EN BREF – La déprogrammation sur l’antenne du 12/13 France 3 Rhône Alpes d’une série de reportages consacrés à Laurent Wauquiez fait polémique. La direction plaide un travail journalistique insuffisamment équilibré, quand les syndicats dénoncent une pression politique. La chaîne aurait finalement renoncé à déprogrammer… sans reprogrammer pour autant.
Le Monde, Libération, Le Figaro, Mediapart, Arrêt sur images, Les Inrockuptibles et même Closer… Le moins que l’on puisse dire, c’est que la déprogrammation par France 3 Auvergne-Rhône-Alpes d’une série de reportages consacrés à Laurent Wauquiez n’est pas passée inaperçue. Et a déclenché, comme l’indiquent plusieurs médias, une véritable crise de confiance entre les journalistes de la chaîne et sa direction.
Programmés dans le cadre du 12/13 Rhône-Alpes, diffusé sur Lyon, Grenoble et Saint-Étienne, les cinq reportages se fixaient pour ambition de cerner « la personnalité et les ambitions » du président de la région Auvergne-Rhône-Alpes, récemment élu à la tête du parti Les Républicains. Mais après la diffusion du reportage consacré aux finances de la Région le mardi 9 janvier, tout s’arrête.
Des pressions de la part de la Région ?
Pour quel motif ? « On n’était pas dans les clous sur le plan du traitement politique et par rapport à notre tonalité de service public », estime le directeur régional de la chaîne André Faucon, cité par Le Figaro. En somme : les reportages auraient été trop à charge contre le président de la Région. « La question de l’équilibre ne s’est jamais posée dans l’autre sens », répond un membre de la rédaction…
Il est donc loin le temps où un présentateur de France 3 Rhône-Alpes s’autorisait à critiquer vertement l’attitude de Laurent Wauquiez vis-à-vis des médias. Au contraire, la chaîne a annoncé la diffusion d’un droit de réponse samedi de la Région, d’une durée équivalente à celle du reportage incriminé. Et les suspicions de pression directe du Conseil régional se font particulièrement audibles, malgré les démentis de la collectivité comme de France 3.
Le post Facebook troublant de Stéphane Gemmani
Difficile, dans ce contexte, de ne pas être interloqué par le post Facebook en date du jeudi 11 janvier du conseiller régional d’opposition Stéphane Gemmani. Sous forme de dialogue, l’élu proche de la République en marche décrit comment un journaliste lui explique que son interview ne sera pas diffusée : « Pour être franc, la rédaction en a marre d’être rappelée à l’ordre après vos prises de position »…
Stéphane Gemmani, dans les commentaires de son message, refuse de donner le nom du journaliste en question, ou l’identité du média concerné. Pour autant, le post fait écho aux inquiétudes des journalistes et de leurs représentants. Telle Myriam Figureau, du Syndicat national des journalistes (SNJ), qui décrit et dénonce « un choix éditorial fait à la demande d’un responsable politique ».
Une reprogrammation annoncée… mais rien dans les faits
Retournement de situation ? Face au tollé provoqué par l’annulation des reportages, la direction de France 3 a finalement annoncé… leur reprogrammation. On n’en trouvait pourtant encore aucune trace dans l’édition du 12/13 Rhône-Alpes du jeudi 11 janvier. Au profit d’un reportage de trois minutes consacré au crucifix en pendentif de Johnny Hallyday…
On notera encore qu’un autre média de service public comme France Info ne fait aucune mention de cette “affaire” des déprogrammations sur l’antenne de leurs collègues et confrères. Mais n’oublie cependant pas d’afficher sur la page d’accueil de son site une enquête de France 2 baptisée « Comment Laurent Wauquiez, président de la région Auvergne-Rhône-Alpes, arrose de subventions son fief du Puy-en-Velay ».