chaque personne visitée de remplir son questionnaire en ligne. Elle obtient alors un document contenant un code et un mot de passe lui permettant d’accéder à sa page dédiée sur le Net. En cas de refus, la personne se voit remettre un questionnaire papier que l’agent viendra reprendre, dûment rempli, quelques jours après.
Généralisée en 2015, la collecte par Internet progresse de façon remarquable. En Auvergne-Rhône-Alpes, 38 % des logements l’ont pratiquée dès la première année, puis 43 % en 2016 et 51 % en 2017. Soit un chiffre au-dessus de la moyenne nationale, située à 46 %.
Les taux de réponse par Internet ne diffèrent guère selon les tailles des villes et se situent aux alentours de 50 %. Et contrairement aux idées reçues, les personnes âgées ou peu diplômées y ont également recours, pour près d’un tiers d’entre elles.
Quel avantage présente le recensement par Internet ? Outre le confort de la démarche pour l’usager, il est plus simple à gérer pour les communes car il évite des déplacements et manipulations et permet un suivi en temps réel. Il rend aussi le recensement moins coûteux… et plus écologique. L’Insee estime ainsi avoir économisé 31 tonnes de papier en 2017.
Florent Mathieu
* Bourgoin-Jallieu, Échirolles, Fontaine, Grenoble, L’Isle-d’Abeau, Le Pont-de-Claix, Meylan, Saint-Égrève, Saint-Martin-d’Hères, Sassenage, Seyssinet-Pariset, Vienne, Villefontaine et Voiron.
LES GRENOBLOIS SE MARIENT MOINS QUE LES CITADINS DES AUTRES GRANDES VILLES
À l’occasion de la présentation de la campagne de recensement 2018, la chef de la Division étude de l’Insee Stéphanie Depil a opéré un “zoom” sur le statut conjugal en Auvergne-Rhône-Alpes. Où l’on découvre, sans surprise, que le mariage demeure le mode d’union majoritaire, même si le Pacs (Pacte civil de solidarité) séduit les plus jeunes.
L’âge, le niveau de diplôme et le statut social pèsent sur les situations conjugales. Quand l’immense majorité des moins de 24 ans sont en union libre, la quasi-totalité des personnes de plus de 65 ans ont convolé en justes noces. Entre les deux, le Pacs occupe une place non négligeable sur les tranches d’âge de 25 à 29 ans, et de 30 et 34 ans. Ce sont cependant les titulaires du baccalauréat ou d’un diplôme supérieur qui y ont le plus souvent recours.
Parmi les départements de la région où le mariage est le plus fréquent, la Loire figure en première place, notamment du fait d’une population immigrée plus importante et plus encline au mariage, fait valoir Stéphanie Depil. Plus de 75 % des couples ligériens sont ainsi mariés, tandis que l’Isère affiche un chiffre proche des 73 % de la moyenne nationale.
Autre enseignement : à Grenoble, le taux de couples mariés, de 61 %, est inférieur à la moyenne des grandes villes françaises. « Cela s’explique notamment par une forte proportion d’unions libres, chez quasiment 30 % des couples, et également une proportion élevée de personnes pacsées avec 9,5 % des couples », détaille Stéphanie Depil. Des chiffres qui mettent en relief la proportion de jeunes étudiants et de personnes diplômées au sein de la population grenobloise.