« On le sait, c’est mathématique, plus un terrain va se vendre cher, plus le nombre de logements construits sera élevé », a déclaré Vincent Fristot, adjoint à l’urbanisme de la Ville de Grenoble dans les colonnes du Dauphiné libéré du 4 janvier dernier. Une évidence qui n’en est pas une, dénonce l’association Vivre à Grenoble dans un communiqué. C’est tout l’inverse, rétorque-t-elle : « Plus on peut construire de logements sur un terrain, plus il vaudra cher. »
La Ville de Grenoble a préempté le terrain de l’École supérieure du professorat et de l’éducation (Espé) pour 5,2 millions d’euros. Elle veut en effet en garder la totale maîtrise car ce terrain est situé sur la Zone d’aménagement concertée (Zac) Flaubert, un quartier à enjeux qui doit devenir exemplaire en matière de transition écologique.
La Ville souhaite ainsi que la société publique locale d’aménagement (SPLA) Sagès, concessionnaire de la Zac et aménageur pour son compte, puisse désigner les futurs promoteurs et bailleurs de ce tènement de 3,2 ha.
Or le Conseil départemental, propriétaire du terrain, souhaite vendre son bien au promoteur Safilaf qui propose une offre d’achat de… 9,4 millions.
Interviewé par le Dauphiné libéré le 4 janvier dernier, Vincent Fristot, adjoint à l’urbanisme de la Ville de Grenoble, a fait mine de redouter que cette offre alléchante, quasiment deux fois plus élevée que celle de la Ville, conduise le promoteur à construire beaucoup de logements… L’adjoint a ainsi déclaré au quotidien régional : « On le sait, c’est mathématique, plus un terrain va se vendre cher, plus le nombre de logements construits sera élevé. »
« C’est le Plan local d’urbanisme qui fixe le nombre de mètres carrés »
L’assertion de Vincent Fristot a fait bondir l’association Vivre à Grenoble, qui milite contre la densité dans la ville. Ce raisonnement est « foncièrement faux », affirme-t-elle dans un communiqué
« Ce raisonnement qui, sous couvert d’évidence “mathématique”, confond la cause avec la conséquence, est totalement erroné », explique-t-elle.
Les militants énoncent ainsi : « En effet, pour un “grand projet” (3,2 ha) comme celui-ci, le prix du terrain est toujours calculé à partir de la surface constructible et non de la surface du terrain… »
Et quel est le document qui prévaut en la matière ? Réponse : « C’est le Plan local d’urbanisme (PLU), qui fixe le nombre de mètres carrés constructibles sur une parcelle et, par voie de conséquence, le nombre de logements. » Le PLU établit en effet les gabarits, hauteurs, espaces verts, nombre de places de parkings obligatoires dans un projet immobilier… L’association militante n’y va pas avec le dos de la cuillère et accuse Vincent Fristot, adjoint à l’urbanisme de « mentir délibérément, considérant que le citoyen ignore tout sur l’urbanisme ».
Vivre à Grenoble demande à la Ville de revoir son PLU
Comment le projet de Safilaf pourrait-il être trop dense puisqu’il doit respecter le Plan local d’urbanisme ? À moins que la Ville considère que son PLU n’est pas suffisamment exigeant ? La nouvelle majorité l’a pourtant révisé, en début de mandat, afin d’obliger les promoteurs et les bailleurs, tout au moins, à construire moins haut à Grenoble…
Mais sans doute pas forcément moins dense ? « […] il ne tient donc qu’à elle [la Ville, ndlr] de changer les règles [du PLU, ndlr] si elle veut vraiment, comme elle le prétend, « davantage de qualité de vie » par une « constructibilité maîtrisée », c’est-à-dire par la réduction du nombre de logements constructibles sur un terrain donné », pourfend Vivre à Grenoble.
Nouveau jugement attendu en février
S’agissant du devenir du terrain de l’Espé, rien n’est encore joué. La demande de préemption de la Ville de Grenoble a été une première fois rejetée, mais la Ville a fait appel. Le jugement doit être rendu en février.
SC